La bronchiolite du nourrisson : ce qu’il faut savoir

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Chaque hiver, la bronchiolite touche quasiment un bébé sur trois. C’est-à-dire plus de 400 000 enfants, nécessitant 20 000 hospitalisations… des chiffres en constante augmentation depuis 10 ans.

Cela commence souvent comme un banal rhume chez bébé… puis les choses se compliquent. L’infection virale se propage vers les bronches et les poumons de bébé et provoque une gêne respiratoire.

La bronchiolite du nourrisson est une forme de bronchite des tous petits, une affection qui atteint les toutes petites bronches terminales (les brindilles de l’arbre bronchique), celles qui sont près du tissu pulmonaire. Elle est due à des virus respiratoires syncitiaux qui donnent dans un premier temps un gros rhume.

La bronchiolite est une maladie contagieuse. Souvent c’est l’entourage enrhumé qui infecte son bébé. Cette maladie du nourrisson sévit aussi par épidémies dans les crèches.

Dans la plupart des cas, il s’agit d’une maladie bénigne. Impressionnante, mais bénigne. Cependant, la bronchiolite peut avoir des conséquences plus importantes chez les tous petits bébés, les prématurés ou les enfants souffrant d’une pathologie néo-natale. Dans ces cas-là, il faut consulter rapidement.

Auteur : Sylvie Charbonnier.
Consultant expert : Docteur Georges Picherot, chef du service de pédiatrie au CHU de Nantes.

Bronchiolite du nourrisson : les causes

La cause de la bronchiolite est une infection virale des bronchioles, c’est-à-dire des petites bronches terminales qui amènent l’air aux poumons. Elle touche les nourrissons ou les très jeunes enfants.

Ces petites bronches sont facilement obstruées par les sécrétions, ce qui provoque des encombrements respiratoires impressionnants pour les parents. Le virus le plus souvent en cause est le VRS, le virus respiratoire syncytial. Ce virus est extrêmement contagieux. Il frappe 30 % des enfants de 0 à 2 ans, à raison de trois garçons pour deux filles.

La transmission se fait par voie aérienne, par les gouttelettes expulsées par la toux et par les éternuements, mais aussi par l’intermédiaire des mains, des baisers et des objets (très résistant, le virus ne survit que 30 minutes sur la peau, mais plusieurs heures sur les objets).

La propagation de la bronchiolite est en partie favorisée par la vie en collectivité (crèches, transports en commun…), et la mauvaise aération des lieux.

En général, le bébé guérit sans séquelles. Même si la maladie est bénigne dans la plupart des cas, elle est souvent très impressionnante et devient la hantise des parents. Des bronchiolites à répétition peuvent être une forme d’entrée dans la maladie asthmatique.

Bronchiolite du nourrisson : les symptômes

Les symptômes de la bronchiolite peuvent être impressionnants. La bronchiolite commence généralement par un rhume qui se transforme en bronchite. L’inflammation des bronchioles et les sécrétions qui s’y forment empêchent alors l’écoulement normal de l’air. 

D’autres symptômes de la bronchiolite : la respiration du bébé est bruyante, sifflante, sa toux est sèche, et son thorax semble bloqué, distendu. Aussi, les nourrissons atteints de bronchiolite peuvent avoir du mal s’alimenter. Prendre un biberon avec une telle gêne respiratoire est alors un véritable effort pour les plus petits. La toux peut provoquer des vomissements qui les épuisent encore plus.

Il vaut mieux montrer un bébé enrhumé et qui tousse à un médecin : à l’auscultation de ses poumons, il pourra faire le diagnostic d’une éventuelle bronchiolite.

Si le nourrisson a moins de 3 mois, l’enfant doit être surveillé en milieu hospitalier car il y a un risque d’apnée, c’est-à-dire d’arrêt respiratoire. Le bébé sera surveillé de près pendant une éventuelle hospitalisation, il n’aura pas de traitement particulier contre le virus puisqu’il n’y en a pas.

La bronchiolite, en soi, n’est pas grave, mais elle peut entraîner certaines complications. En effet, il est probable que les petits enfants ayant développé une bronchiolite, soient plus sensibles par la suite aux infections, y compris aux infections gastriques. Il n’est pas rare d’ailleurs qu’une gastro-entérite vienne s’ajouter à la bronchiolite : les deux épidémies surviennent généralement aux mêmes périodes de l’année.

Bronchiolite du nourrisson : traitements et prévention

La respiration de l’enfant est gênée par la maladie. Il faut donc l’aider à se désencombrer. Le traitement de la bronchiolite commence par prendre des mesures pour aider l’enfant à mieux respirer.

  • Désencombrez le nez avec du sérum physiologique avant chaque repas.

Pour cela, tournez la tête de votre bébé sur le côté, et faites couler le sérum physiologique dans la narine du haut, jusqu’à ce qu’il s’écoule. Le nettoyage du nez est le premier bon geste à effectuer. N’hésitez pas à demander à votre médecin comment faire. Vous pouvez avoir recours à l’aspiration nasale, mais le geste est plus difficile à effectuer.

  • La kinésithérapie respiratoire

Lorsque le médecin juge l’encombrement de l’enfant trop important, il peut prescrire une kinésithérapie respiratoire douce. Cela peut aider le bébé à expectorer. Mais la kiné est difficile chez les enfants de moins de trois mois. Il doit donc toujours s’agir d’une kiné douce.
Mais aujourd’hui, elle n’est plus prescrite de manière systématique dans la bronchiolite. Et certaines études ont même remis en cause son efficacité…

Les séances sont impressionnantes : le kinésithérapeute met le petit bébé sur ses cuisses en position déclive pour faciliter l’expulsion des sécrétions, la tête vers ses genoux, sur le dos ou sur le ventre et il tapote fermement son thorax avec le creux de la paume de la main. Il ne lui fait pas mal mais le bébé tousse beaucoup, crache, pleure.

La prévention

Le meilleur traitement contre la bronchiolite, c’est la prévention. En effet, il s’agit d’un virus, et pour le moment il n’existe pas de vaccin. Il n’y a donc pas de traitement à proprement parler, les antibiotiques n’étant pas efficaces sur les virus. En revanche, on connaît bien les modes de transmission de la maladie. Il est donc possible de la prévenir.

Plusieurs mesures de précaution et de prévention sont à respecter :

  • Lorsque l’un des parents est enrhumé, portez un masque, et ne vous approchez pas trop de bébé.
  • Evitez les baisers dans cette période de rhume.
  • Lavez-vous régulièrement les mains.
  • Evitez de goûter la purée ou la bouillie ou le biberon avant bébé.
  • Ne fumez pas près de l’enfant.
  • Ne surchauffez pas la chambre du bébé : 19 ou 20° C sont suffisants.
  • Evitez les moquettes, les tissus trop lourds (qu’adorent les acariens) et évitez les matelas tapissiers, la laine, le crin ou la plume.
  • Prévenez la crèche ou la garderie, lorsque votre enfant souffre d’une bronchiolite.

Dans tous les cas, éloignez l’enfant de toutes les personnes enrhumées, enfants ou adultes (dans la mesure du possible…).

Bronchiolite du nourrisson : les solutions quand bébé est enrhumé

Quand un bébé est enrhumé, il faut penser à le moucher régulièrement surtout avant de donner un biberon afin qu’il puisse respirer pendant qu’il boit.

On peut le moucher soit avec un mouche bébé, soit avec des mouchoirs ou des cotons secs entortillés, enfoncés délicatement dans le nez et retirés tout doucement.

Veillez également à ne pas trop vêtir bébé, que sa chambre ne soit pas trop chaude et que l’atmosphère ne soit pas trop sèche.
Et surtout, ne fumez pas dans les pièces où vivent les enfants ! Le tabac est à proscrire dans les lieux où habitent les bébés, la fumée entraînant une irritation bronchite chez tout le monde et en particulier les enfants et les nourrissons.

Une personne très enrhumée, même la maman ou les frères et soeurs, doit éviter d’approcher de trop près un bébé. La maman ou la personne enrhumée qui doit apporter des soins au bébé peut porter un masque (vendu en pharmacie).

Si un bébé est enrhumé, débouchez son nez, surveillez le bien : s’il est gêné pour respirer, s’il boit mal son biberon et surtout s’il a moins de 3 mois, montrez le à un médecin. S’il a une bronchiolite, il faudra l’hospitaliser quelques jours pour le surveiller.

Bronchiolite du nourrisson : bien surveiller bébé

En plus de certaines mesures de prévention, bien surveiller son enfant durant la maladie reste une des meilleures solutions thérapeutiques.

Il est recommandé aux parents de rester auprès de lui, le plus possible, de se relayer pendant la nuit en particulier (la maladie est épuisante pour l’enfant, mais aussi pour les parents !).

Voici quelques conseils pour bien surveiller son enfant malade :

  • Surveillez sa respiration. Vérifiez que la respiration n’est pas trop rapide. Si c’est le cas, mieux vaut prendre rapidement l’avis d’un médecin.
  • Si l’enfant est trop encombré, appelez le médecin traitant.
  • Surveillez les éventuelles pauses respiratoires : c’est-à-dire lorsque l’enfant s’arrête de respirer.
  • Surveillez aussi la fièvre. Dans le cas d’une bronchiolite, la fièvre est modérée : 38° C environ. Si la fièvre monte, appelez le médecin.
  • Couchez l’enfant sur le dos, le matelas incliné (la tête surélevée).
  • Fractionnez les repas. Prendre un biberon, ou le sein, avec une bronchiolite est épuisant pour l’enfant.
  • Consultez d’abord le médecin de famille, avant de courirr aux urgences (sauf en cas de gros problème respiratoire, de forte déshydratation…). Dans la panique, de nombreux parents conduisent leur enfant directement aux urgences, ce qui a pour effet, chaque année, d’encombrer ces unités.

Quand aller à l’hôpital ?

Dans la plupart des cas, la maladie cède au bout de huit à dix jours. Cependant, une toux résiduelle peut persister pendant quelques semaines. Aussi, certaines complications nécessitent un traitement particulier, comme les surinfections bactériennes. Elles sont fréquentes et justifient la prescription d’antibiotiques par le médecin.

On les suspecte quand :

  • La fièvre est supérieure à 38,5° C.
  • Une otite est associée.
  • Les sécrétions bronchiques sont purulentes (jaunes).

Attention aux détresses respiratoires. Elles nécessitent l’hospitalisation de l’enfant. L’enfant n’est plus suffisamment oxygéné et son état général est altéré. Il a du mal à s’alimenter ou ne s’alimente plus du tout.

Attention aussi à la déshydratation. La fièvre de bébé, la mauvaise prise des biberons, les éventuels vomissements peuvent entraîner une déshydratation et une dénutrition.

L’hospitalisation doit être réservée aux enfants les plus fragiles : c’est-à-dire les bébés de moins de six semaines, les prématurés ou les bébés ayant des pathologies néo-natales. Cependant, vous pouvez être amené à le conduire aux urgences, lorsque vous constatez une mauvaise tolérance à la maladie : pauses respiratoires, vomissements, diarrhées ou fièvre.

A l’hôpital, votre enfant sera pris en charge et surveillé par les équipes soignantes.

  • S’il manque d’oxygène, il pourra être placé dans un espace oxygéné, ou porter sur le nez des « lunettes à oxygène ».
  • On l’aidera également à s’alimenter.
  • Il pourra bénéficier de kinésithérapie respiratoire, en cas de besoin.

L’hospitalisation dure entre 3 et 10 jours, en fonction de la récupération du bébé et de son état général. La maladie est épuisante et certains tous petits bébés sont plus lents à récupérer.

Bronchiolite du nourrisson : les conseils du médecin spécialiste

Interview du Dr Georges Picherot, chef du service de pédiatrie du CHU de Nantes.

Quels conseils donneriez-vous aux parents ?

Pas de panique, mais surveillance. Pas de panique car la bronchiolite, dans la plupart des cas, est bénigne, mais il est très important de bien surveiller son enfant. Cela signifie : se lever plusieurs fois par nuit, vérifier sa respiration, sa température et son état général. Il n’existe pas vraiment de traitement efficace et cela angoisse beaucoup les parents qui ont tendance à se précipiter aux urgences. Le médecin traitant sera de bon conseil pour une bonne surveillance. Chaque année, les unités d’urgence et les services de pédiatrie sont engorgés par l’afflux d’enfants et de parents inquiets. Résultat : le personnel est surchargé, et l’accueil n’est pas forcément celui qu’espèrent les parents. Une bonne surveillance à la maison est souvent suffisante, après avis du pédiatre, ou du médecin traitant. Sauf bien sûr, lorsqu’il s’agit d’un enfant prématuré, d’un enfant ayant une pathologie particulière, ou lorsque le médecin traitant juge l’hospitalisation nécessaire.

Les parents sont très impressionnés par la bronchiolite et redoutent la mort subite de leur enfant. Y a-t-il un lien ?

Non, ce lien n’est pas direct. Et la meilleure prévention de la mort subite du nourrisson, dont on ne connaît toujours pas bien les causes, est une bonne position dans le lit. L’enfant doit toujours être couché sur le dos. Lorsque l’encombrement est trop important, on pourra incliner le matelas pour que la tête soit un peu plus haute que les pieds.

Est-ce qu’il peut y avoir des séquelles ?

Généralement, la bronchiolite ne laisse aucune séquelle. Toutefois, un sifflement respiratoire peut persister quelques semaines. Cela disparaît avec le temps. Parfois la bronchiolite peut fragiliser l’enfant qui peut alors faire de nouveaux épisodes de bronchiolite jusqu’à l’âge de deux ans. Et rien ne prouve, jusqu’à présent, que la bronchiolite puisse dégénérer en asthme. Les spécialistes discutent beaucoup de cette question. Peut-être cela joue-t-il un rôle favorisant, mais ce n’est pas prouvé.

Bronchiolite du nourrisson : le témoignage d’une mère

Sophie, 33 ans, maman de jumeaux, a connu l’angoisse de la bronchiolite pour ses deux petits garçons… en même temps.

Vos deux enfants ont été atteints par une bronchiolite…

C’était l’horreur ! J’ai eu des jumeaux, deux garçons, et ils avaient six semaines quand ils se sont mis à tousser. Tous les deux en même temps. Mon mari était très enrhumé… cela a donc commencé comme un rhume. Mes enfants avaient le nez très bouché, du mal à respirer, mais en quelques heures ils se sont mis à respirer bizarrement. Cela sifflait. Ils toussaient, pleuraient, ne voulaient plus boire leur biberon, ou alors ils les vomissaient. Avec mon mari, nous étions complètement paniqués et crevés. La grossesse avait été fatigante pour moi, et l’ accouchement difficile. Je n’étais pas remise. Et puis deux bébés en même temps, même quand tout va bien, c’est épuisant. Alors on a très mal supporté. Et on a paniqué, c’est vrai.

Qu’est-ce que vous avez fait ?

Au début, on a vu notre médecin généraliste. On était en décembre, il nous a dit qu’il y avait une épidémie, et qu’il ne fallait pas nous inquiéter. Il nous a recommandé de bien laver le nez des bébés, de surveiller leur température, de fractionner leurs repas… et puis, une nuit, on a craqué. Tous les deux étaient dans le même état. On avait l’impression qu’ils ne pouvaient plus respirer. C’étaient nos premiers bébés, on ne savait pas si c’était grave ou pas. On avait vraiment l’impression qu’ils allaient mourir étouffés ! Alors, vers 3 heures du matin, nous sommes partis aux urgences. Et on n’était pas les seuls… On a rencontré d’autres parents, comme nous, très inquiets. Au final ce n’était pas très grave, mais ils sont quand même restés trois jours à l’hôpital.

Comment ça s’est passé à l’hôpital ?

Il y avait de nombreux bébés comme les nôtres. Les infirmières n’avaient pas beaucoup de temps, elles faisaient ce qu’elles pouvaient. On avait l’impression que notre cas n’était pas très important, et c’était angoissant. Les bébés ont été examinés, on leur a désencombré le nez. C’est sûr, les infirmières savent faire ça mieux que les parents. Et comme tout allait bien, ils ont pu ressortir trois jours plus tard. En tout, la maladie a duré une bonne semaine. C’est à nous, mon mari et moi, qu’il a fallu plus de temps pour récupérer !

Bronchiolite du nourrisson : Sources et notes

– Conférence de consensus de l’Anaes (septembre 2 000) sur la prise en charge de la bronchiolite chez le nourrisson.

– La bronchiolite, remis à jour 19 mai 2010, ameli.fr.

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