Fuites urinaires : parlons-en !

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Un fou rire, un effort trop violent, une grosse envie et pas de toilettes à proximité… une fuite urinaire est vite arrivée.

Soyez donc rassuré : les fuites urinaires ne sont pas un phénomène rare (au contraire). Et si cela vous arrive de temps en temps, il n’y a pas de quoi paniquer.

Mais sachez qu’il est tout de même important d’en parler franchement avec un médecin pour savoir comment se traiter. Aussi, si ce genre d’accident se répète et commence à réellement gêner, il est temps de trouver des solutions à ce problème de fuites urinaires.

Fuite urinaire ou incontinence : c’est quoi ?

On peut définir l’incontinence urinaire comme une fuite d’urine involontaire. On parle d’incontinence lorsque ces fuites urinaires deviennent gênantes, voire handicapantes. Elles peuvent alors entraîner des retentissements psychologiques ou sociaux importants.
A savoir : l’incontinence urinaire n’est pas une maladie : c’est un symptôme ! Et même un symptôme fréquent puisqu’on estime que plus de 3 millions de Français en seraient victimes.

Les fuites urinaires touchent plus souvent les femmes. Pourquoi ? Pour la simple et bonne raison que le conduit urinaire est plus court que chez les hommes. Une pression trop importante de la vessie mal compensée par la pression sphinctérienne, et c’est la fuite d’urine !
Si l’incontinence urinaire a tendance à augmenter avec l’âge, elle peut cependant aussi toucher des femmes jeunes. Mais encore une fois, quel que soit l’âge, des solutions existent !
Découvrez dans notre dossier les différents types d’incontinence, leurs causes et traitements.

A lire aussi notre interview avec un médecin spécialiste, qui a répondu à nos questions sur les fuites urinaires, et le témoignage d’une patiente.

Fuites urinaires : deux types d’incontinence

On distingue deux grands types d’incontinence : l’incontinence d’effort et l’incontinence par envie :

L’incontinence d’effort

L’incontinence d’effort concerne plus volontiers la femme jeune.

On a toutes connu ce genre d’accident. On a la vessie pleine et on fait un effort trop violent : on tousse, on rit, on porte une charge trop lourde et c’est la fuite. Tout cela est tout à fait normal. La vessie est pleine, on exerce une pression abdominale importante et cela appuie sur la vessie. Trop de pression !

On ne peut parler d’incontinence d’effort que lorsque les incidents se répètent trop souvent et que cela devient handicapant.

Dans l’incontinence d’effort, la fuite survient sans envie d’uriner. Les muscles qui maintiennent le sphincter fermé sont affaiblis et lorsque la pression abdominale est trop forte, lors d’une toux, d’un éternuement, d’un effort physique ou d’un fou rire, il peut y avoir des fuites.

Près d’1 femme enceinte sur 3 est tourmentée par des épisodes d’incontinence. La ménopause est une période à risque également.

L’incontinence urinaire par envie :

Ce type d’incontinence se manifeste par des envies pressantes, impérieuses que l’on ne peut pas retenir.

C’est malheureusement un des effets du temps qui passe. Le plancher pelvien est moins tonique. Les muscles se relâchent, les sphincters aussi et les fuites deviennent plus fréquentes. D’où l’importance de se maintenir en forme et de faire suffisamment d’exercices physiques pour garder un bon tonus musculaire.

Le problème n’est pas mécanique, mais concerne la vessie qui se contracte trop, sans raison. La vessie est hypertonique. Elle est sujette à des contractions permanentes. Cette hyperactivité vésicale peut être le signe d’une maladie infectieuse ou d’une affection neurologique.

Chez la femme très âgée, l’incontinence est souvent liée à un déficit neurologique. La transmission du signal depuis le cerveau, vers les muscles de la vessie sont anarchiques, d’où les envies impérieuses d’uriner. Lorsque les fonctions cognitives sont altérées, dans le grand âge, l’incontinence est alors l’un des effets du vieillissement.

Fuites urinaires : les causes

En fait, on ne connaît pas très bien les causes des fuites urinaires. Ce que l’on sait est que cela touche plus volontiers les femmes que les hommes, et que la fonction urinaire s’altère avec le temps qui passe.

Les grossesses en cause

Les grossesses ont un impact, mais difficilement mesurable. Pendant longtemps, on a eu tendance à associer les grossesses et les accouchements par voie basse à l’ incontinence urinaire. Le lien n’est pas si évident que cela. Déjà, cela varie d’une femme à l’autre.

Les fuites urinaires, une question d’âge ou de famille

Ce qui ressort des différentes études, est que passé 65 ans, que l’on ait eu des enfants ou pas, que l’on ait accouché par voie naturelle ou pas, on devient à peu près égales par rapport aux risques d’incontinence. Ce serait donc l’âge qui serait la cause principale.

Il semble également qu’un facteur héréditaire favoriserait la survenue de l’incontinence urinaire.

Les autres causes sont :

  • Une infection urinaire basse, une cystite.
  • Une inflammation ou infection du vagin.
  • Un mauvais fonctionnement de la vessie, trop paresseuse ou au contraire hyperactive.
  • Un prolapsus (la descente des organes contenus dans le périnée).

D’autre part, on a constaté que l’incontinence était souvent associée à des pathologies comme les cystites à répétition. Sans pour autant que les infections ou la cystite elle-même puissent être une cause avérée d’incontinence urinaire.

Consulter son médecin

Ce n’est pas toujours très agréable d’aller avouer à son médecin des fuites trop fréquentes. Mais il existe des moyens de réparer tout cela, et le médecin cherchera la cause de l’incontinence urinaire. Ou, s’il ne parvient pas à en déterminer la cause, il saura proposer des solutions.

Pour cela, le médecin vous posera de nombreuses questions. Il vous demandera, par exemple, de repérer sur plusieurs jours la fréquence et le volume de vos urines. Cela permettra de diagnostiquer une polyurie, par exemple, des mictions trop fréquentes.
Mais cela va permettre aussi une prise en charge sur le plan psychologique et comportemental.

Le médecin pourra également demander des examens complémentaires.

Les principaux examens complémentaires :

  • Un examen bactériologique des urines (ECBU) à la recherche d’une infection.
  • Un bilan urodynamique pour étudier la miction et le remplissage de la vessie.

Dans certains cas :

  • Une échographie vésicale pour mesurer l’épaisseur de la paroi vésicale et le volume urinaire résiduel après la miction.
  • Une cystoscopie. A l’aide d’une fine sonde munie d’une mini-caméra, le médecin regarde directement dans la vessie pour chercher une éventuelle anomalie.

Le médecin spécialiste qui peut être consulté est un urologue ou un gynécologue.

Fuites urinaires : les traitements

Les traitements des fuites urinaires ne seront pas les mêmes, selon qu’il s’agit d’une incontinence d’effort ou d’une incontinence par envie.

Il existe différents types de traitements :

Modification de l’hygiène de vie

La fuite urinaire peut être le signe de certains problèmes de santé. Ainsi, un poids trop élevé, entraîne souvent une incontinence. Il est donc important de surveiller son poids et de faire du sport.
Un bon entretien du corps et une bonne hygiène de vie peuvent être un traitement efficace de l’incontinence urinaire.

La rééducation périnéale

Le kinésithérapeute ou la sage-femme (après l’accouchement) peuvent vous aider. Ils sont formés pour cela. Cela consiste à réaliser des exercices pour tonifier le plancher pelvien.

Attention aux abdominaux : lorsqu’ils ne sont pas effectués sous contrôle d’un kinésithérapeute ou d’une sage-femme, ils peuvent, au contraire, favoriser une incontinence.

La rééducation périnéale vous permettra également d’apprendre à contrôler vos envies d’uriner. En fait, la kinésithérapie vous permet de prendre conscience des muscles du périnée et ainsi de tonifier le plancher pelvien pour le renforcer. Cette rééducation est prescrite à raison de 12 à 15 séances, prises en charge par la Sécurité sociale.

Mais attention : une fois les séances de rééducation terminées, il vous faudra continuer les exercices à la maison.

La chirurgie

On l’envisage lorsque l’incontinence devient vraiment invalidante. Si, autrefois, les chirurgiens préconisaient la remontée de la vessie, depuis une dizaine d’années, c’est une méthode beaucoup moins invasive qui est préférée : la pose de bandelettes sousurétrales.

À noter : Pour l’incontinence d’effort, c’est la rééducation qui est privilégiée. Dans le cas d’une incontinence par hyperactivité vésicale, un traitement médicamenteux sera d’abord envisagé.

Les médicaments

Selon le type d’incontinence, le médecin pourra prescrire des médicaments anticholinergiques. C’est ce qu’il fait en cas d’hyperactivité vésicale.

Les anticholinergiques ont pour but de diminuer le réflexe vésical. Le traitement est généralement prescrit pour une durée de trois mois.
Au bout de ce délai, le médecin effectue une évaluation. S’il y a amélioration, le traitement est poursuivi.

Si les résultats montrent une amélioration incomplète, un examen urodynamique sera demandé. Il s’agit d’un examen permettant de connaître la tonicité et les pressions s’exerçant à l’intérieur de la vessie. C’est la cystomanométrie.

L’opération

La pose de bandelettes sousurétrales est la technique chirurgicale la plus appréciée des spécialistes. Elle est moins invasive que les précédentes techniques (qui consistaient essentiellement à remonter la vessie), et elle marche dans 90 % des cas.

L’intervention rapide consiste à poser une sorte de ruban synthétique sous le conduit urinaire (qui mène les urines de la vessie à l’extérieur).

L’intérêt de ce ruban est qu’il n’empêche pas les urines de s’évacuer mais qu’il permet de les retenir lors des efforts.
Les efforts abdominaux poussent le conduit urinaire contre le ruban, ce qui évite les fuites.
Au repos, lorsque la vessie se contracte pour la miction, le ruban laisse s’écouler l’ urine.

Outre son taux de réussite important, l’intervention est rapide et ne nécessite pas une hospitalisation longue.

La prévention

D’abord, une bonne hygiène de vie. Attention au poids, la surcharge pondérale est un facteur aggravant.
Pensez à rester tonique. Les muscles du périnée doivent rester forts, le plus longtemps possible.

Attention aux efforts répétés qui peuvent favoriser un relâchement du périnée (la région entre l’anus et le vagin).
La constipation chronique, par exemple, peut être une cause d’incontinence, tout comme certains efforts professionnels ou la pratique de sports, comme le tennis, le basket…

Fuites urinaires : les conseils du médecin spécialiste

Les conseils du docteur Xavier Fritel, médecin spécialiste, gynécologue au CHU de Poitiers.

Est-ce que l’on connaît les raisons de l’incontinence urinaire ?

D’abord, il n’existe pas une incontinence, mais plusieurs formes d’incontinence. Et on ne connaît pas toujours très bien les causes. Mais, à la limite, si le médecin ne parvient pas à déterminer avec précision la raison exacte d’une incontinence, il peut, par les examens, par les traitements, en venir à bout. Et c’est ça l’essentiel.
L’origine d’une incontinence urinaire peut être difficile à identifier, elle peut dépendre parfois simplement de certaines habitudes de vie…

Par exemple ?

Je me souviens d’une patiente qui me posait problème. Elle avait des fuites qui l’handicapaient beaucoup. Tellement, qu’elle avait tendance à vouloir s’enfermer chez elle. Elle avait développé une véritable phobie professionnelle. D’ailleurs, elle avait remarqué que chez elle, elle était moins sujette à ces fuites. Mais au travail ça revenait. On a cherché la raison. En fait, quand elle travaillait, elle avait besoin de boire beaucoup de café. Elle absorbait ses deux litres chaque jour. Alors, on ne sait pas si c’est le café qui provoquait les fuites ou la quantité de liquide absorbé, tout simplement… le fait est que c’était cette habitude qui était en cause. Donc, vous voyez, cela peut être une cause toute bête. Très facile à réparer. D’où l’importance d’aller consulter et d’en parler.

Quelles sont les conséquences les plus fréquentes d’une incontinence ?

L’incontinence urinaire n’est pas une maladie. Mais c’est parfois un véritable handicap social. Quand on voit des femmes qui n’osent plus sortir de chez elles, à cause de cela, qui finissent par avoir une image complètement dégradée d’elles-mêmes, qui deviennent dépressives… alors on comprend que le vécu de l’incontinence est souvent très douloureux. Voilà la conséquence vraiment grave de l’incontinence : le handicap social.

Consulter servira bien sûr à trouver des solutions…

L’incontinence urinaire n’est pas une fatalité, même si c’est très fréquent. Des solutions existent : la rééducation, les médicaments et même la chirurgie quand le reste ne marche pas. Il y a toujours une solution. Sauf, peut-être, dans le cas de femmes très âgées qui souffrent de pathologies neuro-dégénératives.

Mais la plus grande partie des patientes sont des femmes jeunes : entre 45 et 65 ans. Et pour celles-là, il y a des traitements tout à fait satisfaisants. Il ne faut pas hésiter 

Fuites urinaires : sources et notes

– Item 321 : Incontinence urinaire de l’adulte – Prolapsus et Incontinence Urinaire d’Effort (IUE), Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français (CNGOF), 2010-2011.

– Agence Nationale d’Accréditation et d’Évaluation en Santé (ANAES), Prise en charge de l’ incontinence urinaire de l’adulte en médecine générale, 1995.

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