La boulimie : un trouble alimentaire à prendre au sérieux

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Rien à voir avec une grosse fringale, la boulimie se définit par la répétition des crises de boulimie et la souffrance qu’elle engendre. Et contrairement à ce que l’on pense, le plaisir de manger est absent. On fait le point sur cette maladie bien trop fréquente.

Lors d’une crise boulimique, une seule chose compte pour cette personne : ingurgiter la plus grande quantité de nourriture possible. C’est ce qu’on appelle un comportement compulsif, contre lequel la personne en souffrance a beaucoup de mal à lutter. À la base de ce trouble, se trouve le plus souvent un manque d’estime de soi associé à des préoccupations marquées autour de l’image corporelle.

La boulimie débute le plus souvent à l’adolescence, mais peut débuter plus tardivement vers la trentaine. Le diagnostic de boulimie se fait sur la régularité des crises (au moins une par semaine) et sur l’association à des conduites de purge, telles que des vomissements volontaires, une hyperactivité physique, la prise de laxatifs, etc. Toutes destinées à perdre du poids ou à maintenir un poids stable en dépit des crises de boulimie.

La boulimie représente avec l’anorexie un trouble de comportement alimentaire. Si les deux maladies sont opposées, en apparence, elles se recoupent souvent. Leur prise en charge s’appuit sensiblement sur les mêmes traitements basés sur la psychothérapie et la rééducation alimentaire.

Auteur : Dr Ada Picard

Boulimie : les causes

La boulimie est un trouble de conduite alimentaire qu’on apparente souvent à une attitude addictive. Les personnes boulimiques ont le même comportement avec la nourriture que certaines avec une drogue.

Ce trouble touche surtout les jeunes femmes, mais les hommes aussi sont concernés. C’est une maladie de la “honte” qui se vit dans la clandestinité.

Les personnes boulimiques n’ont pas forcément un problème de balance, la plupart gardent même un poids normal. C’est pourquoi les troubles peuvent être difficiles à détecter, d’autant que ces personnes ne parlent pas facilement de leur problème. En France, on estime tout de même à environ 2 % le nombre de femmes souffrant de boulimie dont 4 à 8 % au sein de la population étudiante. On compte un homme pour dix femmes.

Les causes de la boulimie n’ont pas encore été clairement identifiées. Les spécialistes parlent de causes multifactorielles.

La boulimie est souvent associée à des émotions dépressives ou à un manque affectif. La quête d’une image corporelle parfaite vient en quelque sorte compenser une estime de soi qui fait défaut. Des perturbations au sein de la cellule familiale peuvent favoriser ce genre de conduites. Il est fréquent de retrouver des préoccupations alimentaires chez un membre de la famille du premier degré.

Des causes neurobiologiques ont été retrouvées, et s’assimilent de très près à celles des addictions, avec ou sans drogues.

Boulimie : les symptômes

La boulimie associe plusieurs symptômes : l’existence de crises de boulimie régulières (au moins une par semaine), une préoccupation exagérée autour de l’image corporelle, et des conduites purgatives (destinées à perdre du poids).

La crise de boulimie se caractérise par un déroulement de symptômes typiques. La personne est subitement prise d’une envie irrépressible de manger, indépendante de la faim. On parle de “crises compulsives”. Dans ces circonstances la quantité de nourriture ingérée peut être importante et sur un temps assez court. La personne avale à tout va, sans vraiment prêter attention à ce qu’elle mange.

A la fin de la crise, la honte est le sentiment dominant. Honte d’avoir craqué, honte de manger et peur de grossir.

Pour apaiser ce sentiment de culpabilité, cette personne va chercher à éliminer cette trop grande quantité de nourriture. Elle peut alors se faire vomir, utiliser des laxatifs ou des diurétiques et s’imposer des périodes de jeûne extrêmement restrictives, un peu comme dans l’anorexie. Ces deux maladies ont d’ailleurs des symptômes communs (les personnes anorexiques peuvent aussi avoir des crises boulimiques). Certains spécialistes voient là les deux versants d’une même pathologie.

La conduite boulimique peut entraîner, avec le temps, des symptômes médicaux sérieux. L’abus de laxatifs et de diurétiques peut être nocif pour les reins, les vomissements provoquent la remontée dans l’oesophage et la cavité buccale des sucs gastriques. Ainsi, il peut se produire une inflammation des gencives, une altération des dents… Dans certains cas plus graves, peuvent se produire des lésions de l’oesophage voire de l’estomac.

Boulimie : les traitements

Le traitement de la personne atteinte de boulimie implique généralement plusieurs spécialistes. En plus d’un suivi physique (avec un médecin généraliste ou nutritionniste), un suivi psychologique est nécessaire.

Les psychothérapies indiquées dans la boumime sont les thérapies cognitives et comportementales, les thérapie cognitives basées sur la pleine conscience, la thérapie comportementale dialectique, la thérapie motivationnelle, la remédiation cognitive, etc.

D’autres thérapies peuvent également être bénéfiques, en focntion des besoins de la personne : hypnothérapie, art-thérapie, psychanalyse, etc. Des thérapies de groupe comme les programmes d’alimentation en pleine conscience, les groupes de paroles, les groupes d’affirmation de soi (…) peuvent largement bénéficier aux personnes boulimiques.

A ces traitements, s’ajoute une “éducation alimentaire”. Avec une diététicienne, la patiente va réapprendre à manger de manière équilibrée.

Rien ne sert en effet de faire un régime ou d’éliminer toute nourriture calorique. Il faut au contraire ré-apprendre à écouter son corps, c’est à dire retrouver la sensation de faim et de rassasiement. Et donc retrouver le plaisir…

La prise en charge s’effectue par étapes, en effectuant sur vous un travail parfois difficile, voire douloureux. Ainsi, une des premières étapes est de sortir de la honte, puis du déni… et enfin de se détacher des “fausses croyances” que l’on se fait sur son corps et sur l’alimentation.

Quand les symptômes dépressifs sont très marqués et nuisent au déroulement du traitement, le médecin peut prescrire un traitement anti-dépresseur, mais cela ne dispense pas du soutien psychologique.

La prise en charge de la boulimie peut être longue, mais évolue positivement dans plus de 50% des cas. Comme dans toutes les addictions, les rechutes sont fréquentes. Dans ces cas, le maintien de la prise en charge médicale et psychologique est indispensable pour soutenir le processus de guérison.

Boulimie : Sources et notes

– Faber, et al., “Two forms of compulsive consumption : comorbidity buying and binge eating”, Journal of Consumer Research, vol. 22, 1995, 296-304.

– Lejoyeux M., “Du Plaisir à la dépendance – Nouvelles addictions, nouvelles thérapies”, Editions de La Martinière, 2007.

– Adresse utile : Association d’aide aux anorexiques et boulimiques : 151, rue d’Alésia, 75014 Paris, tel : 01 45 41 38 49.

– À savoir : Une ligne téléphonique “Anorexie boulimie, info écoute” est à votre disposition : 0810 037 037 (numéro azur: prix d’un appel local).

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