La cicatrice cheloïde

La cicatrice cheloïdePin

La cicatrice chéloïde correspond à un mode de cicatrisation anormal qui survient dans la plupart des cas après une plaie.

La formation de la cicatrice chéloïde est liée à une production excessive de collagène :

Le collagène est l’une des protéines de maintien du derme, la couche moyenne de la peau. La cicatrice cheloïde survient lorsque le collagène se désorganise complètement.

Il s’agit d’une sorte d’emballement du système de cicatrisation normal après un traumatisme qui n’est plus contrôlé par les systèmes de régulation.

La cicatrice cheloïde est souvent à l’origine d’une gêne esthétique majeure pour les patients, surtout lorsqu’elle touche les zones découvertes. En général elle n’entraine pas de symptomes particulier mais peut parfois être responsable de démangeaisons ou de douleurs.

On distingue :

  • les cicatrices hypertrophiques, qui sont liées à une mauvaise orientation de la cicatrice et qui ont tendance à évoluer favorablement, et
  • les cicatrices chéloïdes, plus volumineuses qui n’ont pas de tendance à diminuer spontanément.

Ces deux types de cicatrices surviennent préférentiellement entre 20 et 30 ans. Les cicatrices hypertrophiques apparaissent dans 40 à 70% des cas après chirurgie et jusqu’à 91% des cas après brûlures. Elles se forment 4 à 8 semaines après la plaie, peuvent grandir pendant 6 mois puis entrent dans une phase de régression qui peut durer plusieurs années. Elles récidivent peut après la prise en charge chirurgicale.

La cicatrice chéloïde est plus fréquente chez les patients à peau noire (6 à 16% des patients). Son traitement est complexe est la prise en charge chirurgicale n’est pas toujours privilégiée en raison des récidives fréquentes et imprévisibles.

Auteur : Dr. Anne Isvy-Joubert, dermatologue

Cicatrice cheloïde : les causes

La plupart du temps, la cicatrice chéloïde apparait après un traumatisme avec rupture de la barrière de la peau (plaie, brulure, chirurgie, piercing).

La cicatrice cheloide est une anomalie du processus de cicatrisation. Ce dernier s’emballe de manière anormale et produit un excès de tissu fibreux composé de collagène. Ceci explique l’aspect dur, fibreux, en corde au toucher qu’on ne peut pincer, difficile à masser, et témoigne de la solidité des fibres cicatricielles.

La cicatrice cheloïde peut apparaitre dans les semaines qui suivent la plaie (cicatrices hypertrophiques) ou plusieurs années après (chéloïdes).

L’origine de ce phénomène n’est pas clairement établie, il semble que plusieurs facteurs entrent en jeux (génétique, hormonaux, mécaniques…). En effet, la période pubertaire et la grossesse sont des facteurs favorisant mais les hommes sont aussi touchés que les femmes. Le pic de fréquence se situe entre 20 et 30 ans. Ces cicatrices sont plus fréquentes dans les populations hispaniques, asiatiques et noires.

La cicatrice chéloïde se développe plus fréquemment sur les zones de tensions comme la région thoracique antérieure, les épaules, la partie supérieure du bras et les joues mais aussi sur les lobes des oreilles lorsque ceux-ci sont soumis à une tension (boucles d’oreilles). Lorsqu’elle survient après chirurgie, elle peut être liée à une mauvaise orientation de la cicatrice.

Il existe également des chéloïdes appelées spontanées pour lesquelles on ne retrouve pas de plaie ayant précédé leur apparition. Elle peut survenir dans les suites d’une acné, d’une varicelle ou d’une inflammation de la base d’un poil. Dans certains cas plus rares, on ne retrouve aucun phénomène précurseur (chéloïdes du thorax).

Cicatrice cheloïde : les symptômes

La cicatrice chéloïde est plus volumineuse (plus large et plus haute) que la cicatrice classique. Elle s’étend au-delà des limites initiales de la plaie. Elle se distingue également par les symptômes suivants :

  • La taille
    Les cicatrices hypertrophiques sont limitées au site initial de la plaie alors que les chéloïdes s’étendent au-delà le long des lignes de tension.
  • La couleur
    La couleur de la cicatrice cheloïde est souvent différente de celle de la peau normale adjacente : plus rouge au début puis plus foncée, parfois orangée, jaune ou rose. On ne retrouve pas de poils à sa surface.
  • La consistance
    Au toucher, elles sont plus épaisses que la cicatrice initiale, en relief et très indurées. On ne retrouve plus la souplesse et l’élasticité de la peau normale avoisinante.
  • La localisation
    La cicatrice chéloïde touche plus volontiers la face antérieure du thorax, les épaules, le lobe de l’oreille et la partie supérieure du bras et des joues. Les paupières, les paumes et les plantes ainsi que les muqueuses et l’appareil génital sont en revanche rarement atteints.
  • Les autres symptômes
    La cicatrice cheloïde peut également se manifester par des démangeaisons et une douleur sur le site de la cicatrice.

Le diagnostic est clinique et ne nécessite pas d’examens de biologiques ou de radiologie.

La fréquence de la survenue d’une cicatrice cheloïde est très variable d’un patient à l’autre. Au premier plan, c’est la gêne esthétique qui dérange les patients, en particulier sur le visage, le lobe des oreilles et le décolleté. Le retentissement sur la qualité de vie peut être majeur tant sur le plan physique que psychologique.

C’est l’importance de la gêne et des symptômes de la cicatrice qui permettra après discussion avec le patient de sélectionner les possibilités de traitement.

Cicatrice cheloïde : les traitements

Le traitement de la cicatrice cheloïde dépend du type de cicatrices et de la demande du patient.

Les traitements utilisés sont les suivantes :

  • Compression : on utilise des mesures de compressions pour empêcher la cicatrice cheloïde de prendre trop d’ampleur (c’est la pressothérapie). II repose sur des vêtements compressifs sur mesure, pansements en plaque souvent de la famille des hydrocolloïdes à porter au minimun 12 heures sur 24, sillicone en gel ou en pansements.
  • Injection de cortisone : on injecte de la cortisone dans la cicatrice toutes les quatre semaines pendant 4 à 6 mois. Ces injections sont en général douloureuses et peuvent se compliquer d’effets secondaires (acné, vaisseaux sur la cicatrices, pigmentation plus claire). Il est possible pour augmenter l’efficaciter de faire des séances de laser vasculaire en association.
  • Injections de chimiothérapie : on injecte des molécules dans la cicatrice cheloïde. Ces injections doivent être réservées aux situations complexes qui ne répondent pas aux autres traitements avec une surveillance rapprochée.
  • La chirurgie : on enlève la cicatrice grâce à la chirurgie.
  • La toxine botulique : une nouvelle technique d’injection de toxine botulique juste après les interventions chirurgicales en prévention de l’apparition de cicatrice hypertrophique pourrait se révéler intéressante.

Et en cas de cicatrices hypertrophiques ?

Pour les cicatrices hypertrophiques, on essayera au premier plan les mesure de compression de la cicatrice ainsi que les massages pour casser les fibres de collagène et permettre à la cicatrice de retrouver une souplesse satisfaisante. Ces mesures sont à suivre pendant au moins 6 mois.

En cas d’échec, on peut réaliser des injections de cortisone toutes les 4 semaines pendant 6 mois et si l’efficacité n’est pas suffisante, on peut proposer le retrait de la cicatrice par chirurgie associée à une compression de la nouvelle cicatrice pour éviter les récidives (pansements, vêtements).

En cas de cicatrice très étendue et d’échec des mesures précédentes, on peut réaliser des injections de chimiothérapie dans la cicatrice.

Pour la cicatrice chéloïde, on applique les mêmes traitements : pansements plaques, injections de corticoïdes, et en cas d’échec, on envisage une chirurgie éventuellement associée à une radiothérapie.

Au cas par cas, il s’agit de traitements complexes à discuter avec le patients et qui ne sont pas toujours pris en charge par la sécurité sociale.

Cicatrice cheloïde : sources et notes

Auteur : Dr. Anne Isvy-Joubert, dermatologue

Sources :

Bennaceur S. Chéloïdes, http://www.therapeutique-dermatologique.org

Cogrel O. Prise en charge actuelle des cicatrices hypertrophiques et chéloïdiennes. Réalités thérapeuiques en dermato-venerologie. 2015 ; 245 cahier2 : 18-25

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