On les croise parfois dans la rue. On les voit souvent à la télévision montrer devant la caméra les séquelles de leur chirurgie esthétique ratée.
Cela peut toucher n’importe quelle partie du corps opérée : le visage, le ventre, les bras, les fesses, les seins. Certaines histoires ont de quoi effrayer… Alors avant de vous jeter sous le bistouri du premier faiseur de miracle, avant de tenter – à votre tour – d’inverser la course des aiguilles du temps : informez-vous !
D’abord : trouvez votre chirurgien, un bon ! Dans ce dossier, vous aurez déjà certains conseils pratiques pour choisir votre praticien. Nous vous indiquons en particulier comment contrôler les qualifications précises de votre chirurgien auprès de l’Ordre des médecins. Dans cet article aussi des informations sur le centre de soins (vaut-il mieux choisir une clinique ou un hôpital ?).
La première consultation est le moment privilégié pour poser vos questions, faire part de vos inquiétudes, pour tenter de prévenir au maximum et éviter une chirurgie esthétique ratée… Là encore, nous vous donnerons quelques infos utiles.
Renseignez-vous bien sur les suites opératoires et le prix. Pour en savoir plus, lisez aussi les conseils d’un chirurgien et d’une patiente ré-opérée après un “ratage”.
Auteur : Sylvie Charbonnier.
Consultants experts : Dr O., chirurgien plasticien, et Dr E., médecin généraliste.
Décembre 2010.
Eviter les ratés de la chirurgie esthétique : Choisir son chirurgien
Le meilleur moyen de bien choisir son chirurgien esthétique est de faire marcher tout bêtement le bouche à oreille. En la matière, c’est encore le plus sûr. Pour juger de la compétence d’un bon chirurgien, le témoignage de patientes opérées par lui, vaut mieux que toutes les plaques, que toutes les pubs, que tous les titres.
Et le témoignage des patientes vaut mieux aussi que les recommandations d’autres médecins. Il faut se méfier des accointances ! Un médecin peut vous conseiller un chirurgien par amitié pour lui… (des vieux copains) ou après un accord passé avec lui (un pourcentage !). Ne sombrez pas dans la parano, mais gardez cette possibilité à l’esprit quand même !
Voici un bon test face à votre chirurgien : vous lui demandez de vous mettre en contact avec des patientes opérées. S’il le fait, c’est bon signe ; s’il refuse : méfiance !
Où trouver le bon chirurgien
Les bonnes adresses de chirurgien esthétique :
1- Vous vous rendez sur le site du Conseil national de l’ordre des médecins. Là, vous pourrez obtenir des renseignements sur les chirurgiens avec leur adresse, leurs qualifications et leurs diplômes.
2- Vous pouvez consulter le site chirurgien-plasticien.info. Il ne s’agit pas d’un organisme officiel mais quand même agréé par le Conseil de l’ordre des médecins. Là, on vous proposera un annuaire complet de tous les praticiens reconnus diplômés en chirurgie esthétique, avec, en plus, des renseignements complémentaires sur leurs compétences professionnelles.
Voir plusieurs chirurgiens avant
Évidemment ! Sauf si vous êtes orientée par une amie proche, déjà opérée par ce chirurgien – et même , il est conseillé de voir plusieurs praticiens. Mais pas trop ! L’idéal est de consulter deux ou trois chirurgiens esthétiques différents, au maximum. Pourquoi ? Si vous n’avez pas trouvé votre bonheur au bout de trois rendez-vous, c’est peut-être que vous n’êtes pas vraiment motivée. Posez-vous alors la question sur votre réelle envie de changement.
D’autant que chacun des praticiens que vous allez rencontrer, ne va pas vous tenir le même discours : chacun a son “dada”. A vous d’être assez sûre de vos envies pour imposer vos vues, aussi bien par rapport au résultat souhaité que par rapport à la technique utilisée.
A ce propos… Attention aux chirurgiens de genre autoritaire, qui auraient tendance à tout “reformater” selon des modèles uniques. Certains font et refont à toutes, le même nez ou les mêmes lèvres… Choisissez un chirurgien qui n’ait pas une vision univoque de la beauté mais qui sache respecter la personnalité de chacune de ses patientes.
Eviter les ratés de la chirurgie esthétique : La première consultation
Avant de vous rendre à la première consultation esthétique, analysez bien votre motivation. Que vous vous fassiez opérer le nez, les seins ou les lèvres, sachez bien que vous ne serez plus jamais celle que vous êtes aujourd’hui. Il vous faut faire le deuil de votre apparence actuelle et accepter d’avoir, après l’intervention, une autre apparence. Il faut vous sentir prête à perdre ce que vous connaissez.
Deuxième conseil (évident !) : Ce qu’il vous faut trouver, c’est un praticien qui vous écoute bien, qui vous comprenne bien, qui vous conseille bien, qui vous opère bien et vous apporte un bon suivi après l’intervention… Pas de panique : ça se trouve !
Préparez votre consultation
Plus vous arriverez avec une demande bien structurée, bien claire, moins vous risquerez de vous laisser influencer et plus vous éviterez les problèmes lors d’une opération esthétique. Il faut être responsable en tant que patiente, et surtout n’être pas soumise !
Il vous faut un chirurgien disponible. Il doit prendre le temps de parler avec vous tant que vous en aurez besoin. Fiez-vous à votre “ressenti” : il vaut mieux que vous le trouviez sympa, puisque vous allez lui confier votre corps.
Et surtout : vérifiez bien que le chirurgien qui vous reçoit, sera bien celui qui vous opérera.
Devis et délai obligatoires
> Au-delà de 300 euros, un devis de chirurgie esthétique doit vous être remis avant l’éventuelle opération. Ce devis doit comporter les références du chirurgien et celles du patient, le lieu de l’opération, la nature exacte de l’intervention avec sa facturation détaillée, et le nombre de jours d’arrêt de travail.
> Depuis juillet 2005, la loi prévoit un délai de réflexion obligatoire de quinze jours. Au cours de cette période, le patient peut renoncer à tout instant à se faire opérer.
> Des critères juridiques réglementent le déroulement de l’acte de chirurgie esthétique. Ces critères portent en particulier sur les qualifications du praticien et du personnel soignant (au moins un infirmier et un aide-soignant).
Hôpital ou clinique ?
L’hôpital est moins cher. Les praticiens sont souvent excellents. Un bémol tout de même : vous risquez d’être opérée (ou en partie opérée) par l’interne… car il faut bien que des chirurgiens se forment.
Le service “hôtelier” est réputé meilleur dans les cliniques.
Renseignez-vous donc bien sur les tarifs, le temps prévu de votre séjour, et sur le chirurgien qui va vous opérer.
Nos conseils
> N’hésitez pas à poser au chirurgien toutes les questions qui vous préoccupent. Et pour cela, pas de honte mal à propos : faites-vous une liste, à froid, chez vous et apportez la lui. On ne sait jamais : au moment de la consultation, le “grand docteur” peut en imposer et vous faire perdre vos moyens.
> Demandez à voir des photos. Si votre chirurgien a de l’expérience, il dispose forcément d’un stock important de photographies. Et s’il est correct, il vous montrera ses clichés. C’est là que vous verrez son “style”. Si tous les visages “après”, sont les mêmes, méfiance !
> Méfiez-vous du “morphing”. Certains praticiens proposent des simulations sur ordinateur. Certes, l’image est parfaite et la reconstitution idéale. Mais un ordinateur n’est pas un chirurgien ! Le résultat ne sera jamais identique. Le chirurgien ne travaille pas sur du virtuel. Et vous risquez de vous mettre en tête une image idéale de vous, qui ne correspondra pas à la réalité obtenue. D’où un risque de grande déception. Mieux vaut un bon coup de crayon sur papier, une simulation manuelle et une bonne discussion, qu’une fixation fantasmatique sur un nez que vous n’aurez jamais.
Eviter les ratés de la chirurgie esthétique : Les suites opératoires et le prix
Renseignez-vous bien sur les suites d’une opération esthétique. Ne vous arrêtez pas aux images angéliques “avant-après” de la publicité. Tout le monde n’a pas la même tolérance à la douleur.
Réfléchissez, d’après ce que vous savez de votre seuil de résistance, au temps qu’il vous faudra pour vous remettre de l’intervention. Et bien souvent, il faut quand même prévoir huit jours de convalescence derrière.
Les tarifs
Une intervention de chirurgie esthétique a forcément un coût. Et attention au low coast. Il vaut mieux trouver un arrangement financier avec le chirurgien ou avec le banquier que choisir – par défaut – un mauvais praticien à bas prix. Il vaut mieux investir du premier coup que devoir repasser sur la table d’opération pour rattraper les erreurs. D’autant que certaines erreurs sont irrattrapables.
Et attention aux sirènes de l’étranger. Attention aux prix discount sur Internet. En vous faisant opérer dans un autre pays, vous n’aurez pas forcément les mêmes éventuels recours juridiques qu’en France… en cas de problème.
Eviter les ratés de la chirurgie esthétique : Les conseils d’un chirurgien et d’une patiente
Entretien avec le Dr. Franck Ouakil, chirurgien plasticien.
Quel est le plus important à savoir quand on choisit un chirurgien ?
Il y a plusieurs choses importantes. D’abord, avoir des renseignements sur les compétences du chirurgien. Le meilleur moyen de se trouver en confiance, est de connaître ce praticien, par le bouche à oreille, par des amis. Les patientes savent très bien parler de leur chirurgien. Elles diront les qualités et les défauts. Et surtout, vous pourrez juger des résultats, directement sur la patiente. Donc, parlez-en avec vos amies déjà opérées.
Y a-t-il des interventions plus à risques que d’autres ?
Certainement les rhinoplasties. Sans faire de jeu de mot, ça se voit comme le nez au milieu de la figure. Des seins ratés, ça peut se camoufler, même si un ratage peut avoir d’immenses conséquences psychologiques. Mais un nez raté, on ne voit que ça ! Il faut donc choisir un praticien très expérimenté dans ce domaine. Il faut demander à voir des photos et ne pas se laisser impressionner par le discours du chirurgien.
Témoignage d’une patiente victime d’un ratage
Le témoignage d’Elodie, 22 ans, victime d’ un “ratage”.
Comment est arrivé ce “ratage” ?
Depuis l’ adolescence, je rêvais de faire grossir ma poitrine. J’étais très complexée par mes seins trop petits. Dès que j’ai eu 18 ans, dès que j’ai atteint ma majorité, je suis allée sur Internet. Je suis tombée sur une belle page d’accueil. J’ai pensé que c’était un centre de référence de chirurgie esthétique. Et, en fait, j’ai été déçue dès le début. C’était l’usine, là-dedans.
Et vous ne vous êtes pas méfiée ?
Vous savez, j’étais jeune. Je ne me suis pas rendue compte. J’ai rencontré un médecin qui m’a proposé très rapidement d’adapter la taille de mes seins, à la taille de mes hanches. En fait, je n’ai pas tellement eu le choix.
Et vous y êtes allée quand même ?
J’ai foncé ! Vous pensez, j’en rêvais depuis toute petite…
Conséquences et corrections
Suite du témoignage d’Elodie, 22 ans, victime d’ un “ratage”.
Ça s’est passé comment ?
Mal ! J’ai été opérée le 22 avril 2003. J’ai attendu, attendu. L’attente était interminable. Bon. Et puis j’ai été opérée. Au début ça allait. Mais rapidement une coque s’est formée. C’est une sorte de rejet. Le silicone était mal mis en place. Et il y avait un trop gros écartement entre mes deux seins.
Vous vous êtes rendu-compte tout de suite, que c’était raté ?
Non ! Les tout premiers jours, avec les bandages, avec les oedèmes et tout, ça ne se voyait pas trop. Mais après, c’était horrible. Je n’avais pas les deux seins au même niveau. C’est sûr, la taille était mieux. Habillée, ça allait. Mais déshabillée, c’était super moche.
Comment avez-vous fait pour réparer le ratage ?
J’en ai discuté autour de moi. Une de mes amies m’a donné le nom d’un autre praticien. Il a fallu que je recommence. Sauf que cette fois-ci, c’était génial. Il a tout réparé. J’ai vu tout de suite que c’était différent avec lui. Il a pris le temps de discuter avec moi, il m’a tout expliqué, il m’a vue plusieurs fois. Et je suis très contente. Maintenant tout va bien. Ça va tellement bien, que je viens de lui demander de refaire mon nez…