Diabète de type 1 : c’est quoi exactement ?

Pin
Le diabète de type I, ou diabète insulino-dépendant (DID), est une maladie auto-immune. Il est dû à la destruction des cellules du pancréas spécialisées dans la production d’insuline, ce qui rend le traitement par des injections d’insuline obligatoire.

En temps normal, après l’ingestion d’un repas le taux de sucre (glucose) dans le sang augmente, et le corps sécrète en conséquence une hormone majeure, l’insuline. Celle-ci permet l’entrée du glucose dans les cellules musculaires, les adipocytes (cellules graisseuses) et les hépatocytes (cellules du foie) pour être stocké et fournir de l’énergie.

Dans le cas du diabète de type 1, une destruction auto-immune spécifique des cellules bêta pancréatiques (qui produisent l’insuline) empêche l’organisme de stocker du sucre et est donc responsable d’un taux de glucose dans le sang (glycémie) trop élevé.

Le diabète de type 1 (DT1) survient habituellement avant 35 ans, avec pic à l’adolescence, mais peut survenir à tout âge. Il représente environ 10 % des cas de diabètes (soit plus de 300.000 personnes en France).

Le diabète de type 1 ne cesse de progresser dans tous les pays du monde, au rythme de 3 à 4 % par an depuis une vingtaine d’années, suggérant l’implication de facteurs environnementaux propices, sensibles aux changements de mode de vie.

Il existe par ailleurs un gradient décroissant de l’incidence du diabète de type 1, du nord vers le sud de l’Europe et il touche aussi bien les hommes que les femmes.

Auteur : Dr Iléana de Lameth, Praticien Hospitalier en Endocrinologie, Diabétologie, Nutrition

Diabète de type 1 : les symptômes

Les symptômes du diabète de type 1 dans sa forme typique sont de début rapide et brutal :

  • Des urines fréquentes et abondantes (polyurie), le corps tentant d’éliminer l’excès de sucre dans les urines
  • Une soif anormale (polydipsie) pour compenser la perte d’eau dans les urines
  • Une fatigue générale intense,
  • Un amaigrissement et une fonte musculaire, malgré un appétit conservé
  • Une plus grande susceptibilité aux infections.

Seule une mesure de la glycémie veineuse analysée en laboratoire permet de déterminer avec certitude le diabète (souvent franchement élevée) :

  • >1,26g/l à jeun
  • >2g/l à n’importe quel moment de la journée

Dans la moitié des cas, la révélation est plus explosive et se manifeste par une acidocétose : en l’absence de glucose pour alimenter plusieurs organes (en particulier le cerveau et le cœur), l’organisme est obligé d’utiliser les graisses comme carburant et produit des substances toxiques nommées « corps cétoniques ».
Il s’agit d’une solution de secours néfaste pour l’organisme qui conduit à une acidification du PH sanguin, se manifestant par des douleurs abdominales, une hypothermie, voire un coma.

Le diagnostic

Le diagnostic peut être clinique si l’hyperglycémie est associée à la triade classique : maigreur/amaigrissement + cétose + âge <35ans ou passe par la détection des autoanticorps circulants dans le sang chez les personnes dont la glycémie est élevée.

Au moins l’un des auto-anticorps circulants suivants est détectable dans 97 % des cas au diagnostic : anticorps anti-GAD (qui s’observent à tout âge et persistent pendant toute la durée de l’évolution), anticorps anti-IA2 et/ou anticorps anti Zn-T8. Cet outil diagnostic permet de distinguer le diabète de type 1 des autres formes de diabète, et d’adapter le traitement en conséquence.

Peu de temps après un diagnostic de diabète de type 1, certaines personnes vivront ce que l’on appelle le phénomène de la « lune de miel ».

Cette période transitoire, est marquée par une diminution importante des besoins en injection d’insuline. Il s’explique par la sécrétion d’une certaine quantité d’insuline par quelques cellules du pancréas restantes encore saines. Il est dans ce cas possible d’équilibrer initialement les glycémies avec de très faibles doses d’insuline, voire d’arrêter transitoirement ce traitement. Elle dure en moyenne de six à neuf mois, mais peut durer jusqu’à deux ans. Il faut néanmoins prévenir les patients et leur famille qu’il s’agit d’une rémission temporaire et non d’une guérison.

Diabète de type 1 : les traitements

Le diabète de type 1 est une maladie nécessitant un engagement permanent et une participation active du patient pour la gestion du traitement.

L’objectif est de parvenir à un compromis acceptable entre le fait d’assurer une qualité de vie la plus libre possible pour le patient et la prévention des complications aigues ou chroniques de la maladie. L’éducation thérapeutique, visant à l’autonomisation maximale du patient, est en conséquence une étape importante après le diagnostic et un accompagnement psychologique reste primordial comme pour toute maladie chronique.

L’insuline :

Le traitement de référence du diabète de type 1 reste l’apport d’insuline plusieurs fois par jour pour tenter d’imiter au mieux de la sécrétion physiologique normale, à savoir une diffusion massive au moment des repas et continue en dehors.

Actuellement le moyen le plus répandu est l’injection sous cutanée avec un stylo pré rempli d’analogues d’insuline humaine (insulines génétiquement modifiées) dont il existe 2 grands types complémentaires :

  • dites « rapides », ayant une action quasiment immédiate (10 minutes) et de courte durée (2 à 4h), utiles pour faire redescendre rapidement le taux de glucose après un repas.
  • d’action lente appelée « basale » qui restent actives pendant 24 heures et assurent la présence permanente d’insuline dans le sang tout au long de la journée, comme chez un individu non diabétique.

L’insulinothérapie « optimisée » ou « basal-bolus »

L’insulinothérapie dite « optimisée » ou « basal-bolus » comprend donc trois à quatre injections quotidiennes d’insuline et au moins quatre contrôles de la glycémie, d’où la nécessité d’un suivi médical rapproché au début du traitement. Les injections peuvent se faire au niveau du ventre, des cuisses, des fesses ou bras.

L’insulinothérapie fonctionnelle

Une méthode personnalisée appelée « insulinothérapie fonctionnelle » peut également être proposée et vise à éduquer le patient diabétique afin qu’il puisse adapter sa dose d’insuline à son mode de vie (type d’activité physique, composition du repas, stress..) pour améliorer la stabilité et l’équilibre de son diabète.

L’insuline peut aussi être administrée grâce à une pompe à insuline qui perfuse de manière continue via un cathéter sous-cutané relié à un pousse-seringue miniaturisé (de la taille d’un téléphone portable fixé à la ceinture ou au soutien-gorge) notamment lorsque le diabète est très instable, les patients avec une variabilité d’horaires importante ou nécessitant un contrôle strict de leur diabète (complications oculaires ou rénales, les femmes désireuses de débuter une grossesse).

Il peut exister plusieurs freins à une bonne adhésion au traitement :

  • la peur des hypoglycémies (surtout nocturnes) ;
  • la crainte de prendre du poids ;
  • le refus des contraintes (auto-surveillance, régime, injection), en particulier au moment de l’adolescence ;
  • les schémas d’insuline inadaptés à la physiologie ou aux modes de vie ;
  • les erreurs techniques : injections trop profondes ou trop superficielles, réalisées toujours au même endroit et responsables de lipodystrophies (nodules sous cutanés) qui gênent la bonne absorption de l’insuline.

Les traitements complémentaires

Actuellement, on ne parle plus de « régime diabétique » mais bien d’alimentation équilibrée adaptée aux diabétiques, associant des féculents (sources de glucides), légumes (sources de fibres) et protéines.

Afin de limiter l’hyperglycémie qui suit un repas, sont à privilégier :

  • Les glucides avec un index glycémique bas sont à privilégier : légumineuses en alternance avec les pommes de terre, les pâtes, le riz, la semoule, les pois chiche et les céréales;
  • en association aux fibres qui ralentissent leur absorption, diminuent le taux de cholestérol et régularisent le transit intestinal :  légumes, fruits avec peau, pain/pates/farines/riz complets, légumes secs,…

Les produits dits « allégés » sont parfois trompeurs car allégés en glucides mais enrichis en lipides ou en autres nutriments et sont au final normalement caloriques.

L’activité physique peut tout à fait être poursuivie mais rend nécessaire l’adaptation des doses d’insuline et de l’alimentation. En général, il faut diminuer la dose d’insuline correspondant à la période d’activité ainsi que manger plus si l’exercice n’est pas prévu (ou si son intensité le justifie) et toujours veiller à avoir avec soi du sucre et une collation supplémentaire.

Dans de rares cas, il peut être envisagé chez les patients en insuffisance rénale terminale et dont le diabète est très déséquilibré une greffe de pancréas, souvent associée à une greffe de rein. Elle nécessite en revanche un lourd traitement immunosuppresseur (antirejet), aux conséquences parfois plus nocives que le diabète lui-même.

Moins coûteuse et moins risquée, la transplantation des îlots de Langerhans est encore au stade expérimental, mais la procédure est complexe car il est difficile de protéger les cellules bêta dans un environnement qui ne leur est pas destiné.

Les perspectives d’avenir encore à l’étude

  • des analogues d’insuline de très longue durée d’action (plusieurs jours)
  • de l’insuline inhalée ou par patch percutané
  • des pompes « patch » jetables ou « intelligentes » rétro-contrôlées par un capteur de glucose sous-cutané (pancréas artificiel)
  • la transplantation de cellules souches

Diabète de type 1 : les complications

Un traitement bien suivi permet le plus souvent d’obtenir des profils glycémiques qui se rapprochent de glycémies normales, et d’éviter le développement des complications à long terme.

Apparaissant en cas de déséquilibre prolongé du diabète (souvent après 10 à 20 ans d’évolution), ces complications peuvent évoluer silencieusement et passer inaperçues au début, principalement dues à une atteinte de la paroi des vaisseaux sanguins qui apportent le sang vers les organes.

La microangiopathie diabétique

La microangiopathie diabétique est l’atteinte des petits vaisseaux sanguins et regroupe :

  • la néphropathie diabétique (atteinte des petits vaisseaux des reins),
  • la rétinopathie diabétique (atteinte de la rétine, fine membrane essentielle à la vue qui recouvre la partie arrière de l’œil pouvant entrainer à terme une baisse de la vision) et
  • la neuropathie diabétique (atteinte des nerfs se traduisant par des douleurs sans cause apparente ou par une perte de sensibilité au froid ou au chaud, au toucher, à la douleur).

La macroangiopathie diabétique

La macroangiopathie diabétique est l’atteinte des gros vaisseaux sanguins : artères des membres inférieurs, du cœur et du cerveau.

En plus de l’hyperglycémie, d’autres facteurs de risque cardiovasculaires peuvent favoriser l’apparition de ces complications (hypertension artérielle, cholestérol, tabac) et doivent donc aussi être pris en charge.

La diaboulimie

La mise sous insuline favorise l’utilisation du glucose et entraine donc une reprise de poids rapide après le diagnostic. Un verdict de la balance que beaucoup d’adolescentes qui prennent de l’insuline vivent comme un choc refusent alors de suivre leur traitement.

Le terme « diaboulimie », utilisé par les britanniques, est en fait une contraction de « diabète » et « boulimie » désignant les personnes diabétiques de type 1 qui diminuent leurs doses d’insuline pour perdre du poids, ou du moins éviter de regrossir.

Les jeunes femmes diabétiques auraient deux fois plus de risques de souffrir d’un trouble du comportement alimentaire que leurs homologues non diabétiques (10% seraient atteints par une anorexie ou une boulimie).

Le danger n’est pas immédiat lorsque les doses sont diminuées modérément, mais le déséquilibre glycémique peut conduire 10 ou 20 ans plus tard au développement des complications du diabète.

En revanche, en cas d’arrêt total de leurs injections d’insuline, les conséquences peuvent être dramatiques (le manque d’insuline génère un déséquilibre glycémique obligeant leur corps à puiser dans leurs réserves de graisses, et entraîne ainsi une trop forte production d’acétone pouvant conduire au coma).

Comportement le plus souvent caché, quelques signes peuvent cependant éveiller les soupçons de l’entourage (perte de poids, nausées et vomissements).

Il est possible de s’appuyer sur les associations de patients (FFD : Fédération française des diabétiques, AJD : Aide aux Jeunes Diabétiques) et une consultation chez un psychologue ou un psychiatre spécialisé dans les troubles du comportement alimentaire peut aider à dénouer la situation.

Diabète de type 1 : sources et notes

Auteur : Dr Iléana De Lameth, Praticien Hospitalier en Endocrinologie, Diabétologie, Nutrition

Sources :

– American Diabetes Association. Diabetes Basics – Genetics of Diabetes.
Mayo Foundation for Medical Education and Research (Ed). Diseases and conditions – Diabetes, MayoClinic.com.

– Virtanen SM, Laara E, et al. Cow’s milk consumption, HLA-DQB1 genotype, and type 1 diabetes. A nested case-control study of siblings of children with diabetes. Diabetes, 2000, 49, 912-917.

– Effects of insulin in relatives of patients with type 1 diabetes mellitus. Diabetes Prevention Trial–Type 1 Diabetes Study Group. N Engl J Med. 2002 May 30;346(22):1685-91.

– Pancreatic islet autoantibodies as predictors of type 1 diabetes in the Diabetes Prevention Trial-Type 1. Orban T, Sosenko JM, et al; Diabetes Prevention Trial-Type.

– Diabulimia, a Type I diabetes mellitus-specific eating disorder.

– Kınık MF, Gönüllü FV, Vatansever Z, Karakaya I. Turk Pediatri Ars. 2017 Mar 1;52(1):46-49. doi: 10.5152/TurkPediatriArs.2017.2366. eCollection 2017 Mar.

– Diabulimia a growing problem among diabetic girls. Yan L. Nephrol News Issues. 2007 Oct;21(11):36, 38.

Yorum yapın