Hyperacidité gastrique

Pin

Les douleurs à l’estomac peuvent être très douloureuses. On parlera alors de brûlures d’estomac, de crampes ou encore d’acidité gastrique. D’où vient ce trouble d’hyperacidité gastrique, que peut-on faire pour l’éviter et comment le traiter efficacement ?

Le milieu gastrique est naturellement acide. Son pH se situe aux alentours de 1. En effet le suc gastrique (produit entre 1 litre et 1,5 litre par jour) est composé de :

  • acide chlorhydrique produit par les cellules pariétales,
  • mucus et bicarbonates permettant la protection de la barrière muqueuse,
  • facteur intrinsèque permettant l’absorption de la vitamine B12,
  • pepsinogène se transformant en pepsine au contact du milieu acide,
  • lipase, enzyme permettant la dégradation des triglycérides.

Le saviez-vous ? Indispensable au renouvellement cellulaire, la vitamine B12 intervient aussi dans la synthèse de l’ADN, le fonctionnement du système nerveux et la formation des cellules du sang. La vitamine B12 est la seule vitamine du groupe B à ne pas être produite par l’organisme. On n’en trouve ni dans les fruits, ni dans les légumes, mais plutôt dans des aliments d’origine animale : la viande, les poissons, les crustacés, le lait, les fromages, et les oeufs.

Les symptômes

Les symptômes liés à une hyperacidité gastrique ou acidité gastrique sévère sont variés. Il peut s’agir :

  • de pyrosis (brûlures survenant dans le thorax, favorisé après les repas ou dans certaines positions, penché en avant ou allongé),
  • de douleurs épigastriques (aussi appelées aigreur d’estomac) à type de brûlures,
  • de ballonnements,
  • de reflux gastro-oesophagien.

Le reflux gastro-oesophagien (RGO) correspond à des remontées acides de l’estomac jusque dans l’œsophage ou même jusque dans la bouche en cas de régurgitations.

Schéma illustrant la barrière anti reflux et le mécanisme du reflux gastro-œsophagien :

Mécanisme du reflux gastro-oesophagienPin

Le reflux gastrique est un trouble très fréquent dans la population et constitue un motif fréquent de consultation chez le médecin généraliste ou le spécialiste comme le gastro-entérologue.

Un français sur 10 se plaint de reflux gastriques quotidiens. La plupart du temps ce trouble digestif reste bénin et n’est pas dangereux pour la santé de l’individu. Pourtant dans de rares cas, en cas de signes d’alerte, il justifie d’un suivi rapproché spécialisé et nécessite des explorations complémentaires.

Les causes

Il existe à l’état naturel une barrière anti-reflux. Il s’agit de la zone du cardia, celle-ci se compose :

  • du sphincter inférieur de l’œsophage qui empêche le bol alimentaire de l’estomac de remonter dans l’œsophage.
  • du hiatus diaphragmatique
  • l’angle de His, correspondant à l’angle aigu que forme l’œsophage et l’entrée de l’estomac permettant ainsi de limiter les reflux gastriques.

En cas de défaillance de l’un de ces composants, il existe une faiblesse de ce système favorisant alors les remontées acides de l’estomac vers l’œsophage.

A noter : Le cardia est donc la jonction entre l’oesophage et l’estomac ; cette jonction est normalement placée juste sous le diaphragme après le passage de l’oesophage dans l’abdomen. Le cardia est un sphincter : il s’ouvre pour faire passer le bol alimentaire dans l’estomac, puis il se referme.  

Certaines conditions anatomiques sont en cause dans la survenue de reflux gastro-oesophagien (RGO), il s’agit de :

  • l’hyperpression abdominale, comme l’obésité, la grossesse, la toux
  • l’hernie hiatale, correspondant à la remontée de l’estomac à travers le hiatus diaphragmatique.

Certains autres facteurs sont mis en cause dans l’hyperacidité gastrique. Il s’agit principalement de :

  • repas copieux,
  • repas gras,
  • tabac et l’alcool,
  • certains médicaments, en chef de file : les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS).

La prévention

Pour limiter l’existence de reflux gastro-œsophagien (RGO) et/ou d’hyperacidité gastrique, il faut favoriser certaines règles hygiéno-diététiques :

  • La perte de poids et la pratique d’une activité sportive peuvent diminuer l’hyperpression abdominale.
  • Il faut respecter une durée de 3 heures entre le diner et le coucher en cas de reflux gastriques nocturnes.

Il convient également de limiter certains aliments pourvoyeur de reflux et d’hyperacidité gastrique. Il s’agit principalement de :

  • pain frais et mie de pain fraiche
  • pâtisseries, céréales complètes
  • charcuterie
  • fritures, poissons gras
  • légumes secs
  • certains légumes comme : chou, petits pois, navets, oignons, salsifis, concombre, poireaux, artichauts, radis, poivrons…
  • certains fromages
  • les fruits oléagineux
  • les agrumes ou leurs jus, les tomates
  • certaines épices

Les aliments caloriques, mais tous ne sont pas à éviter :

Eviter les postures à risques : penché en avant (jardinage, certains sports), allongé (siestes juste après le repas).

Eviter les vêtements serrés qui peuvent favoriser les reflux gastriques et l’hyperpression abdominale.

Surélever la tête de lit.

Ne consommer ni alcool ni tabac.

Les traitements

Si ces mesures ne suffisent pas, certains médicaments sont disponibles. Il s’agit :

  • des antiacides (qui neutralisent le contenu acide de l’estomac),
  • des alginates (qui protègent la muqueuse oesophagienne),
  • des inhibiteurs de la pompe à protons (qui diminuent la production acide par l’estomac)…

En cas de forme sévère et réfractaire d’acidité gastrique, un traitement chirurgical pourra être proposé.

Afin d’objectiver et de confirmer l’existence d’un reflux acide ou d’une hyperacidité il faut réaliser des examens complémentaires. Ceux-ci ne sont indiqués et réalisés que dans certains cas particuliers et lorsqu’une chirurgie est envisagée. Il s’agit de :

  • une gastroscopie (endoscopie oeso-gastro-duodénale) qui peut être réalisée avec ou sans anesthésie générale et permet d’objectiver des complications liées à une hyperacidité gastrique (gastrite, œsophagite…)
  • une pH-métrie. Il s’agit de mettre en place une sonde par la narine jusqu’à l’œsophage (au dessus du sphincter inférieur de l’œsophage). Cette sonde permet d’enregistrer des reflux acides grâce à une électrode placée à son extrémité. La sonde est reliée à un boitier qui enregistre les données. Il ne faut pas prendre de traitement antiacide dans les 7 jours qui précède cet examen.
  • Une manométrie œsophagienne. Cet examen permet de détecter des troubles de la contraction œsophagienne. Une sonde est introduite par la narine et placée au niveau de l’estomac. Puis la pression est mesurée à différent niveau.

Sources et notes

Auteur : Dr Julia ROUX, gastro-entérologue

https://www.cregg.org/site/documents/reflux.pdf

Yorum yapın