Infections urinaires

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Les infections urinaires sont la colonisation des urines, normalement stériles, par des germes, le plus souvent des bactéries. Très fréquentes, elles constituent un motif récurrent de consultation en médecine générale.

Leur fréquence est nettement plus élevée chez la femme que chez l’homme : environ un tiers des femmes ont une infection urinaire au cours de leur vie. Chez l’homme, la fréquence augmente après 50 ans en raison de la fréquence des adénomes prostatiques.

Généralement bénignes, elles sont toutefois à risque de complications sur certains terrains. C’est notamment le cas quand elles concernent les hommes, chez les personnes âgées, en cas d’insuffisance rénale sévère, ou en cas d’immunodépression.

Elle sont également plus à risque de complications en cas d’anomalie anatomique des voies urinaires (hypertrophie prostatique, sténose urétrale, tumeur de la prostate ou cancer de la vessie, etc.)

L’urine est normalement stérile. Lors d’une infection urinaire, les bactéries proviennent soit du tube digestif (le plus fréquemment) soit d’un réservoir vaginal. Après migration des bactéries qui atteignent l’urètre, elles remontent le long de l’urètre pour atteindre la vessie, et parfois le rein. Chez l’homme, la prostate peu également être touchée par l’infection.

La cystite est une inflammation de la vessie seule. On ne parle pas de cystite chez l’homme mais d’infection urinaire masculine.

Lorsque les reins sont atteints par l’infection, on parle alors de pyélonéphrite. C’est une infection à risque de graves complications qu’il faut traiter rapidement.

Chez l’homme, l’atteinte fréquente de la prostate lors de l’infection urinaire se nomme la prostatite. Elle est plus compliquée à traiter, car peu d’antibiotiques pénètrent le tissu prostatique.

Infections urinaires : les causes

Les bactéries responsables, comment les détecter ?

De très nombreuses bactéries peuvent provoquer des infections urinaires. Les germes les plus fréquents retrouvés sont Escherichia coli dans 90% des cas, Proteus mirabilis, Klebsiella, et Staphylococcus saprophyticus chez la femme jeune.

Le premier examen, simple, à disposition de votre médecin à son cabinet est la réalisation d’une bandelette urinaire. Elle ne fera que confirmer la présence de leucocytes (globules blancs) dans les urines et donc la présence d’une infection urinaire et éventuellement la présence de nitrites. En revanche, elle n’apportera pas de précision sur le germe responsable.

Attention, une bandelette urinaire négative n’élimine cependant pas le diagnostic d’infection urinaire chez l’homme.

Pour avoir un diagnostic bactériologique plus précis, il pourra vous être demandé, sauf en cas de cystite simple, de réaliser un ECBU, un Examen CytoBactériologique des Urines. Cet examen se fait en laboratoire, et doit être réalisé avant tout début de traitement antibiotique, qui fausserait les résultats.

L’ECBU, s’il est bien réalisé, permettra de mesurer le nombre de leucocytes et d’hématies (globules rouges) dans les urines, mais surtout d’identifier précisément le germe responsable.

L’antibiogramme permet de tester la sensibilité du germe identifié à différents antibiotiques. Il existe en effet de très nombreuses résistances des germes responsables des infections urinaires à certains antibiotiques.

Les facteurs favorisants des infections urinaires

Il existe de nombreux facteurs favorisant les infectieux urinaires :

  • Les infections urinaires sont plus fréquentes chez la femme, dont l’urètre est plus court que chez l’homme.
  • Elles sont également favorisées par les rapports sexuels, raison pour laquelle il est conseillé d’uriner après les rapports.
  • Les infections urinaires sont parfois iatrogènes, c’est à dire provoquées par un acte médical invasif, que ce soit un sondage ou une endoscopie.
  • Certains médicaments provoquant une stase des urines peuvent également être pourvoyeurs d’infections urinaires, ce sont essentiellement les neuroleptiques, les dérivés de morphines, ou les médicaments anticholinergiques.
  • Une modification de la flore bactérienne vaginale est entraînée par une carence en œstrogène durant la ménopause, période particulièrement à risque d’infection urinaire.
  • Le diabète : les personnes diabétiques sont beaucoup plus à risque de développer des infections urinaires. Longtemps expliqué par le fait que les bactéries se nourrissent de sucre, forcément plus élevé chez une personne diabétique, il s’agirait selon une hypothèse récente plutôt d’une immunodépression légère causée par le diabète. En effet, les personnes souffrant d’un diabète de type 2 ont un nombre réduit de cellules immunitaires NK, qui permettent de lutter contre les infections.

Infections urinaires : les symptômes

Les signes et symptômes de l’infection urinaire varient en nature et en intensité, et comprennent notamment :

•    des envies fréquentes d’uriner le jour et parfois même la nuit;
•    une impression constante d’avoir besoin d’uriner;
•    des douleurs ou une sensation de brûlure au moment d’uriner;
•    des urines brouillées qui dégagent une odeur forte;
•    une pression dans le bas-ventre, surtout au moment d’uriner ou après;
•    une coloration de l’urine ou la présence de sang dans l’urine.

Bien qu’elle soit la plupart du temps sans gravité, l’infection urinaire non compliquée se doit d’être traitée. Si l’on tarde à se faire soigner, l’infection peut s’étendre jusqu’aux reins. Il s’agira alors d’une pyélonéphrite.

Infections urinaires : les traitements

Les premiers conseils en cas d’infection urinaire

Les cystites aiguës simples guérissent dans 50% des cas sans nécessité de traitement, mais peuvent durer dans ce cas plusieurs semaines.

Il est recommandé de boire abondamment et d’uriner fréquemment, d’uriner après les rapports sexuels, ou d’éviter les spermicides quand ils sont utilisés, mais le traitement antibiotique sera le plus souvent nécessaire devant la gêne occasionnée par l’infection.

Les traitements antibiotiques

Face à une cystite sans risque de complication, un traitement antibiotique simple par fosfomycine trométamol (Monuril) en une dose unique sera le plus souvent proposé. Il s’agit d’un antibiotique particulièrement efficace sur Escherichia Coli, principal germe pourvoyeur d’infections urinaires. Ses effets indésirables sont peu nombreux.

En cas de cystite à risque de complications, de pyélonéphrite, voire de prostatite chez l’homme, d’autres traitements antibiotiques pourront être prescrits, et sur une durée plus longue. Ils seront quoi qu’il arrive adaptés dans un deuxième temps à l’antibiogramme en cas de résistance du germe à l’antibiotique initialement prescrit.

Les antibiotiques de la classe des fluoroquinolones (ciprofloxacine, ofloxacine, etc.) ne seront prescrits qu’en seconde intention, en cas d’échec d’autres traitements antibiotiques, ou en cas de résistances multiples. Ils exposent à de nombreux effets indésirables potentiels, potentiellement graves : neuropsychiatriques (convulsions), cutanés, atteintes tendineuses, plus rarement des problèmes cardiaques.

Ils entraînent par ailleurs une photosensibilisation, c’est à dire qu’il est nécessaire en utilisant ces antibiotiques d’éviter l’exposition au soleil.

Par ailleurs, les résistantes des germes à ces antibiotiques sont en nette progression ces dernières années, il importe donc de ne les utiliser qu’à bon escient et le moins souvent possible.

Chez l’homme, la particularité du traitement résidera dans la nécessiter d’utiliser en antibiotique qui a une bonne pénétration prostatique, et ils sont peu nombreux. Il s’agit principalement des classes des fluoroquinolones et du cotrimoxazole.

Et le jus de canneberge ?

Le cranberry (ou jus de canneberge), conseillé notamment en prévention des cystites récidivantes, apporte selon les dernières données de la littérature qu’une efficacité préventive modeste. Ils n’ont en tout cas pas leur place dans le traitement curatif d’une infection urinaire mais uniquement en traitement préventif.

Selon 2 essais récents, l’utilisation quotidienne de cranberry sous forme de comprimés ou de jus (750 mL par jour) diminue modérément le nombre de récidives de cystites aiguës.

Il est à noter que ces compléments exposent toutefois à un risque d’interactions médicamenteuses, notamment en cas d’utilisation concomitante de traitements anticoagulants.

Infections urinaires : sources et notes

Auteur : Dr Romain Boutonné

Sources :

1. Revue Prescrire. « Premiers Choix Prescrire : cystite aigüe simple », actualisation de mai 2017.

2. Infections urinaires de l’adulte. SPILF Société de Pathologie Infectieuse de Langue Française. Pilly 2016.

3. Cystite aiguë simple, à risque de complication ou récidivante, de la femme. HAS 2016

4. Diagnostic et antibiothérapie des infections urinaires bactériennes communautaires de l’adulte. SPILF 2014

5. J. Berrou et coll. Natural Killer cell function, an important target for infection and tumor protection, is impaired in type 2 diabetes. PLoS One. Avril 2013, vol. 8 (4), e62418

6. Cranberry et infections urinaires. Rev Prescrire 2006 ; 26 (272) : 375-377

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