Hydramnios : l’excédent de liquide amniotique pendant la grossesse
Lorsque la quantité de liquide amniotique augmente anormalement au cours de la grossesse, on parle d’hydramnios. Lorsque, au contraire, le liquide amniotique est anormalement faible par rapport au terme de la grossesse, on parle d’oligoamnios.
Mais à partir de quel moment, la quantité de liquide amniotique la considère-t-on comme “excessive” ? L’hydramnios, est-ce un phénomène courant ? Et surtout : est-ce dangereux pour le bébé et/ou la future maman ? Tout autant de questions auxquelles notre dossier apportera des réponses…
Le liquide amniotique : ça sert à quoi ?
Tout au long de la grossesse, le foetus baigne dans une poche translucide, qui est pleine de liquide amniotique.
Le liquide amniotique est compris entre les membranes et le placenta. Les membranes de cette poche, ainsi que le cordon ombilical, assurent les liaisons avec l’organisme maternel, permettant à l’enfant de se nourrir et de se développer correctement. Tout au long de la grossesse, cette poche amniotique grandit jusqu’à occuper l’intérieur de l’utérus.
Le liquide amniotique est, pour l’essentiel, composé des sécrétions des membranes amniotiques et du liquide secrété par les reins du bébé (c’est-à-dire son urine). Contenant de l’eau et des sels minéraux, il est riche en protéines indispensables à la croissance du foetus.
Le liquide amniotique a également des propriétés antibactériennes.
On trouve aussi dans le liquide amniotique des cellules de la peau du bébé qui ont été éliminées qui pourront être analysées lors d’une éventuelle amniocentèse.
Cette poche amniotique permet aussi de protéger bébé du bruit, en filtrant les sons, et d’atténuer les chocs.
Hydramnios : combien de liquide amniotique est normal ?
A 35 SA, la quantité de liquide amniotique est à son maximum avec environ 980 ml.
Ensuite, le liquide amniotique diminue jusqu’au terme pour atteindre un volume d’environ 700 ml.
A terme, le diagnostic d’hydramnios est posé, si la quantité de liquide est supérieure ou égale à 2 litres.Un hydramnios est observé dans 0,4 à 1,2 % des grossesses et peut avoir différentes causes (même si la cause n’est pas toujours retrouvée).
Hydramnios : les causes
L’hydramnios peut être dû à une fabrication trop importante de liquide, ou à un défaut de résorption par le foetus. Très souvent, on ne retrouve aucune cause précise à la survenue d’un hydramnios. Cependant, certains facteurs favorisants sont aujourd’hui parfaitement connus.
Ainsi, durant la grossesse, un hydramnios peut être provoqué par :
- Un diabète chez la femme enceinte (diabète gestationnel)
- Une malformation foetale.
- Une incompatibilité sanguine (Rh) maman/bébé.
- Un état de pré-éclampsie (association d’hypertension artérielle, de protéines dans les urines, avec souvent des oedèmes importants des jambes, des mains et du visage).
- Une anémie foetale importante.
- Une infection.
- Une grossesse gémellaire.
- Enfin, il peut y avoir une anomalie indéterminée de la régulation du liquide amniotique.
L’hydramnios a surtout un impact sur le plan maternel ; en effet, la distension de l’utérus compresse une grosse veine de l’abdomen (la veine cave inférieure), ce qui pourra provoquer des oedèmes ou des difficultés respiratoires chez la maman. Il existe alors un risque de menace d’accouchement prématuré.
Pour le foetus, le risque principal est la prématurité, et tous les problèmes qui peuvent l’accompagner. C’est pour cela que l’intervention d’un médecin gynécologue est indispensable pour prendre en charge la femme enceinte.
Hydramnios : les symptômes
Certaines femmes possèdent trop de liquide amniotique à certains moments de leur grossesse, mais ce problème est souvent passager.
Si ce trouble persiste, en revanche, et que le volume du liquide amniotique augmente de manière importante (on parle alors d’hydramnios), cela peut entraîner quelques désagréments, voire des complications comme des contractions utérines ou des présentations anormales du foetus.
Ce volume de liquide amniotique peut être supérieur à 2 litres, à terme : la poche amniotique est alors anormalement lourde, l’utérus se distend pouvant provoquer certains symptômes, comme des contractions et aboutir de ce fait à une menace d’accouchement prématuré.
L’hydramnios est inconfortable pour la mère pouvant ressentir des difficultés à respirer du fait de la sur-distension de son utérus.
Le diagnostic d’hydramnios peut être évoqué lors de l’examen effectué par la sage-femme ou le médecin, et lorsque la hauteur utérine est anormalement élevée par rapport au terme de la grossesse. L’échographie est également utilisée pour apprécier la quantité de liquide.
On distingue deux types d’hydramnios
Hydramnios aigu :
L’hydramnios aigu survient généralement au deuxième trimestre de la grossesse, de façon assez brusque, provoquant une augmentation rapide du volume de l’utérus et s’accompagnant parfois d’oedèmes, de tachycardie, d’insomnies… L’évolution est souvent défavorable même si l’on instaure des ponctions évacuatrices du liquide amniotique.
Hydramnios chronique:
L’hydramnios chronique est plus fréquent et survient généralement en fin de grossesse. Le principal risque est un accouchement prématuré, mais il peut être possible, avec du repos et un traitement adapté, de poursuivre la grossesse normalement.
Hydramnios : les traitements
En cas d’hydramnios, le gynécologue obstétricien prend en charge la femme et met en place des traitements, des solutions spécifiques en fonction de l’importance de l’hydramnios et le terme de la grossesse :
- Des examens complémentaires pourront être demandés si l’on ne retrouve pas la cause de l’hydramnios. Il peut s’agir de prises de sang à la recherche d’une infection, ou d’une amniocentèse pour établir le caryotype du bébé.
- Un repos total est nécessaire. La femme enceinte devra rester le plus possible en position allongée ou semi-assise. Pour celles qui travaillent, le médecin proposera alors un arrêt de travail ou un congé pathologique.
- Une surveillance médicale accrue doit être effectuée jusqu’à la fin de la grossesse.
- Des ponctions amniotiques, consistant à prélever un peu de liquide dans le but de diminuer la sur-distension utérine, pourront être effectuées. Mais si elles permettent de soulager temporairement la femme enceinte, elles augmentent en revanche le risque d’accouchement prématuré.
Les traitements de l’hydramnios déprendront aussi bien sûr des causes (si elles ont été identifiées) et devront être prises en charge. Par exemple, un traitement contre le diabète gestationnel sera prescrit.
Dans les cas très sévères, de malformation foetale, l’avis du Centre pluridisciplinaire de diagnostic prénatal (CPDPN) qui se prononce sur une éventuelle interruption médicale de grossesse (IMG).
Hydramnios : Sources et notes
– Le Grand Livre de Grossesse, Collège national des gynécologues obstétriciens français, Eyrolles, 2014.
– Hershkovitz R, et al. Cervical length assessment in women with idiopathic polyhydramnios. Ultrasound Obstet Gynecol. 2006.