La conjonctivite allergique est une affection de l’oeil d’origine allergique qui touche la conjonctive. Celle-ci est une très fine membrane muqueuse transparente qui se trouve à l’intérieur des paupières et à la surface du globe oculaire, créant une espèce de barrière de protection pour l’oeil. La cornée n’est pas recouverte par la conjonctive. Quand elle est saine, la conjonctive est de couleur rosée sous les paupières et transparente sur le globe oculaire.
La conjonctivite allergique est une inflammation de la conjonctive qui se déclenche quand les yeux entrent en contact avec certains allergènes, c’est-à-dire des substances que le système immunitaire considère comme des ennemis.
La conjonctivite allergique peut être saisonnière ou perannuelle.
En cas de conjonctivite allergique saisonnière, les symptômes de l’allergie apparaissent seulement dans certains moments limités de l’année, en fonction de la présence de l’allergène dans l’environnement. C’est le cas des allergies aux pollens de certaines plantes, qui apparaissent pendant et après leur floraison. La conjonctivite allergique saisonnière se manifeste généralement de mars à juin, selon les régions.
La conjonctivite perannuelle, au contraire, tend à être permanente. Elle peut être provoquée par des allergènes qui sont présents en permanence dans l’environnement (chat, acariens, poussière, moisissures…). Si les symptômes de ce type de conjonctivite sont toujours présents, il peut y avoir des moments où ils sont plus intenses, en présence d’une grande concentration d’allergènes dans l’environnement.
Auteur : Marla De Morais.
Consultant expert : Dr Sophie Silcret Grieu, médecin spécialiste en allergologie.
Conjonctivite allergique : les causes
Certaines personnes ont un terrain allergique qui les prédispose à développer des allergies : lorsque l’on a un parent allergique, le risque de l’être soi-même est de 40% ; quand les deux parents sont allergiques, le risque est de 50%. Mais il existe 1 chance sur 3 d’être touché même en n’ayant aucun parent allergique ! Une conjonctivite allergique peut survenir sans avoir un terrain allergique connu jusque-là.
La conjonctivite allergique est une affection très répandue, surtout au printemps et en été qui correspondent à des saisons de fleuraison propices à la propagation de certains allergènes avec l’envol des pollens d’arbres, de graminées, d’herbacées.
Mais il existe d’autres causes, d’autres types de facteurs environnementaux tout aussi redoutables et pouvant occasionner toute l’année une conjonctivite allergique plus ou moins faciles à éviter, comme les acariens, et les poils d’animaux.
Autres causes : les produits cosmétiques peuvent eux aussi provoquer des allergies de contact responsables d’un eczéma des paupières.
Attention : il ne faut pas confondre avec une sécheresse oculaire ! La conjonctivite allergique ne doit pas être confondue avec le “syndrome sec”, c’est-à-dire une sécheresse oculaire qui se traduit par une mauvaise qualité des larmes (l’oeil n’est pas bien hydraté). La sécheresse oculaire est plus courante chez l’adulte, notamment chez les femmes. Certaines personnes souffrent à la fois d’une sècheresse oculaire et d’une allergie. Elle peut être accentuée lorsque l’on travaille sur ordinateur : le fait de fixer et de cligner moins des yeux va entraîner une mauvaise hydratation de l’oeil.
Conjonctivite allergique : les symptômes
En cas de conjonctivite allergique, les symptômes sont souvent les mêmes : les yeux sont rouges, pleurent, ils démangent, l’intérieur de la paupière est très enflammé, parfois gonflé. Généralement, les deux yeux sont concernés par ces symptômes.
> En cas d’allergie sévère, la membrane de l’oeil (conjonctive) peut être affectée par un véritable oedème oculaire.
> La conjonctivite allergique peut accompagner des allergies respiratoires, les voies respiratoires (nez et bronches) sont alors également enflammées, provoquant des symptômes de rhinite ( nez bouché, qui coule, éternuements), une gêne dans la gorge, de la toux, parfois de l’ asthme.
Ces symptômes surviennent dans des circonstances particulières : en raison du contact avec un agent allergène.
> Le médecin posera de très nombreuses questions au patient pour identifier l’élément déclenchant ces symptômes. Il pourra également demander des examens spécifiques : tests cutanés allergologiques, parfois une prise de sang.
Un médecin généraliste est tout à fait compétent pour prendre en charge une conjonctivite allergique. Pour les cas complexes : un ophtalmologiste, et pour identifier la cause de l’allergie : un médecin allergologue.
Une rhinite et une conjonctivite allergique sont souvent associées à la conjonctivite. En général, les allergies respiratoires et les allergies oculaires vont de pair, présentant des symptômes comme un écoulement nasal, des éternuements, des yeux qui pleurent… Les muqueuses ORL et des yeux hyper-réagissent aux allergènes.
Cas particulier : l’allergie de contact par voie cutanée (par l’application d’un produit cosmétique sur les paupières) ne va pas s’accompagner de rhinite, elle va engendrer des signes au niveau de la peau sur les paupières. Il survient un eczéma de contact provoqué par l’application du produit allergène. Parfois ce contact se fait de façon indirecte (le vernis à ongle est souvent en cause).
Conjonctivite allergique : les traitements
En fonction des symptômes, de leur importance, de leur répétition… différents traitements peuvent être proposés.
Dans le cas d’une allergie de contact ou d’une allergie respiratoire, on conseille d’éviter autant que possible les allergènes en cause (acariens, pollen, poussière, poils d’animaux), en aérant les pièces, en évitant les oreillers en plumes, les couvertures en laine et les moquettes (dans la mesure de ses moyens).
Mais généralement, des traitements sont prescrits. Les plus souvent utilisés sont :
- un collyre antiallergique, parfois un collyre cortisoné pendant quelques jours,
- un médicament antihistaminique (comprimé ou sirop),
Si la conjonctivite allergique est associée à une allergie respiratoire, la désensibilisation peut être efficace. Dans ce cas, le traitement est prescrit par un médecin allergologue.
Pour une désensibilisation, il faut commencer par identifier la cause exacte. Une désensibilisation est très efficace contre les pollens, les graminées, les poils d’animaux…
Elle ne concerne que les allergies respiratoires (asthme, rhinite, conjonctivite allergique) et non celles d’ordre alimentaire, ni les allergies de contact.
La désensibilisation se fait généralement par un traitement que l’on prend par la voie sublinguale (gouttes, parfois comprimés, sous la langue tous les jours), pendant une durée de 3 à 5 ans, avec des premiers résultats visibles après 3 mois environ.
Il est possible de détecter les allergies à n’importe quel âge (par des tests cutanés et par une prise de sang), la désensibilisation peut être proposée à partir de 5 ans.
Conjonctivite allergique : nos conseils
> Attention : évitez toute automédication. Consultez un médecin qui sera à même de discerner si vous souffrez d’une conjonctivite allergique ou d’une sécheresse oculaire, et même de diagnostiquer une éventuelle infection oculaire.
> Certains traitements oculaires peuvent eux aussi entraîner une conjonctivite allergique, c’est pourquoi dans tous les cas, il faut consulter un médecin pour identifier la cause des symptômes oculaires dont vous souffrez.
> Si vous portez des lentilles, en cas de conjonctivite allergique, il est préférable de les retirer le temps que dure les symptômes.
Sources et notes
– Revue française d’allergologie et d’immunologie clinique 44 (2004) 336–341.
– Fischer MC, Conjunctivitis in children. Pediatr. Ophthalmol. 1987;34:1447-1455.
– Liotet S, Rouchy JP, Etude bactériologique de 2000 conjonctivites. Arch. Ophtalmol. Paris. 1971;31:887-894.