La dépression est l’un des troubles psychologiques les plus fréquents en France. Selon des études, 10 à 25 % des femmes et 5 à 12 % des hommes risquent de présenter une dépression majeure au cours de leur vie.
Depuis les années soixante-dix, la dépression tend à être plus fréquente. Une dépression peut survenir à tout âge, chez les enfants comme chez les sujets âgés.
La dépression engendre une modification pénible de l’humeur et un ralentissement de l’activité intellectuelle et motrice. La personne souffrant de ce trouble est triste et perd son tonus habituel. Il s’agit là des symptômes les plus classiques, facilement reconnaissables en tant que tels.
Mais les symptômes peuvent être tout autres, plus discrets ou de types différents. Les hommes et les sujets âgés sont ainsi plus propices à développer des manifestations « atypiques », caractérielles ou physiques. Les douleurs chroniques, par exemple, peuvent être le seul symptôme d’une dépression.
On a tendance à penser que le seul traitement de la dépression consiste en la prise d’antidépresseur. Or, le traitement le plus efficace à long terme est la psychothérapie. Si les médicaments sont indispensables dans les dépressions sévères, ils ne le sont pas dans les formes légères à modérées.
Mais dans tous les cas, il importe d’être vigilent et de prendre en charge la dépression. Car celle-ci peut-être grave. L’une des évolutions la plus dramatique étant le suicide, dont le risque est multiplié par 30.
Auteurs : Dr Ada Picard, Joël Ignasse et Dr Nicolas Evrard.
Dépression : les causes
La dépression résulte de la combinaison de plusieurs causes héréditaires, biochimiques, psycho-sociales. La conjoncture environnementale (stress, alimentation, mode de vie) joue également un rôle important.
Des événements traumatisants, tels que la perte précoce d’un parent, une maladie chronique, des conflits professionnels, familiaux peuvent également contribuer à la solitude, à l’aliénation et ainsi être à l’origine d’une dépression.
Certaines personnes ont également une prédisposition génétique. Celles dont les parents proches souffrent ou ont souffert d’une dépression, ont plus de risques de développer elles-mêmes une dépression.
Des recherches ont démontré que la dépression pourrait être due à un déséquilibre de la “chimie” du cerveau, en particulier à une baisse de la fabrication de certains neurotransmetteurs tels que la sérotonine et la dopamine.
Leurs déficiences provoquent une diminution de l’appétit, une perte du sommeil, de l’énergie et du plaisir.
Ces recherches sur les neuromédiateurs devraient permettre de découvrir d’autres explications quant aux causes de cette maladie. Elles peuvent par ailleurs expliquer les baisses d’humeur d’origine hormonale, telles que le baby blues ou la dépression prémenstruelle.
Les causes saisonnières sont aussi à prendre en compte. Le taux de dépression est plus élevé durant les mois hivernaux, période ou l’ensoleillement est le plus faible : on parle de dépression saisonnière. Dans ce cas, la dépression est le plus souvent légère ou modérée.
Dépression : les symptômes
Les deux symptômes les plus typiques sont la tristesse et le ralentissement psychomoteur.
La personne est dans un état amollissant et irascible. Son intérêt pour les choses de la vie diminue, elle broie du noir, pleure et rumine des pensées obsessionnelles. Son alimentation et son sommeil peuvent être perturbés.
A cela s’ajoute une auto-dévalorisation : le dépressif n’a plus d’estime de lui-même et ressent parfois un sentiment de culpabilité excessif.
Dans son quotidien, sa concentration et son pouvoir décisionnel sont amoindris. Avec le temps, et en l’absence de traitement, les symptômes peuvent s’aggraver, voir s’auto-entretenir.
Les troubles du sommeil peuvent se chroniciser, la fatigue diurne venant aggraver les symptômes dépressifs. Le dépressif se sent encore plus mal dans sa peau. Parfois la vie lui semble si difficile et les épreuves tellement insurmontables que des tentatives de suicides sont à redouter.
Des symptômes d’ordre physique peuvent aussi survenir, comme :
- un amaigrissement,
- des douleurs chroniques (maux de tête ou douleurs dorso-lombaires le plus souvent).
Sous réserve que l’examen médical n’ait révélé aucun problème organique particulier. Dans certains cas, la dépression peut-être également secondaire à des douleurs chroniques.
Chez les hommes le plus souvent, les symptômes peuvent être atypiques. La tristesse peut ainsi passer inaperçue, masquée sous d’autres symptômes plus caractériels. Par exemple : l’irritabilité, l’impulsivité ou encore la dépendance addictive.
Chez le sujet âgé, la dépression peut se traduire par des symptômes proches de la démence, comme des troubles du comportement ou des troubles de la mémoire.
Quant à la dépression chez l’enfant, elle se manifeste de façon très diverse d’un sujet à l’autre. Troubles du comportement, difficultés de concentration, fatigue, sont autant de symptômes susceptibles de refléter une dépression.
Dépression : les traitements
Une dépression nécessite une prise en charge efficace et sérieuse. L’évolution la plus grave étant le suicide, qui tue aujourd’hui 15 % des personnes déprimées
Il existe deux grandes formes de traitements : les médicaments et les psychothérapies.
Selon une étude nationale, les ventes d’antidépresseurs ont été multipliées par 7 depuis les années 1980. Cependant, ces derniers ne doivent pas être systématiques.
Les médicaments
L’intérêt des antidépresseurs réside avant tout dans les formes de dépression modérées à sévères. Ils ont une bonne efficacité.
Les médicaments de nouvelle génération sont mieux tolérés que les anciens. Ils peuvent – rarement – entraîner des effets secondaires (maux de tête, migraine, acouphènes, hypothyroïdie…).
Le patient doit être surveillé d’un point de vue médical en prenant son traitement, surtout les premiers jours et premières semaines. Il faut attendre quinze à vingt jours pour constater les effets bénéfiques des antidépresseurs. Le traitement est prescrit généralement durant six mois à un an.
La psychothérapie
Seule, ou en complément du traitement médicamenteux, il est conseillé d’effectuer une psychothérapie qui a des vertus libératrices.
La thérapie comportementale et cognitive peut être très constructive. Elle permet à l’individu de mieux comprendre sa dépression, de désamorcer les ruminations, et de trouver des outils comportementaux et cognitifs pour s’en sortir. Lorsqu’elle est effectuée par un spécialiste, c’est la méthode la plus efficace et solide pour se sortir de la dépression.
D’autres traitements psychothérapiques plus récents, comme la MBCT (Mindfulness Based Cognitive Therapy ou thérapie cognitive basée sur la pleine conscience) ont démontré leur efficacité dans la prévention des rechutes dépressives.
Dépression : sources et notes
Auteurs : Dr Ada Picard, Joël Ignasse et Dr Nicolas Evrard.
Sources :
– Prise en charge par le psychiatre d’un épisode dépressif isolé de l’adulte en ambulatoire. Référentiel d’auto-évaluation des pratiques en psychiatrie. HAS, Gicipi. Juin 2005.
– P. Eisinger, Syndrome dépressif, Traité de médecine AKOS, 2008.
– Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES), Les ventes d’antidépresseurs entre 1980 et 2001, Études et résultats N° 285, janvier 2004.