L’hyperthyroïdie correspond à un dysfonctionnement thyroïdien qui se caractérise par une production excessive d’hormones par la thyroïde.
La thyroïde est une petite glande qui sécrète des hormones, elle est située au niveau de la base du cou et en avant. Elle est visible et palpable quand elle est augmentée de volume. On parle alors de goitre thyroïdien.
La thyroïde sécrète des hormones à base d’iode, T3 et T4 (thyrotoxine et tri-iodothyronine). Pour un bon fonctionnement de cette glande, la présence d’iode dans l’organisme est indispensable, mais à juste dose : trop d’iode peut entraîner un emballement de la glande, pas assez d’iode donnera une hypothyroïdie.
La thyroïde est sous la dépendance d’une autre glande, située à la base du cerveau, l’hypophyse. Celle-ci sécrète la TSH (Thyreo-Stimulating-Hormone) qui module les quantités d’hormones thyroïdiennes nécessaires et donc sécrétées. Et cette même glande est stimulée par l’hypothalamus, petite partie du cerveau en charge d’orchestrer l’équilibre hormonal de tout l’organisme.
Une hyperthyroïdie correspond à un excès de fonctionnement de la glande thyroïde. Cet excès peut être directement lié à une pathologie de la glande thyroïde. Ou indirectement stimulé par une augmentation de la sécrétion hypophysaire de TSH, voire par une sécrétion de TRH excessive de la part de l’hypothalamus, petite partie du cerveau située en amont de l’hypophyse. De ce fait, les causes de l’hyperthyroïdie sont variables et doivent faire l’objet d’investigations complémentaires, telles que l’imagerie médicale.
Hyperthyroïdie : les causes
Une hyperthyroïdie peut être primaire, secondaire et tertiaire :
Dans le cas d’une hyperthyroïdie primaire, la cause de l’hyperthyroïdie est thyroïdienne : la glande capte trop d’iode, et va produire un excès d’hormones thyroïdiennes.
Dans le cas l’hyperthyroïdie secondaire, la cause se situe en amont de la thyroïde, dans l’hypophyse (petite glande située à la base du cerveau).
Enfin, l’hyperthyroïdie tertiaire est due à un excès de sécrétion de TRH de la part de l’hypothalamus, qui stimule à son tour l’hypophyse et la thyroïde.
Voici les différentes causes d’hyperthyroïdie primaire :
- Une hypersécrétion globale de toute la glande. C’est le cas des goitres thyroïdiens hypersécrétants, comme la maladie de Basedow.
La maladie de Basedow est une affection auto-immune. L’organisme atteint sécrète des anticorps contre sa propre thyroïde : le résultat est une thyroïde qui s’emballe, malgré les messages de l’hypophyse, et sécrète trop d’hormones. On se trouve alors devant une hyperthyroïdie. - La présence d’un ou plusieurs nodules thyroïdiens : c’est le cas des kystes, des adénomes, voire des cancers de la thyroïde.
- Une inflammation aiguë de la thyroïde, causée par une infection ou une maladie auto-immune, qui peut donner des signes d’hyperthyroïdie.
- Une surcharge en iode : produits amaigrissants à base d’extraits thyroïdiens, prise d’une trop grande quantité d’hormones thyroïdiennes, médicaments comportant de l’iode, etc.
Hyperthyroïdie : les symptômes
L’hyperthyroïdie donne des symptômes très variés, qui se manifestent sur un plan à la fois psychique et physique. Ces symptômes sont assez caractéristiques :
- nervosité importante,
- excitation,
- troubles du sommeil,
- sensation de chaleur extérieure excessive,
- fatigue musculaire,
- amaigrissement involontaire,
- tachycardie (c’est-à-dire une augmentation de la fréquence des battements cardiaques), etc.
Certains symptômes peuvent être visibles physiquement. C’est le cas de l’exophtalmie, qui correspond à une rétraction des paupières supérieures, faisant ressortir les globes oculaires. Celle-ci donne un regard fixe et « globuleux ». C’est un symptôme que l’on retrouve notamment dans la maladie de Basedow.
L’évolution d’une hyperthyroïdie est émaillée de complications quelquefois graves. Tout simplement parce que les hormones thyroïdiennes entraînent une accélération du rythme cardiaque et une hypertension artérielle. En conséquence, l’insuffisance cardiaque et les troubles du rythme ne sont pas rares et constituent ce qu’on appelle une cardiothyréose.
Les symptômes oculaires – telle que la baisse de l’acuité visuelle – les symptômes psychiques – à type de bouffées d’excitation voire de délire – font aussi partie des complications de l’hyperthyroïdie.
Le diagnostic d’hyperthyroïdie sera confirmé par un dosage des hormones thyroïdiennes et de la TSH.
Tous ces symptômes sont assez fréquents et c’est pour cette raison qu’une prise de sang pour un bilan thyroïdien est assez souvent demandée pas les médecins. L’hyperthyroïdie est par ailleurs une maladie assez courante.
Hyperthyroïdie : les traitements
En cas d’échec du traitement par les antithyroïdiens de synthèse, ou d’intolérance à ces médicaments, le médecin peut avoir recours à la chirurgie et enlever la thyroïde, en partie ou bien en totalité. Il peut également décider de neutraliser définitivement la thyroïde en ayant recours à un traitement par iode radioactif.
LA CHIRURGIE DANS LE TRAITEMENT DE L’HYPERTHYROÏDIE
Pour traiter une hyperthyroïdie, il peut être nécessaire d’enlever une partie de la thyroïde (par exemple, l’un des deux lobes si celui-ci contient des nodules), voire la quasi-totalité de la thyroïde, ou la totalité. Dans ce cas, le patient devra, toute sa vie durant, prendre des hormones thyroïdiennes de synthèse. Cela peut paraître un fardeau lourd à porter, mais les hormones thyroïdiennes sont faciles à prendre, peu chères et permettent de compenser l’absence de thyroïde sans avoir d’effets indésirables.
Aujourd’hui, la chirurgie est plus rarement utilisée que l’iode radioactif (voir ci-dessous). Néanmoins, elle est particulièrement indiquée chez les femmes hyperthyroïdiennes qui souhaitent avoir des enfants (sans les soucis des antithyroïdiens de synthèse), ou chez les personnes qui présentent un goitre volumineux.
La prise d’hormones thyroïdiennes de synthèse n’empêche pas d’avoir des enfants : un suivi attentif des taux sanguins de TSH et d’hormones thyroïdiennes sera effectué avant, pendant et après la grossesse.
LA NEUTRALISATION DÉFINITIVE DE LA THYROÏDE PAR L’IODE RADIOACTIF
Le traitement de l’hyperthyroïdie par l’iode radioactif repose sur un principe simple : la thyroïde hyperactive a la propriété de capturer de fortes quantités d’iode. Si cet iode est radioactif au point de détruire les cellules qui le contiennent, son administration suffira à supprimer l’ensemble des cellules de la thyroïde qui produisent des hormones thyroïdiennes.
Le traitement par iode radioactif est pratiqué à l’hôpital, parfois associé à des antithyroïdiens de synthèse ou une ablation chirurgicale d’une partie de la thyroïde. Le patient prend une dose d’iode radioactif (I-131, plus puissant que l’iode I-123 utilisé pour le diagnostic) : la thyroïde en capture une partie et le reste est éliminé dans les urines. Dans les jours qui suivent, les cellules de la thyroïde qui contiennent l’iode radioactif meurent (ce qui libère de fortes quantités de T3/T4 et peut aggraver temporairement les symptômes de l’hyperthyroïdie). Petit à petit, l’iode radioactif est éliminé dans les urines et perd de sa radioactivité.
Le traitement par iode radioactif est contre-indiqué chez les femmes enceintes et chez celles qui allaitent. Les femmes en âge de procréer doivent effectuer un test de grossesse avant l’administration d’iode radioactif et utiliser un moyen de contraception efficace tout au long du traitement et pendant les mois qui suivent. Les hommes traités par l’iode radioactif devraient attendre au moins trois mois avant de procréer.
Comme dans le cas de la chirurgie, les patients traités de cette manière devront, toute leur vie durant, prendre des hormones thyroïdiennes de synthèse pour suppléer l’absence de production d’hormones naturelles par la thyroïde. Un retour à la normale est habituellement observé en quelques mois.
Hyperthyroïdie : sources et notes
– Lecomte P. et al, Table ronde – nodule thyroïdien : prise en charge actualisée en 2005. FMC CHU Tours, Journées de novembre 2005.
– Leger A., Pathologie thyroïdienne : diagnostic et traitement (4° édition), Lavoisier.