On a souvent une idée fausse de cette maladie qui est la goutte : souvent on pense qu’il s’agit d’une maladie ancienne, qui toucherait les bons vivants, les personnes ayant un style de vie déréglé.
La goutte est une maladie métabolique. A l’origine de la goutte, il y a une hyperuricémie chronique, c’est-à-dire une augmentation anormale de la concentration d’acide urique dans le sang. Cette surcharge d’acide urique dans le sang peut évoluer dans le temps et s’aggraver en absence d’une prise en charge adaptée.
L’accès de goutte est la manifestation aiguë de cette maladie métabolique qui entraîne un dépôt de cristaux d’urates dans des articulations, mais aussi dans les reins. Cet accès de goutte est très douloureux pour le patient, et est à l’origine d’une inflammation locale d’une articulation. L’atteinte rénale est irréversible et fait toute la gravité de la maladie.
La goutte est une maladie multi-systémique, c’est-à-dire qu’elle peut atteindre plusieurs organes et évoluer vers des complications graves, comme une destruction articulaire et osseuse ; et une insuffisance rénale, mais aussi des pathologies cardiovasculaires, etc.
La goutte est d’abord une maladie articulaire grave, mais on peut la guérir, à condition de bien prendre les traitements prescrits. Les chiffres montrent qu’en France la prévalence de la maladie en population générale augmente : elle toucherait plus de 450 000 Français adultes. Si l’on considère ses potentielles complications, cette maladie souvent négligée devrait être considérée comme un enjeu de santé publique.
Goutte : Les symptômes
La goutte est la plus fréquente des arthrites inflammatoires.
Elle se manifeste souvent chez l’homme de plus de 40 ans, mais les cas de goutte féminine augmentent.
Avant la survenue du premier accès de goutte articulaire, cette maladie peut être asymptomatique. Les cristaux d’urate s’accumulent dans les articulations de façon silencieuse, sans donner de symptômes. De façon imprévisible, ces cristaux précipitent dans l’articulation et provoquent un accès aigu de goutte, entraînant une inflammation locale et des douleurs.
L’accès goutteux du gros orteil est la forme clinique la plus fréquente et la plus connue.
Une crise de goutte entraîne typiquement une impotence fonctionnelle totale avec une douleur très vive, empêchant le malade de dormir. Le gros orteil est rouge, chaud, gonflé. C’est une douleur nocturne inflammatoire. Elle dure plusieurs jours sans traitement.
Dans le sang, on retrouve une hyperuricémie, c’est-à-dire une augmentation anormale de la concentration d’acide urique dans le sang.
La succession des crises de gouttes dans les différentes articulations donnent des arthropathies uratiques : c’est une atteinte chronique des articulations.
Les dépôts d’urates dans les articulations entraînent des douleurs mécaniques différentes de celles des crises de goutte elles-mêmes ; elles apparaissent aux mouvements et sont calmées par le repos.
Les urates se déposent aussi dans les tissus qui entourent les articulations ce sont des tophus, ils forment des nouures jaunâtres assez caractéristiques autour des articulations des doigts des mains par exemple ou aux gros orteils, aux pieds, tendons d’Achille, coudes, au niveau des oreilles aussi…
L’atteinte rénale est plus grave que celle des articulations ; elle fait toute la gravité de l’hyperuricémie. Les cristaux d’urates peuvent former des calculs dans les voies urinaires, ou ils se déposent dans le tissu rénal ; la fonction rénale s’altère peu à peu, et cela conduit à une insuffisance rénale.
Pour éviter cette évolution irréversible, l’hyperuricémie doit être traitée.
Goutte : Les causes
Les causes d’excès d’acide urique dans le sang sont variées :
- Certaines maladies (insuffisance rénale, hémopathies…), des médicaments (diurétiques, cytotoxiques…), des situations particulières (jeûne, effort musculaire…), provoquent une diminution de l’élimination de l’acide urique ou une fabrication (synthèse) accrue d’acide urique.
- Ailleurs, c’est un défaut enzymatique qui est responsable de l’excès d’acide urique dans le sang : l’acide urique n’est pas assez métabolisé et s’accumule.
- Des excès alimentaires, d’alcool peuvent favoriser l’apparition de crises de goutte par excès d’apport.
- Des cas familiaux sont enfin possibles.
Suite à une hyperuricémie, des cristaux d’urate de sodium se déposent dans les articulations et provoquent des crises de goutte. Ils se déposent aussi dans les reins, forment des calculs dans les voies urinaires et provoquent des coliques néphrétiques.
Les articulations les plus touchées sont :
- l’articulation du gros orteil,
- d’autres articulations peuvent être touchées : au niveau du pied, du genou aussi,
- les articulations des mains et des doigts sont parfois atteintes,
- ainsi que les poignets et les coudes.
Quand de tels symptômes surviennent, il faut consulter. Pour le médecin, le diagnostic peut être assez simple à réaliser. Après l’examen clinique du patient, des réponses à différentes questions d’ordre médicale, une prise de sang et une radiographie… le diagnostic de goutte peut être réalisé.
Goutte : Les traitements
Le traitement de la goutte consiste à prendre en charge la crise de goutte ainsi qu’à prévenir les récidives et les complications éventuelles. Il est pris à vie ; un suivi médical régulier est nécessaire.
L’OBJECTIF DU TRAITEMENT DE LA GOUTTE
L’objectif du traitement de la goutte est de traiter l’accès de goutte (crise de goutte) et de supprimer la douleur.
Il permet aussi, grâce à un traitement de fond, de prévenir :
- la récidive des accès goutteux ;
- la formation des tophi ;
- les complications articulaires ;
- l’apparition de calculs rénaux.
Le traitement de fond est efficace si l’uricémie baisse en dessous une valeur seuil afin d’obtenir la dissolution des urates (sels de l’acide urique).
La goutte est une maladie chronique qui nécessite un traitement à vie et une prise en charge multidisciplinaire, associant le médecin traitant, un rhumatologue, un cardiologue, un néphrologue, etc. Et ce, afin de contrôler la goutte mais aussi le risque cardiovasculaire associé.
LE TRAITEMENT DE LA CRISE DE GOUTTE
Crise de goutte : calmer l’inflammation de l’articulation
Le traitement passe tout d’abord par la mise au repos de l’articulation atteinte par la goutte (repos du pied en cas d’atteinte d’une articulation d’un orteil par exemple). Un appareillage, telle une orthèse, peut être proposé pour soulager l’articulation (par exemple, du poignet).
Afin de diminuer l’inflammation, il est recommandé de refroidir l’articulation avec de la glace. Celle-ci de ne doit pas poser directement sur la peau pour éviter la sensation de « brûlure » provoquée par le froid. Il est préférable de la glisser dans un linge propre avant de la poser sur l’articulation inflammatoire (souvent le gros orteil). L’opération peut être renouvelée chez soi, toutes les 4 heures ; cela raccourcit la durée de l’accès goutteux.
Le traitement médicamenteux de la crise de goutte
Différents médicaments peuvent être prescrits par le médecin traitant pour traiter la crise de goutte ; le choix se fait en fonction du patient.
LE TRAITEMENT DE FOND DE LA GOUTTE
Le traitement de fond a pour but de maintenir l’uricémie (taux d’acide urique dans le sang) sous une valeur seuil. Ce traitement à vie comprend des modifications du mode de vie et souvent un traitement médicamenteux.
Les mesures hygiéno-diététiques indispensables en cas de goutte
Les mesures hygiéno-diététiques ont un effet modéré pour faire baisser le taux d’acide urique dans le sang. Elles gardent cependant tout leur intérêt en termes de santé globale, étant donné les comorbidités fréquemment associées à la goutte, et le risque cardiovasculaire.
En cas de goutte, il est donc nécessaire :
- de maigrir progressivement (entre 5 à 15 %) en cas de surpoids ou d’obésité ;
- de pratiquer un exercice physique régulier, adapté à l’état de santé ;
- de diminuer la consommation de boissons alcoolisées. Il est indispensable d’arrêter de boire :
- de la bière, très riche en purines, même lorsqu’elle est sans alcool ;
- des alcools forts.
- de ne plus consommer de sodas sucrés et de jus de fruits riches en fructose ;
- d’adopter une alimentation équilibrée et de réduire la consommation de produits riches en purines : viande, abats, poissons, fruits de mer en préférant la viande maigre ;
- d’augmenter les apports en laitages appauvris en graisses (lait écrémé) qui favorise l’élimination de l’acide urique par les reins. La consommation de cerises a aussi cet avantage ;
- de consommer du café, de la vitamine C (en l’absence de contre-indication) qui auraient un rôle hypo-uricémiant.
Les purines d’origine végétale sont sans risque
Un régime riche en purines animales multiplie par 5 le risque de crises de goutte chez un patient goutteux.
En revanche, il n’existe pas de risque lié à la prise de purines d’origine végétale et que l’on retrouve dans les pois, les haricots, l’oseille, les lentilles, etc.
Le traitement de fond hypo-uricémiant
Le traitement hypo-uricémiant est indiqué en cas d’accès goutteux récidivants (au moins 2 fois par an), de tophi ou d’arthropathie goutteuse. Cependant, ce traitement de fond est prescrit après la première crise de goutte dans les cas suivants :
- la personne est âgé de moins de 40 ans ;
- l’uricémie est très élevée ;
- la personne a des maladies cardiovasculaires associées (angine de poitrine, HTA, etc.) ou une insuffisance rénale.
Il n’est pas prescrit en cas d’hyperuricémie sans symptôme, c’est à dire lorsque le patient n’a pas eu de crise de goutte.
Le traitement de fond hypo-uricémiant doit être débuté à la plus faible dose possible puis augmenté progressivement jusqu’à l’obtention de l’uricémie cible qui doit être maintenue toute la vie. L’objectif est d’atteindre une uricémie inférieure à 360 mmol/L (60 mg/l), voire 300 mmol/L en cas de goutte sévère.
Pendant les premiers mois du traitement hypo-uricémiant, des crises de goutte peuvent survenir. Un traitement préventif des accès de goutte (colchicine à faible dose, AINS) est donc proposé au patient pendant les 3 à 6 premiers mois.
Différents médicaments existent pour le traitement de fond hypo-uricémiant.