L’adénome de la prostate également appelé hypertrophie bénigne de la prostate, n’est pas à proprement parler une maladie dans la mesure où au cours de la vie d’un homme, cette glande a naturellement tendance à grossir.
L’hypertrophie bénigne de la prostate est très fréquente dès l’âge de 50 ans. Il s’agit d’une maladie bénigne très fréquente et capricieuse dans le temps. Elle n’a aucun rapport avec un cancer de la prostate à la base, mais elle peut, quelquefois, se compliquer de troubles urinaires ou/et rénaux.
L’adénome de la prostate peut être gênant. En effet, il arrive qu’il entraîne des troubles pour uriner et les patients atteints peuvent se plaindre de problèmes divers, comme une difficulté à uriner, se lever la nuit pour faire pipi, etc.
Les hommes doivent consulter leur médecin afin de mesurer le retentissement de ces troubles urinaires et prescrire éventuellement un traitement, voire envisager une intervention chirurgicale. Le médecin en profitera pour faire un dépistage du cancer de la prostate par un toucher rectal.
La prostate, c’est quoi ?
La prostate est une glande qui n’existe que chez l’homme. Elle est située sous la vessie, en avant du rectum. La prostate entoure l’urètre, c’est-à-dire le canal qui part de la vessie et qui chemine ensuite dans le pénis et permet à l’homme d’uriner.
La prostate appartient au système génital de l’homme. Elle est sous l’influence des hormones génitales et participe à la maturation des spermatozoïdes. La prostate normale pèse environ 15 à 20 grammes. Pour l’examiner, le médecin effectue un toucher rectal.
Pour mieux comprendre, une illustration des organes génitaux et urinaires masculins
Hypertrophie bénigne de la prostate : les causes
L’hypertrophie bénigne de la prostate est une affection bénigne et très fréquente. Sa cause principale est le vieillissement.
L’hypertrophie bénigne de la prostate correspond à une hyperplasie (c’est-à-dire une augmentation de taille par multiplication cellulaire) de la zone de transition de la prostate entourant l’urètre juste en-dessous de la vessie.
L’autre terme attribué à l’hypertrophie bénigne de la prostate est l’adénome prostatique, « adénome » étant le terme donné aux tumeurs bénignes se développant à partir d’une glande. À cause de cette hypertrophie, se développe un obstacle chronique à la vidange de la vessie, avec un risque de retentissement sur la vessie et sur les reins.
Outre la cause principale que constitue le vieillissement, certains facteurs de risque doivent être analysés par le médecin, comme le taux de PSA sérique (le marqueur biologique de la prostate mesuré dans le sang) et le volume de la prostate.
Mais en fait, le patient ne peut pas vraiment intervenir sur ces causes… ni le médecin d’ailleurs.
L’adénome de la prostate ne peut pas évoluer vers un cancer. Mais ce n’est pas une raison pour négliger les symptômes liés à un adénome de la prostate. Car en plus de plus ou moins fortement gêné le quotidien et le confort du patient, l’adénome de la prostate peut avoir des répercussions sur la santé des reins et de la vessie.
Hypertrophie bénigne de la prostate : les symptômes
De par sa situation, la prostate peut, quand elle augmente de volume (lors d’un adénome), entraîner des troubles de la miction, c’est-à-dire des difficultés ou une gêne pour uriner :
- un besoin impérieux ou une envie fréquente d’aller uriner,
- une diminution du jet urinaire,
- un jet entrecoupé…
… sont autant de symptômes d’irritation ou/et de rétention urinaire. On parle de prostatisme.
Souvent, les hommes touchés par cette affection doivent se lever parfois plusieurs fois dans la nuit pour aller uriner et le sommeil peut s’en trouver perturbé.
Quelquefois, une personne atteint d’hypertrophie de la prostate ne peut plus du tout uriner, la vessie continue de se remplir : c’est la rétention aiguë d’urines. Dans ce cas, il faut poser une sonde urinaire pour lever l’obstacle et permettre à la vessie de se vider.
Une rétention d’urine sévère et chronique peut retentir en amont sur la vessie et sur les reins, et entraîner une diminution de leur fonction.
Quand un homme présente des troubles de la miction, il est important qu’il parle de ces symptômes avec son médecin. Celui-ci fera un bilan de ces troubles. Il recherchera aussi un éventuel retentissement des troubles urinaires sur la fonction des reins, situés en amont de la vessie.
Il faut savoir que l’importance des symptômes urinaires n’est pas proportionnelle à l’augmentation du volume de la prostate.
Les examens
Le toucher rectal
Comme la prostate est placée juste en avant du rectum, le médecin peut l’examiner par la palpation grâce à un toucher rectal. Il pourra noter une augmentation de volume ou une irrégularité de la surface, palper une éventuelle tumeur.
Cet examen n’est pas douloureux. Le médecin met un doigtier en plastique sur l’index et pratique l’examen sur le patient allongé sur le dos. Il pratique le toucher rectal en mettant l’index protégé par le doigtier dans l’anus.
Le toucher rectal est aussi l’examen de dépistage du cancer de la prostate. Si de nombreux hommes ne se décident pas, à tort, à aller consulter pour ce dépistage, la survenue de troubles urinaires sera l’occasion de faire ce dépistage.
Les examens complémentaires
Devant une hypertrophie bénigne de la prostate, le médecin demande souvent quelques examens complémentaires :
- un examen cytobactériologique urinaire (ECBU) pour voir s’il existe une infection urinaire favorisée par la rétention d’urine,
- une prise de sang pour voir si les reins fonctionnent bien.
Le dosage sanguin du PSA (antigène prostatique spécifique), un marqueur du cancer de la prostate, est aussi demandé, pour avoir une valeur de base avant la mise en route d’un traitement.
En effet, certains médicaments font varier la concentration de ce marqueur et la valeur initiale permet de suivre une éventuelle variation pathologique de ce marqueur. Le dosage du PSA sert aussi à dépister le cancer de la prostate.
Une échographie des reins et de la vessie peut être prescrite.
Hypertrophie bénigne de la prostate : quel risque de cancer ?
L’hypertrophie bénigne de la prostate n’est pas un cancer, c’est une augmentation de volume de la glande, bénigne. Cette hypertrophie ne dégénère pas, c’est-à-dire qu’elle ne se transforme pas en cancer.
Cependant, ces deux pathologies peuvent être présentes en même temps, car elles sont favorisées par le vieillissement, et surviennent sur le même « terrain ».
Le cancer de la prostate peut provoquer des troubles urinaires et donner les mêmes signes qu’un adénome de la prostate, mais l’évolution sera différente.
Quand un homme va consulter pour des troubles prostatiques, le médecin lors de son examen clinique, fera un dépistage du cancer de la prostate en effectuant le toucher rectal. Il recherchera des signes qui pourraient faire évoquer une tumeur maligne.
Il pourra demander des examens complémentaires (comme un dosage sanguin du PSA) pour l’aider à faire un diagnostic et prendre les mesures adéquates selon le diagnostic.
Les traitements
Un traitement pourra être mis en route, mais ce n’est pas systématique. En effet, les troubles urinaires liés à un adénome de la prostate sont capricieux et variables dans le temps : ils peuvent être importants pendant quelques semaines et obliger la personne à se lever plusieurs fois la nuit et dans la journée, à stopper ses activités pour aller uriner, etc. Puis, les signes peuvent diminuer ou disparaître dans les mois qui suivent.
Quand les signes ne sont pas trop gênants, le médecin ne propose aucun traitement, mais conseille un suivi régulier de son patient.
Un traitement sera prescrit quand les troubles prostatiques détériorent la qualité de vie du patient et/ou que le risque vésical ou de détérioration de la fonction rénale existe.
Il existe plusieurs sortes de médicaments (en comprimés) :
- des molécules de synthèse (alpha-bloquants ; les inhibiteurs de la 5 alpha-reductase),
- des produits de phytothérapie.
On associe souvent différents types de médicaments.
L’opération
L’opération chirurgicale n’est envisagée que si le traitement par les médicaments n’est pas actif, ou quand le fonctionnement des reins est altéré.
Deux types d’interventions sont possibles :
- par voies naturelles en “rabotant” la prostate,
- par une incision chirurgicale au-dessus du pubis.
Il arrive que des patients opérés jeunes, se fassent de nouveau opérer, car la partie de la prostate restante continue à grossir.
Hypertrophie bénigne de la prostate : sources et notes
Auteurs : Dr MC Bonduelle, Dr Nicolas Evrard et Dr Ada Picard.
Sources :
– Hypertrophie bénigne de la prostate ? Chapitre 14 – Item 123 (Item 247), Association Française d’Urologie, décembre 2013.
– Association Française d’Urologie, www.urofrance.org.