L’hyperactivité vésicale est un syndrome urinaire à type d’impériosités mictionnelles ou d’urgenturies, avec ou sans incontinence. En clair, la personne souffrant d’une hyperactivité vésicale a des envies répétées d’aller uriner, avec en particulier la nécessité de se lever la nuit pour uriner.
L’hyperactivité vésicale concernerait aujourd’hui près de quatre millions de personnes en France. Caractérisé par la survenue de besoins d’uriner de façon soudaine et difficiles, sinon impossibles à maîtriser, ce syndrome touche tous les âges de la vie… mais est bien entendu plus fréquent avec les années.
La prévalence de l’hyperactivité vésicale, plus importante chez la femme, a récemment été évaluée dans une enquête réalisée en France : l’étude Instant. Basée sur un questionnaire, cette étude menée en 2006, a inclus 9 535 sujets de plus de 18 ans.
Elle montre que 17,6 % de la population féminine est atteinte d’hyperactivité vésicale, avec une augmentation de la prévalence avec l’âge.
Les hommes ne sont pas épargnés, avec une prévalence allant de 12 à 16 % dans la population masculine adulte.
On appelle l’urgenterie un désir soudain, impérieux et fréquemment irrépressible d’uriner. C’est le symptôme pivot de l’hyperactivité vésicale.
L’incontinence par urgenturie est une fuite involontaire d’urine, accompagnée ou immédiatement précédée, par une urgenturie.
L’impériosité mictionnelle désigne une envie pressante qui peut être d’origine naturelle et que tout un chacun peut ressentir. En revanche, la sensation qui handicape les patients atteints d’hyperactivité vésicale est soudaine, d’emblée paroxystique et difficile, voire impossible à maîtriser. Elle impose une réaction immédiate pour éviter une fuite urinaire.
Quand on présente ces symptômes, il est important d’aller consulter un médecin pour être certain que les manifestations sont bien en rapport avec un problème d’hyperactivité vésicale, et pour bénéficier du meilleur traitement. Le médecin spécialiste éventuellement à consulter est un urologue.
Hyperactivité vésicale : Les causes
Les causes de l’hyperactivité vésicale peuvent varier, elles sont le plus souvent idiopathiques (c’est-à-dire sans raison identifiable), mais peuvent également avoir une origine neurologique ou urologique. Le premier des mécanismes qui préside à l’hyperactivité vésicale est un trouble de la fonction vésicale, caractérisé par une contraction anarchique du détrusor (muscle majeur de la vessie).
Cette hyper-contraction du muscle vésical résulte soit d’une levée de l’inhibition du détrusor secondaire à une lésion de la moelle épinière ou du cerveau, soit d’une obstruction en aval de la vessie. L’hyperactivité vésicale peut ne pas être liée à un dysfonctionnement de la vessie, mais à un trouble de l’urètre ou du sphincter. Il existe ainsi des insuffisances du sphincter qui génèrent des réflexes d’ouverture et retentissent sur la vessie.
A noter que d’autres mécanismes peuvent être à l’origine d’une hyperactivité vésicale.
Enfin, il existe vraisemblablement dans certains cas d’hyperactivité vésicale une composante génétique qui se manifeste par une immaturité vésicale présente dès le plus jeune âge.
1- L’incontinence urinaire par urgenterie
L’hyperactivité vésicale entraîne souvent une incontinence par urgenturie, laquelle doit être distinguée de l’incontinence d’effort.
L’incontinence urinaire par urgenturie est caractérisée par une fuite involontaire d’urine accompagnée ou immédiatement précédée par une urgenturie. Elle est liée à l’hyperactivité vésicale : les capteurs de la vessie, via le centre régulateur de la miction, provoquent une contraction du détrusor et un relâchement du sphincter.
2 – L’incontinence urinaire d’effort
L’incontinence urinaire d’effort est une perte involontaire d’urine qui survient lors d’un effort physique comme : toux, rire, éternuement, activité sportive, soulèvement de charges ou tout autre activité physique augmentant la pression intra-abdominale. A la différence de l’incontinence par urgenturie, elle n’est pas précédée du besoin d’uriner et surtout, elle est prévisible puisque d’origine mécanique.
3 – L’incontinence urinaire mixte combine l’incontinence par urgenturie et incontinence d’effort.
A noter que l’incontinence urinaire par regorgement – perte involontaire d’urine associée à une distension vésicale ou rétention vésicale chronique, entraîne un débordement par « trop plein ».
Hyperactivité vésicale : Les conséquences
L’hyperactivité vésicale peut avoir de nombreuses conséquences… parfois très gênantes.
1 – Des conséquences sociales.
L’hyperactivité vésicale retentit lourdement sur la vie des patients, avec une double problématique, à la fois fonctionnelle et médicale.
L’urgenturie est l’un des symptômes les plus gênants et les plus mal vécus par les patients. A l’origine d’incontinence, elle retentit sur la vie quotidienne des patients.
En résulte nombre de contraintes : limitation de trajets, calcul des itinéraires, multiplication des mictions « par précaution », choix restreint de vêtements, suppression progressive du sport, des voyages…
Sur le plan professionnel, les réunions qui se prolongent, les voyages imprévus ou les temps de trajets plus longs s’ajoutent encore aux difficultés rencontrées par les patients.
Sur le plan psychologique, le repli affectif s’ajoute au repli social. Vivre dans l’appréhension fait perdre aux patients leur confiance en eux. Et ces personnes se sentent diminuées. Certaines ne se sentent « pas propres ». D’autres ont une image dégradée d’elles-mêmes et souffrent en ressentant comme une marque de vieillissement. Les femmes se sentent moins féminines…
Le retentissement psychologique est tel qu’il génère des conduites d’évitement, et isole les patients socialement.
2 – Des conséquences médicales.
Chez les personnes âgées, les conséquences de l’incontinence par urgenturie en terme sanitaire prennent plus d’ampleur encore.
L’isolement social est majoré par la peur des « accidents ». De plus, la précipitation aux toilettes (de surcroît la nuit) augmente le risque de chutes et donc de fractures chez des personnes dont la mobilité est réduite.
Ces difficultés expliquent que l’incontinence soit l’une des premières causes d’institutionnalisation des personnes âgées dans les pays industrialisés.
Sur un plan purement médical, l’hyperactivité vésicale se révèle tout à fait délétère pour l’appareil urinaire. L’hyper-contraction de la vessie peut en effet conduire à des reflux vésico-rénaux susceptibles d’altérer les reins, etc.
Hyperactivité vésicale : Les traitements
Certes il y a peu de traitements contre l’hyperactivité vésicale, mais ils existent !
La réticence des patients à parler de leurs symptômes liés à l’hyperactivité vésicale est renforcée par l’idée qu’il n’existe aucun traitement, opinion partagée par 61 % des hommes et 56 % des femmes.
Les tabous demeurent vivaces sur l’hyperactivité vésicale. Pudeur, honte ou fatalisme, les patients ne parlent pas facilement à leur médecin de leurs symptômes urinaires et encore moins de ceux liés à une hyperactivité vésicale qui restent délicats à aborder en consultation.
Les femmes jeunes n’avouent pas facilement qu’elles souffrent de troubles urinaires. De leur côté, les personnes plus âgées mettent ces troubles sur le compte de l’âge et se résignent…
L’hyperactivité vésicale est une affection sous-diagnostiquée et avec un faible taux de traitement.
L’étude épidémiologique Milsom portant sur plusieurs pays européens montre que :
> Seuls 60 % des patients atteints de ce syndrome vont consulter,
> Seuls 27 % des patients qui consultent sont traités.
Sur le plan thérapeutique, le nombre de médicaments à la disposition des médecins était, il y a quelques années encore, assez faible, avec une tolérance jugée médiocre, susceptible de décourager patients et médecins.
Les anticholinergiques sont aujourd’hui les médicaments de premier choix les plus utiliser. A noter qu’ils peuvent avoir des effets secondaires : constipation, sécheresse de la bouche, troubles de la vision, des troubles gastro-intestinaux…
Différents médicaments de ce type et à différents dosages sont disponibles. Parmi eux : un antagoniste des récepteurs de l’acétylcholine (à raison d’un comprimé par jour).
Dans certains cas d’incontinence urinaire, un traitement par rééducation périnéale pour être conseillé.
Hyperactivité vésicale : Sources et notes
> Wyndaele J-J. Fesoterodine: Individualised treatment of urgency urinary incontinence across patient groups. Eur Urol Supplements. 2011.
> Burgio KL, Locher JL, Goode PS. Combined behavioral and drug therapy for urge incontinence in older women. J Am Geriatr Soc 2000.
> Kauppila A, Alavaikko P, Kujansuu E. Detrusor instability score in the evaluation of stress urinary incontinence. Acta Obstet Gynecol Scand 1982.