Fracture de fatigue

Fracture de fatiguePin

La fracture de fatigue correspond à des sortes de fissures microscopiques touchant un os.

La fracture de fatigue tire son appellation de la science des matériaux qui établit qu’un élément solide soumis de façon durable à des forces répétitives, finit par présenter, au sein de sa structure des craquelures.

De tels défauts structuraux sont étudiés, par exemple, à propos des avions ou des ponts pour lesquels il important de les détecter avant qu’ils ne deviennent la source de catastrophes !

Chez l’être humain, le squelette, soumis à un surmenage physique est susceptible de présenter ce type de fissures.

Ce sont les os des membres inférieurs (jambe, pied), que l’on appelle membres « porteurs », qui sont les plus exposés aux fractures de fatigue, mais le bassin et le bas de la colonne vertébrale peuvent plus rarement être en cause.

Le type de surmenage susceptible de produire une fracture de fatigue comporte soit des sauts, soit de la course de fond, soit même de la marche prolongée de type randonnée.

On peut d’ailleurs relever que, historiquement, c’est en milieu militaire, à la suite de marches forcées que furent observées de façon quasi-épidémique les fractures de fatigue.

La qualité du squelette est la plupart du temps normale, mais peut parfois être altérée et fragilisée en cas d’ostéoporose. Ce qui peut favoriser la survenue d’une fracture de fatigue.

Fracture de fatigue : les causes

Les causes d’une fracture de fatigue sont liées à des phénomènes physiques qui s’exercent sur les os.

La fracture de fatigue résulte de l’application renouvelée, sur un os donné, d’un ensemble de forces d’intensité supérieure à celle tolérable par la résistance naturelle de l’os en question. Dans cet ensemble de forces, il faut tenir compte des forces statiques qui maintiennent la posture ou l’équilibre du corps ; et des forces dynamiques résultant de la vitesse ou de l’accélération nécessitées par les performances sportives.

Contrairement aux fractures « habituelles », « classiques » produites par un traumatisme, une chute ou un impact accidentel, les fractures de fatigue surviennent dans un contexte évènementiel peu marquant.

Il existe une trentaine de pièces osseuses dans chacune de nos jambes. Il suffit qu’au niveau d’un seul os se produise, de façon répétée, un déséquilibre de forces supérieur à sa solidité. On comprend alors le risque d’activités physiques prolongées et stéréotypées.

Les causes des fractures de fatigue sont souvent liées à des activités physiques, ou à des sports où l’endurance est mise en jeu. Qu’il s’agisse d’un semi-marathon, d’un marathon ou d’une randonnée pédestre substantielle, la fracture de fatigue peut toujours survenir. La fracture de fatigue reste effectivement plus surprenante dans son contexte de survenue après la visite d’un musée ou d’une exposition.

La fracture de fatigue peut aussi survenir à la reprise d’un entrainement sportif insuffisamment graduel, pour lequel le squelette n’a pas eu le temps de se réadapter.

En effet, le squelette est un tissu vivant en perpétuel remodelage entre des phénomènes de résorption ou de raréfaction osseuse, et des phénomènes de reconstruction. Il s’agit cependant d’un remodelage lent dont le volet reconstruction est stimulé par l’activité physique, alors qu’à l’inverse la sédentarité favorise une fragilité osseuse.

Après une période prolongée d’inactivité physique, la reprise un peu trop intense et brutale d’un sport risque de venir surpasser les capacités naturelles de reconstruction et induire une fracture de fatigue.

Fracture de fatigue : les symptômes

La fracture de fatigue n’est pas toujours évoquée dès la première consultation. La douleur est bien sûr le premier symptôme d’une fracture de fatigue.

Pour sa localisation la plus fréquente, c’est une douleur au pied qui pousse à prendre un avis médical. Les symptômes ressentis par le patient empêchent, dans certains cas, presque totalement d’appuyer son pied en marchant, induisant de ce fait une boiterie d’esquive et/ou un usage préférentiel d’un appui sur le talon.

Le médecin spécialiste, un chirurgien ou un rhumatologue, va poser différentes questions au patient, liées à ses symptômes, lui permettant de se mettre sur la piste d’un diagnostic, car bien souvent des radiographies ont été faites sans déceler la moindre anomalie. Le profil d’activité, en particulier sportive sera établi.

Ce qui est évocateur de la fracture de fatigue est la participation à des sports tels que tennis, le basket-ball, la gymnastique, des activités à forte composantes de sauts.

Le médecin peut analyser l’appui du pied concerné avec un podoscope (le patient se tient sur un épais plateau de verre), la morphologie architecturale du pied détectera des anomalies susceptibles de favoriser la survenue de ces fractures : pied plat ou au contraire un pied creux rigide appelé aussi « pied cambré ».

Il sera également utile de faire préciser si dans le passé sont survenues d’autres fractures laissant penser à une ostéoporose sous-jacente. Le médecin cherchera également à savoir si le patient a pris certains médicaments, quelques fois à l’origine de telles fractures (comme les diphosphonates).

Dans ce contexte d’une douleur du pied, les examens complémentaires nécessitent d’effectuer :

  • des radiographies, sont au début d’un intérêt limité dans la mesure où elles ne finissent par objectiver la fracture de fatigue qu’après plusieurs semaines d’évolution ;
  • une scintigraphie osseuse permet de détecter un foyer de concentration du marqueur, identifiant en principe le diagnostic ;
  • une IRM est sans doute la meilleure façon d’identifier la fracture de fatigue soit très tôt dans son histoire évolutive, soit après repérage préalable de sa localisation par la scintigraphie.

Fracture de fatigue : les traitements

Traiter une fracture de fatigue, une fois le diagnostic établi, ne diffère guère radicalement du traitement d’une fracture standard non déplacée.

En clair, pendant quelques semaines (au minimum 3), le patient marche avec des cannes anglaises sans poser le pied par terre. L’interruption de la mise en charge par des cannes ou un autre dispositif, accompagnée ou non d’une immobilisation par plâtre ou un dispositif amovible équivalent, constituent les piliers classiques du traitement.

La prise de médicaments antalgiques n’est pas systématiquement. Un apport supplémentaire de vitamines, en particulier la vitamine D, est quelque fois utile.

Le patient va surtout falloir s’armer de patience car les délais de consolidation sont parfois longs et en attendant la survenue d’une telle consolidation, le repos plus ou moins strict est nécessaire, et en tout état de cause, l’arrêt de l’activité sportive à l’origine de la lésion est impérative.

Le plus délicat pour le médecin est sans doute de convaincre la personne de ne pas reprendre prématurément les activités à l’origine de la fracture de fatigue. Et il est demandé au patient d’être très progressif dans la reprise de son activité. Cela est relativement aisé avec un sportif de loisir, mais c’est beaucoup moins évident avec une danseuse ou un sportif de compétition.

Parmi les traitements envisagés, il est rarissime que l’aggravation d’une fracture de fatigue vienne à conduire nécessite une opération chirurgicale avec fixation (plaques, vis…).

Comment prévenir une fracture de fatigue ?

Enfin, on ne saurait clore ce chapitre au sujet du traitement sans insister sur la prévention des fractures de fatigue par des mesures simples et de bon sens :

  • en cas de changement d’un niveau sportif, le faire de façon graduelle à la fois en durée, fréquence et intensité ;
  • toujours privilégier le chaussage approprié à l’activité choisie ;
  • préférer la diversité d’activité sportive (« cross-training ») à l’hyperspécialisation dans un sport à haut degré d’impact ;
  • ne pas hésiter à se faire suivre par un médecin du sport susceptible de détecter d’éventuelles carences vitaminiques ou nutritionnelles.

Fracture de fatigue : sources et notes

Auteur : Dr Charles Msika, chirurgien orthopédiste.

Sources :

– Rehabilitation and return to running after lower limb stress fractures. Liem BC, Truswell HJ, Harrast MA. Curr Sports Med Rep. 2013 May-Jun;12(3):200-7. doi: 10.1249/JSR.0b013e3182913cbe. Review.
– Triathlon: running injuries. Spiker AM, Dixit S, Cosgarea AJ. Sports Med Arthrosc. 2012 Dec; 20(4):206-13. doi: 10.1097/JSA.0b013e31825ca79f. Review.
– Bone health in endurance athletes: runners, cyclists, and swimmers. Scofield KL, Hecht S. Curr Sports Med Rep. 2012 Nov-Dec;11(6):328-34. doi: 10.1249/JSR.0b013e3182779193. Review.

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