Chaque année, en France, au moins 10 000 personnes meurent des conséquences d’une cirrhose du foie. Il s’agit d’une maladie d’évolution lente qui fait généralement sufalcite à une autre pathologie hépatique.
La cirrhose du foie est la maladie alcoolique qui reste la principale cause de cirrhose, devant les hépatites virales chroniques.
Le terme cirrhose du foie a été inventé par Laennec. Cirrhose, en grec, signifie jaunâtre. La cirrhose est une maladie chronique du foie qui fait généralement suite à une autre affection hépatique et qui peut, à son tour, se compliquer, notamment en cancer du foie.
Un foie sain a pour fonction de récupérer les nutriments absorbés par les intestins pour les transformer en énergie dont se serviront toutes les cellules de l’organisme. Il a également pour fonction, la fabrication de la bile qui est nécessaire à la digestion des graisses.
La cirrhose du foie correspond à une atteinte des cellules du foie et du tissu hépatique, entraînant une fibrose et par conséquent, une insuffisance hépatique.
Des nodules de régénération peuvent également se former à l’intérieur du foie. Ces nodules apparaissent lorsque les cellules hépatiques tentent de continuer à fonctionner mais n’y parviennent pas correctement. Leur régénération est anarchique, sans connections avec les vaisseaux.
La circulation du sang se trouve désorganisée. Notamment, toute la micro-vascularisation. Dans un foie normal, le sang est amené par la veine porte jusqu’aux cellules hépatiques avant de repartir dans la veine cave inférieure.
En cas de cirrhose du foie, cette circulation sanguine est gênée par la fibrose, ce qui crée une hypertension portale, et ce qui provoque la survenue de varices, et plus particulièrement de varices oesophagiennes (sur l’oesophage), typiques de la cirrhose.
Cirrhose du foie : les causes
La cirrhose du foie correspond à la dégénérescence des tissus du foie. Les hépatocytes, les cellules du foie sont progressivement détruites et remplacées par de la fibrose. Le foie devient dur, gros et surtout il ne peut plus assumer correctement son rôle. Cette altération du foie peut avoir différentes causes :
La première cause de la cirrhose du foie est l’alcool. La consommation régulière d’alcool pendant dix ou quinze ans, est la première cause de cette affection en France.
C’est le rapport entre la quantité d’alcool absorbé et la durée de l’intoxication à l’alcool qui détermine la survenue de la maladie. Mais le seuil de tolérance n’est pas le même pour tout le monde. Chacun réagit différemment.
Autres causes importantes de la cirrhose du foie : les hépatites virales : notamment l’hépatite B et l’hépatite C dans leur forme chronique. La cirrhose du foie est alors une complication tardive des hépatites chroniques.
Il existe d’autres causes plus rares aux cirrhoses du foie :
> Les maladies métaboliques, comme l’hémochromatose (une surcharge en fer) ou la maladie de Wilson (une surcharge en cuivre) peuvent également provoquer des cirrhoses.
> Très rarement, la cirrhose peut être auto-immune : c’est l’organisme qui détruit le foie, en l’identifiant comme un corps étranger.
Cirrhose du foie : les symptômes
Les symptômes de la cirrhose du foie sont très nombreux. Ils vont de signes ” cachés ” comme :
… jusqu’à des symptômes plus visibles :
- Le volume du foie augmente. On parle d’hépatomégalie. A la palpation, le médecin peut la percevoir. Le foie est dur avec un bord « tranchant ».
- Le teint de la peau et des muqueuses peut devenir jaunâtre, avec un ictère (une jaunisse).
- Sur la peau, se dessinent des angiomes stellaires, des mini-varices en forme d’étoile.
- Un érythème palmaire : les paumes des mains et des pieds deviennent nettement plus rouges.
- Un hippocratisme digital : une déformation des doigts et des ongles, en forme de baguettes de tambour. Les ongles sont arrondis et recourbés sur l’extrémité du doigt.
- Des varices peuvent apparaître sur le ventre.
- L’ascite : à un stade avancé, le ventre se gorge de liquide. Le liquide intra-abdominal s’accumule, notamment dans la cavité péritonéale.
- Toute la morphologie du corps peut être modifiée. A un stade avancé, la personne cirrhotique est typiquement reconnaissable : un ventre en tonneau avec de petites jambes maigres.
Tous ces symptômes nécessitent d’effectuer des examens complémentaires. Ils sont demandés par un médecin généraliste ou un médecin gastro-entérologue (ou hépatologue).
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Cirrhose du foie : les examens
Les examens nécessaires pour diagnostiquer une cirrhose du foie, sont :
- une prise de sang,
- des examens d’imagerie médicale et
- un petit prélèvement du foie (biopsie).
La prise de sang
A la prise de sang, la numération formule sanguine va montrer :
- Une diminution des globules rouges (anémie).
- Les fonctions de coagulation sont perturbées, avec une chute des facteurs de coagulation, du taux de prothrombine, du facteur V .
- Une baisse de l’albumine : hypo-albuminémie.
Une recherche sérologique peut montrer la présence des virus de l’hépatite B et de l’hépatite C, en cas de cirrhose liée à une hépatite virale.
L’imagerie médicale et la biopsie
Lorsqu’il s’avère que le bilan hépatique est perturbé, le médecin va demander d’autres examens complémentaires.
- Une échographie abdominale analyse le volume du foie et les modifications de sa forme et de sa structure.
- Une endoscopie haute ou fibroscopie gastrique. Avec elle, le médecin cherche la présence de varices au niveau de l’oesophage. Ces varices, en se rompant, peuvent provoquer de graves hémorragies. Il faut traiter ces varices avant qu’elles ne se rompent.
- Une ponction-biopsie du foie est nécessaire pour un diagnostic certain. Un petit échantillon de foie prélevé et analysé, permet de mettre en évidence la fibrose et les nodules de régénération.
Le fibroscan
Le fibroscan est un examen qui permet une alternative à la biopsie. Le fibroscan est le nouveau moyen d’évaluer l’évolution de la maladie. Pus le foie est dur, plus il est fibrosé. Et plus il est fibrosé, plus la cirrhose est avancée. Jusqu’à présent, seule la biopsie permettait de faire un diagnostic fidèle, de mettre en évidence fibrose et nodules.
Le fibroscan permet à présent de vérifier l’élasticité du foie. Il utilise une nouvelle technologie. Son nom : l’élastométrie impulsionnelle. Il s’agit d’une sorte de petite vibration (ultra-sons) envoyée par l’appareil, qui va se propager depuis la surface de la peau jusqu’au foie. Plus l’onde de choc est rapide, plus le foie est dur. La mesure est immédiate, totalement indolore et non invasive. Cela prend cinq minutes.
Le fibroscan permet donc sans restriction de suivre l’évolution de la cirrhose et donc l’efficacité des traitements employées. Seule réserve : en cas d’ascite ou d’obésité, la mesure est perturbée, voire impossible.
Cirrhose du foie : les complications
Lorsque la cirrhose du foie a été diagnostiquée, une surveillance régulière est indispensable. Car, si la cirrhose est d’évolution relativement lente, ses complications peuvent s’avérer rapidement fatales.
Trois complications de la cirrhose du foie sont possibles, les plus importantes étant :
L’ascite
Il s’agit d’une accumulation de liquide dans l’abdomen, et plus précisément entre les deux feuillets du péritoine (l’enveloppe de la cavité abdominale), une zone, normalement vide.
Si l’ascite est généralement indolore, elle se caractérise par une augmentation importante du volume du ventre. Le liquide peut migrer jusque dans la plèvre (qui recouvre les poumons) et provoquer un épanchement pleural.
L’encéphalopathie hépatique
Il s’agit de manifestations neuropsychiatriques.
On estime que 20% de malades atteints de cirrhose du foie développent une encéphalopathie hépatique.
Cette encéphalopathie provoque des troubles de la conscience et du comportement, avec notamment une somnolence, une confusion, une désorientation et une incohérence, et aussi des tremblements. Dans les cas les plus graves, on peut sombrer dans le coma.
Le cancer du foie
Il peut ne provoquer aucun symptôme pendant plusieurs années, jusqu’à ce que les premiers signes apparaissent. Il est donc important de surveiller régulièrement l’évolution de la cirrhose, pour diagnostiquer suffisamment tôt, un éventuel cancer du foie et le traiter avant qu’il ne métastase.
> A savoir que chacune de ces complications de la cirrhose peut à son tour se compliquer…
Cirrhose du foie : les traitements
Il n’existe pas, à proprement parler, de traitement qui permette de guérir la cirrhose du foie, les lésions provoquées étant irréversibles. Il est en revanche possible de ralentir voire même de stopper l’évolution de la maladie.
Lorsque la cirrhose est diagnostiquée suffisamment tôt, les tissus hépatiques qui ne sont pas encore fibrosés, peuvent se régénérer. Les lésions peuvent alors se stabiliser.
Halte à l’alcool
La première chose à faire, évidemment, est d’arrêter totalement et immédiatement la prise d’alcool.
Traiter les éventuelles complications
Lorsque des complications sont apparues, il convient de traiter d’abord ces complications : par des médicaments diurétiques, par exemple, pour traiter l’ascite ; par des médicaments bêtabloquants pour limiter les risques hémorragiques, dans le cas de varices oesophagiennes ; ou des traitements antiviraux pour traiter les hépatites virales, etc…
La chirurgie
Lorsque les lésions sont trop importantes et que le foie ne fonctionne plus du tout, le traitement est chirurgical : la greffe de foie.
La transplantation hépatique : le foie est le seul organe de notre corps à pouvoir se régénérer. Il est donc possible de pratiquer une transplantation hépatique, à partir d’un greffon prélevé chez un donneur vivant et compatible. Cela dit, dans la plupart des cas, la transplantation se fait à partir du foie d’un donneur en état de mort cérébrale.
Deux interventions sont alors programmées quasi-simultanément :
- le prélèvement chez le donneur et
- l’ablation du foie malade chez le receveur.
Alors, pourra être effectuée l’implantation du greffon.
Cirrhose du foie : la prévention
La prévention de la cirrhose est évidemment la prévention des causes. C’est-à-dire principalement l’arrêt de la consommation d’alcool, impératif en cas de diagnostic d’une cirrhose du foie.
On considère que la consommation quotidienne de deux à trois verres d’alcool chez les femmes, et de trois ou quatre verres chez les hommes, pendant une dizaine d’années, suffit à provoquer une cirrhose.
La prévention passe aussi par l’usage de médicaments antiviraux en cas d’hépatite C ou d’hépabite B.
L’hépatite B non traitée conduit immanquablement à la cirrhose.
Une bonne prévention nécessite également d’appliquer toutes les mesures de prévention des hépatites : vaccination, mesures d’hygiène, protection lors des rapports sexuels, vigilance lors des tatouages ou des piercings…
Et pour finir, protéger son foie, dans les cas de cirrhose, c’est se protéger des produits chimiques toxiques, à commencer par les médicaments hépatotoxiques, comme la paracétamol… Cela est à voir avec son médecin généraliste.
Si on souffre d’une cirrhose hépatique, le médecin évitera de prescrire des médicaments toxiques pour le foie. Sachant que pour tout foie normal, la toxicité est transitoire et ne conduit donc pas à une cirrhose.
Cirrhose du foie : sources et notes
Auteur : Sylvie Charbonnier.
Consultant expert : professeur Olivier Spatzierer, gastro-entérologue à l’hôpital américain de Paris.
Sources :
– La prise en charge de votre cirrhose – Vivre avec une cirrhose. Guide affection longue durée. HAS, 2009.
– D. Botta-Fridlund, Cirrhose et complications, Cours DCEM 2, Module n° 12, Faculté de Médecine de Marseille, 2005