L’ emphysème pulmonaire est une maladie grave. Une forme rare d’ insuffisance respiratoire causée par le tabac, dans la plupart des cas. Ce sont les tissus élastiques des alvéoles pulmonaires qui se détruisent progressivement.
Résultat : les alvéoles pulmonaires ne parviennent plus à se gonfler ni à se vider normalement. La respiration devient de plus en plus difficile.
La maladie évolue avec l’âge. Le problème est que l’on peut en être atteint sans le savoir et que le diagnostic n’est pas toujours évident à poser.
L’emphysème pulmonaire est la destruction de la paroi élastique des alvéoles, ces petits sacs qui sont à l’extrémité de nos bronches. Les alvéoles sont les structures essentielles de nos poumons. Ces petits sacs membraneux sont rassemblés en grappes, entourés de capillaires sanguins. C’est là que se font les échanges gazeux : oxygène et gaz carbonique. Lorsque nous respirons, ces alvéoles pulmonaires se gonflent d’air, se dilatent ; puis elles se vident à l’expiration en se rétractant.
Lorsque l’élasticité a disparu, en cas d’emphysème, les alvéoles s’épaississent et se raidissent. Lorsqu’elles sont gonflées d’air, elles ne parviennent plus à se vider correctement. Pire : le poumon se gonfle d’autant plus que l’on tente d’en vider l’air. La cage thoracique ne fonctionne plus normalement et peut même légèrement se déformer.
Emphysème pulmonaire : Les causes
L’emphysème pulmonaire est avant tout une complication du tabagisme, qui augmente avec l’âge. C’est de loin la cause la plus fréquente.
> Pour les autres causes, on peut retenir : la pollution atmosphérique et les pollutions professionnelles (exposition à des substances toxiques).
> Les hommes sont plus souvent touchés que les femmes (peut-être parce qu’ils fument davantage), et on peut trouver parfois un déficit en alpha-1-antitrypsine. Le déficit en alpha-1-antitrypsine est une maladie génétique.
Le déficit en alpha-1-antitrypsine est aussi une des causes de la survenue d’un emphysème.
Le poumon est un organe très fragile. Les fines parois des alvéoles pulmonaires permettent le passage de l’oxygène dans le sang. En cas d’infection, les globules blancs arrivent, comme une armée au combat, pour détruire les bactéries. Ils libèrent alors des enzymes très puissantes qui tuent les germes, mais qui peuvent également endommager la paroi des alvéoles si elle n’est pas protégée.
La protection des alvéoles est assurée par l’alpha-1-antitrypsine. Lorsque celle-ci fait défaut, les parois finissent par s’abîmer au cours de la vie et par les différentes attaques infectieuses. Pour peu que l’on fume, les problèmes s’additionnent… C’est alors que s’installe, plus ou moins rapidement, l’emphysème.
L’emphysème évolue, la plupart du temps, en insuffisance respiratoire chronique et en insuffisance cardiaque. En fait, les lésions alvéolaires peuvent faire augmenter la pression dans la partie du coeur qui pompe le sang, en direction des poumons. C’est l’ hypertension artérielle pulmonaire. Lorsque les alvéoles détruites ont formé des sortes de « bulles », en forme de grains de raisin, il peut arriver que ces « bulles » se cassent. Cela peut alors provoquer un pneumothorax (décollement des feuillets de la plèvre).
Emphysème pulmonaire : Les symptômes
Les principaux symptômes de l’emphysème pulmonaire sont l’ essoufflement et la gêne respiratoire. Mais ces signes se retrouvent dans d’autres pathologies et il n’est donc pas toujours très facile de poser le bon diagnostic dès le début des symptômes.
Dans le cas de l’emphysème pulmonaire, la gêne respiratoire n’est pas passagère. Au contraire, elle ne fait que s’aggraver au cours du temps.
Le profil type d’un patient souffrant d’un emphysème pulmonaire serait un homme de la cinquantaine qui serait essoufflé de plus en plus souvent, au moindre effort.
Notre homme finirait pas en parler à son médecin généraliste qui constaterait, en l’examinant, une modification morphologique de son torse : le thorax « en tonneau », distendu. A la percussion, le médecin entend une hypersonorité (le son du vide).
Il constate également chez son patient, une respiration plus rapide que la normale, et une respiration haute, superficielle.
> A l’auscultation, il peut entendre des râles bronchiques. Il est d’ailleurs fort probable que le médecin diagnostique alors une bronchite chronique, ou plus exactement une BPCO (une broncho-pneumopathie chronique obstructive).
> L’emphysème étant toujours accompagné d’une BPCO. Dans certains cas, il y a peu d’emphysème et davantage de BPCO, dans d’autres cas, c’est l’inverse, mais les deux pathologies sont associées, d’où la difficulté diagnostique.
Le diagnostic d’emphysème pulmonaire n’est pas toujours facile à poser. En cas de doute, le médecin vous demandera d’effectuer une radiographie du thorax et un scanner. La radiographie pulmonaire permettra de constater une cage thoracique distendue.
Un dosage de l’alpha-1-antitrypsine peut être demandé en laboratoire. Il s’agit d’un simple dosage sanguin.
Emphysème pulmonaire : Les traitements
La première chose à faire si l’on souffre d’un emphysème pulmonaire est d’arrêter de fumer ! Certes, cela ne permettra pas aux poumons, ni aux alvéoles détruits de se régénérer, mais au moins, cela pourra ralentir l’évolution, voire la stopper.
Pour l’instant, il n’existe pas de parade pour réparer les tissus pulmonaires détruits. Les traitements proposés dépendront évidemment du degré d’emphysème dont vous êtes atteint.
– L’oxygénothérapie : en inhalant de l’oxygène, on compense le manque provoqué par la destruction des alvéoles.
– Les bronchodilatateurs : lorsque les bronches tendent à s’obstruer, on va tenter de les maintenir ouvertes. La dilatation des voies aériennes va permettre aux échanges gazeux de se faire.
– L’alpha-1 antitrypsine humaine purifiée, en cas de déficit avéré.
– Le sport, ou tout au moins l’activité physique est conseillée. Le renforcement musculaire permet de lutter contre l’essoufflement des tout petits gestes.
Une opération chirurgicale peut être nécessaire.
> La réduction du volume pulmonaire : il s’agit d’enlever une partie des poumons. La partie la plus atteinte ! Cela permet aux muscles et aux parties pulmonaires restées intactes, de fonctionner plus efficacement.
> La greffe de poumons : il s’agit d’une intervention chirurgicale lourde dont tous les patients ne peuvent bénéficier. Tout dépend de l’état général, évidemment.
– Il peut s’agir d’une greffe bi-pulmonaire : les deux poumons et leur système de vascularisation sont greffés.
– Il peut s’agir d’une greffe mono-pulmonaire : on ne remplace qu’un seul poumon.
– Il peut s’agir d’une greffe coeur-poumons. Indiquée lorsque la pathologie respiratoire a provoqué une altération cardiaque ou une hypertension artérielle pulmonaire.
Emphysème pulmonaire : Nos conseils
– arrêtez la cigarette,
– évitez le tabagisme passif,
– protégez-vous de la pollution atmosphérique en restant à la maison lors des pics de pollution,
– évitez les agents allergènes qui pourraient provoquer des réactions à type d’ asthme, par exemple,
– protégez-vous au maximum des infections (faites-vous vacciner contre la grippe, contre le pneumocoque…).
Sources et notes
– BPCO. Un enjeu pour la médecine générale, Thomas Similowski, Masson 2008.
– Physiopathologie pulmonaire : de la recherche fondamentale aux avancées thérapeutiques, Aubier M, M/S médecine/sciences, 1999.
Auteur : Sylvie Charbonnier.
Expert consultant : Professeur Jean François Mornex, pneumologue au CHU de Lyon.