Un bouton dans la région anale, des douleurs, l’impression que ça ne cicatrise pas… Autant de signes d’une fistule anale qu’il vous faut soigner au plus vite afin d’éviter les complications.
Pour comprendre le mécanisme de la fistule anale, faisons un tour anatomique dans la zone de l’anus. On y trouve entre autres, le canal anal, qui sépare le rectum du milieu extérieur. C’est au niveau de ce canal qu’il y a des petites formations qu’on appelle cryptes (de Morgagni) débouchant vers des canaux glandulaires à l’intérieur des tissus. Si une infection se développe à ce niveau-là, on ne va pas s’en apercevoir immédiatement, d’autant qu’elle n’est pas forcément douloureuse au début.
La caractéristique de toute infection est de se propager de façon presque anarchique. Elle va alors s’étendre dans les canaux et essayer de se frayer un trajet pour sortir par tous les moyens possibles.
C’est ainsi qu’à l’intérieur des tissus de la zone des fesses, vont se créer, un peu n’importe comment, des tunnels. Ces voies, qui ne sont pas naturelles, peuvent aller jusqu’à percer la peau. Au début, il n’y a pas de signes flagrants, si ce n’est quelque chose qui ressemble à un petit bouton infecté qui suinte. A ce stade si on ne le soigne pas, celui-ci peut se transformer en abcès.
Attention à ne pas confondre la fistule anale avec :
- La fissure anale, qui est une lésion qui se trouve à l’intérieur de la muqueuse anale, au niveau du rectum. Elle n’a pas les mêmes causes que la fistule anale puisqu’elle peut être le résultat d’un traumatisme. Les symptômes et le suivi ne sont pas les mêmes non plus.
- Le kyste pilonidal, qui comme son nom l’indique est le résultat d’un poil qui pousse vers l’intérieur de la peau au lieu d’aller vers l’extérieur. Placé souvent au niveau du pli fessier, il entraîne des complications différentes mais aussi un traitement autre.
Auteur : Ladane Azernour-Bonnefoy
Fistule anale : les causes
Si l’infection est bien la cause de la fistule anale, il faut tout de même tordre le cou aux idées reçues. Les fistules anales ne sont pas la conséquence d’une hygiène douteuse ou d’une mauvaise alimentation. Elles peuvent apparaître chez n’importe qui.
Même si on sait aujourd’hui que manger sainement, éviter le trop-plein de graisse et de sucre, varier les repas, se nourrir de fruits et légumes, ne pas abuser des boissons gazeuses et de l’alcool permettent de conserver une bonne santé, on n’a pas encore trouvé de corrélation entre la fistule anale et notre alimentation. En l’état actuel des connaissances, il n’y a donc pas de moyen de l’anticiper en modifiant ce que l’on mange.
Toutefois, on a retrouvé un terrain commun chez certaines personnes qui ont des pathologies digestives particulières. C’est le cas de celles et de ceux qui souffrent de rectocolites ulcérohémorragiques. Cette maladie se manifeste par l’inflammation et des saignements de la partie basse du tube digestif ainsi que du rectum. La muqueuse étant touchée, le risque d’infection n’en est que plus grand.
La maladie de Crohn, une autre pathologie touchant cette fois la muqueuse d’une plus grande partie des intestins, est retrouvée dans certains cas de fistule anale. C’est également le cas des cancers des voies basses digestives. Il arrive qu’il y ait des abcès de la zone péri-anale qui auraient été mal soignés et qui se compliquent en se transformant en fistule anale.
Enfin sachez que fort heureusement toutes les infections ne débouchent pas systématiquement sur une fistule anale. Certaines régressent spontanément sans aucune intervention extérieure. Elles peuvent cependant être récidivantes.
Fistule anale : les symptômes
Le premier signe est la survenue d’un bouton rouge, qui n’est pas systématiquement accompagné de douleur. Petit à petit, le bouton grossit et devient purulent.
L’étape suivante est l’écoulement de liquide de couleur blanche tirant sur le jaune, avec une très forte mauvaise odeur, typique de l’infection. C’est d’ailleurs comme ça que les gens s’aperçoivent de la présence du bouton, car les sous-vêtements sont tachés et souvent malodorants. A ce stade il n’y a pas forcément de douleur encore. Elle va s’installer petit à petit pour devenir de plus en plus aiguë à partir du moment où la fistule évolue vers un abcès.
Comme toute douleur résultant d’une inflammation, elle est pulsatile. Cet abcès est une petite boule dure et rouge et très douloureuse. La position assise est alors très difficile. Si la douleur disparaît par elle-même cela voudra dire que l’abcès a été spontanément résorbé mais il y a de fortes chances pour qu’elle réapparaisse. Comme pour toute infection, il peut y avoir de la fièvre.
En plus de tous ces signes physiques pas très agréables, il y a des effets collatéraux qui se greffent sur la fistule anale : les pertes nauséabondes, l’inconfort qui accompagne la position assise.
Pour les femmes, il faut prendre en compte le risque que la fistule débouche sur le vagin, entrainant une infection vaginale et vous comprendrez la difficulté qu’ont certaines personnes à en parler à leur médecin. Pourtant il ne faut absolument pas traîner lorsqu’on soupçonne un problème de ce type dans la zone anale. Il faut faire fi de sa gêne et prendre rendez-vous le plus rapidement possible chez un médecin afin qu’il constate l’étendue de l’éventuelle infection et qu’il apporte les solutions adéquates.
Fistule anale : les traitements
Bien qu’il s’agisse d’une infection, la prise de médicaments tels que des antibiotiques ne soignera l’infection que sur un temps limité. Mais pour la fistule anale le seul traitement qui en viendra à bout est la chirurgie.
Celle-ci se pratique par un chirurgien digestif sous anesthésie générale ou locorégionale. Etant donné que le risque principal est de toucher les muscles du sphincter, qui sont ceux qui contrôlent la rétention et la libération des selles, l’opération doit se faire de façon très minutieuse.
L’intervention consiste à retirer le tunnel qui a été anormalement créé dans les tissus en faisait bien attention à ne toucher aucun muscle anal. S’il y a un abcès, il faudra d’abord le percer afin d’évacuer le pus. Si le trajet de la fistule est superficiel ou simple, l’intervention se fera dans la foulée. Si le trajet est plus complexe ou prend des chemins plus profonds, l’intervention se fera en deux, voire plusieurs fois.
Une fois que la fistule a été retirée, le canal qui l’abritait va être nettoyé afin de ne laisser aucun résidu. Cette région étant très vascularisée, la cautérisation est nécessaire pour arrêter les saignements.
L’étape suivante est de poser un élastique (appelé séton) dans le trajet fistuleux afin de permettre la reconstruction des tissus. La personne devra revenir à intervalles réguliers (environ tous les quinze jours) pour resserrer l’élastique. Ce faisant, plus on avance dans le temps, plus l’élastique diminue de taille, aidant ainsi à la reconstruction des muscles du sphincter anal. Petit à petit le canal qui abritait la fistule se sera reconstruit et aura disparu. Le retour à la maison se fait dans les 24 heures suivant l’opération. Le temps de la cicatrisation, la personne devra respecter une hygiène scrupuleuse afin de ne prendre aucun risque de réinfection.
Fistule anale : sources et notes
Auteur : Ladane Azernour-Bonnefoy
Sources :
- Garnier Delamare – Dictionnaire des termes médicaux
- Société savante des maladies et cancers de l’appareil digestif
- Centre Lyonnais de chirurgie digestive