Kleptomanie

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Le terme kleptomania, qui vient du grec « folie du vol », est apparu dans la littérature psychiatrique au xixe siècle. La kleptomanie consiste en l’impossibilité répétée de résister à l’envie impulsive de voler des objets inutiles.

Même si la kleptomanie est connue depuis 150 ans, on en sait encore peu sur cet état. Actuellement, l’Association Américaine de Psychiatrie la classe, au sein du Manuel diagnostique des Maladies Mentales (DSM), parmi les troubles du contrôle des impulsions.

La kleptomanie est un trouble rare qui touche surtout les femmes. Elle est caractérisée par une impulsion obsédante à voler des objets dont l’individu n’a pas besoin et qu’il pourrait très bien se payer. Ce trouble entraîne souvent des problèmes familiaux, socioprofessionnels et bien sûr légaux.

Il est important de préciser que, dans la kleptomanie, le vol n’est pas commis par vengeance ou sous l’effet de la colère. Il n’est pas non plus lié à des hallucinations, à des idées délirantes, ou à une autre maladie psychiatrique.

Enfin, dans la kleptomanie, le vol a lieu sans avoir été préparé et de manière solitaire, ce qui n’est pas le cas des vols “d’obligation” des toxicomanes ou des délinquants. On estime en fait que moins d’un quart des voleurs souffrent de kleptomanie.

Kleptomanie : les causes

Les causes de kleptomanie peuvent être psychologiques et/ou médicamenteuses. Et toujours sous-tendues par des implications neurobiologiques.

La sérotonine, un neurotransmetteur cérébral, pourrait être en partie impliquée dans la genèse de l’impulsion kleptomane.

Les causes psychologiques évoquées sont diverses. Certains experts pensent que l’acte de vol vient compenser un sentiment dépressif, et substituer le plaisir de l’interdit à la tristesse émotive.
D’autres mettent en cause une insatisfaction sexuelle des kleptomanes, elle-même soulagée par l’excitation psychique procurée par le vol.

Enfin, d’autres experts en psychiatre considèrent la kleptomanie comme un moyen de soulager une angoisse de castration ou une angoisse d’abandon. Un manque d’affection ou de réassurance reçue dans l’enfance pourrait expliquer cette tendance pathologique à l’adolescence ou l’âge adulte.

Une autre cause bien identifiée de kleptomanie est le traitement médicamenteux de la maladie de Parkinson. Les agonistes dopaminergiques, classiquement prescrits dans cette maladie, peuvent provoquer un trouble du contrôle des impulsions. Et la kleptomanie est un comportement parfois retrouvé chez les patients parkinsoniens. L’arrêt du traitement permet la résolution des symptômes.

Il ne faut pas confondre kleptomanie et achat compulsif, même si ces deux comportements impulsifs peuvent être associés. Par exemple, lorsqu’a lieu un vol d’argent suivi d’achats inconsidérés. De la même façon, la kleptomanie peut s’associer à un autre trouble : le fétichisme. Les objets volés sont alors toujours similaires, et collectionnées de manière ritualisée : lingerie, maquillage, etc.

Kleptomanie : les symptômes

La kleptomanie est définie par une impulsion obsédante à voler des objets. Ceci, ni pour un usage personnel ni pour leur valeur monétaire.

Généralement, ces objets sont ensuite donnés, jetés, ou gardés précieusement dans une cachette. Les kleptomanes collectionnent ces objets, ou essaient discrètement de les restituer.

Les symptômes qui entourent l’acte de vol s’assimilent à ceux des comportements addictifs. Une sensation croissante de tension précède le vol. Au moment du larcin, cette angoisse est calmée et le sujet ressent même un plaisir et un sentiment de gratification. La compulsion de vol peut survenir de manière soudaine, ou être préméditée. La kleptomanie peut même être très ritualisée, et survenir régulièrement à un contexte et un moment précis. Autre symptôme fréquent : après le vol, la personne ressent souvent de la culpabilité ou à nouveau de l’anxiété.

Certains kleptomanes prennent des précautions pour ne pas être pris. L’acte de voler entraîne une excitation comparable à celle que peuvent avoir certains pervers sexuels. Au contraire, d’autres kleptomanes ont plutôt tendance à se faire prendre. Dans ce cas, la sanction recherchée répondrait plutôt à un besoin d’expiation.

La kleptomanie peut se manifester par une alternance d’épisodes de vols et de périodes d’« abstinence », ou par des vols chroniques. Elle peut se manifester pendant des années, malgré les arrestations ou les conséquences socio-familiales.

Les troubles du comportement alimentaire, et plus particulièrement la boulimie, l’abus de substances, les dépendances comportementales et la dépression sont des pathologies souvent observées chez les personnes qui souffrent de kleptomanie. Ce trouble entraîne souvent des problèmes familiaux, socioprofessionnels et, bien sûr, légaux.

Kleptomanie : les traitements

Aucun traitement n’a à ce jour prouvé son efficacité dans la kleptomanie. De rares études se sont penchées sur la question sans trouver de consensus sur un traitement précis. La psychothérapie apparaît tout de même comme le traitement à long terme le plus approprié de la kleptomanie (hors maladie de Parkinson).

Le traitement psychanalytique a pu montrer des bénéfices dans certains cas décrits.

La psychothérapie comportementale et cognitive consiste, entre autres, à inciter le patient à imaginer les conséquences de son vol, dès qu’il est envahi par une envie de voler. La mesure comportementale la plus utile dans un premier temps est d’inciter les kleptomanes à éviter d’entrer seuls dans les magasins. Leurs tentations vis-à-vis du vol sont ainsi réduites. Ensuite, une exposition progressive dans les grands magasins peut être envisagée, afin de se déconditionner des compulsions kleptomanes. Plus largement, la psychothérapie individuelle de soutien, maintenue plusieurs semaines, a pour objectif la prise en charge des difficultés relationnelles, affectives et sexuelles, régulièrement associées.

Des études récentes ont montré l’efficacité des traitements antidépresseurs, de la classe des inhibiteurs de la recapture de la sérotonine, pour traiter la kleptomanie. Ceux-ci pourraient permettre de réduire la fréquence des vols. À noter cependant que certains médicaments antidépresseurs peuvent également favoriser l’impulsivité et le comportement kleptomane… Prudence, donc !

Kleptomanie : Sources et notes

– Jean Adès, Dépendances comportementales : achats compulsifs, addictions sexuelles, dépendance au travail, kleptomanie, pyromanie, trouble explosif intermittent, trichotillomanie, EMC Psychiatrie.

– N. Carrière et coll. Troubles du contrôle des impulsions associés à la maladie de Parkinson : étude d’une cohorte de 35 patients, Revue Neurologique, Volume 168, numéro 2 (février 2012).

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