Déchirure musculaire

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Une déchirure musculaire peut survenir lors de la pratique d’un sport, mais également dans des situations de la vie courante.

Le plus souvent, quand on parle de déchirure, cela correspond à ce que l’on appelle communément un « claquage » qui est une rupture des fibres dans le muscle. Cependant, une véritable déchirure musculaire est plus rare et correspond à la rupture complète du muscle.

La déchirure musculaire est une lésion des fibres du muscle, le plus souvent quand il y a eu un étirement excessif ou une contraction très violente du muscle qui a été stoppée brutalement. C’est la rupture d’une partie des fibres du muscle, soit en plein corps du muscle, soit à la jonction du muscle et du tendon, ou du muscle et de son enveloppe.

Les lésions sont classées en degrés de gravité croissante, de 1 à 4, en fonction de la gravité, du nombre de fibres atteintes, si elles sont très désorganisées, si l’enveloppe du muscle est atteinte, etc.

Cet article rédigé avec un médecin du sport fait le point précis sur les causes, les symptômes et les traitements d’une déchirure musculaire, avec plein d’infos pratiques sur ce qu’il faut faire… et ne pas faire juste après l’accident.

Les causes

Une déchirure se produit le plus souvent lorsque les capacités de résistance élastique du muscle sont dépassées, et elle survient généralement quand il y a une mise en tension du muscle avant ou pendant sa contraction. Par exemple, dans le cas d’un démarrage brusque au sprint, mais également d’une réception où on se contracte violemment pour amortir le choc (quand le muscle est étiré et se contracte en même temps).

On peut observer des déchirures musculaires dans le sport… mais aussi dans une réception de saut, par exemple, dans la vie de tous les jours. Ainsi, il existe des lésions très fréquentes du tendon d’Achille ou des muscles du mollet chez des personnes qui sautent simplement par-dessus un fossé et qui se réceptionnent avec le pied très fléchi.

Le tennis est également une cause fréquente d’accident musculaire : les joueurs sont souvent victimes du « tennis-leg », un claquage au mollet. En fait, ce genre de lésion peut se retrouver dans tous les sports avec des démarrages rapides.

Dans les sports de balles, on observe des lésions au cours du jeu, de deux types :
> Quand les personnes prennent leur élan pour shooter avec le pied, c’est-à-dire quand le genou est fléchi très en arrière avant de lancer la balle, et qu’il y a un étirement brutal des muscles de la cuisse (le quadriceps, muscle sur le devant de la jambe).

> Quand elles ont fini leur lancer et que les muscles de derrière (les ischio-jambiers) doivent contrôler et ralentir la jambe en fin de mouvement : dans ce cas-là, les lésions sont fréquentes.

Il peut y avoir des lésions musculaires à tous les niveaux, mais plus fréquemment aux membres inférieurs.

Déchirure musculaire : Les symptômes

Une déchirure musculaire est une lésion importante. Il existe des lésions de gravité moindre, comme la contracture et l’élongation qui touchent un plus faible nombre de fibres et n’atteignent pas l’enveloppe.

Mais dans la déchirure musculaire, beaucoup plus de fibres sont touchées et l’enveloppe du muscle est atteinte. Les symptômes sont très brutaux avec une douleur intense, une sensation de déchirement ou de claquement dans le muscle, au moment où il s’étire et se rompt.

Ensuite, les personnes sont souvent incapables de marcher, on observe un gonflement douloureux de la jambe qui est tendue (quand on palpe c’est souvent très dur). Quelque fois, on voit un hématome s’il y a un saignement important dans le muscle.

Généralement, ces seuls symptômes suffisent au médecin pour effectuer le diagnostic de déchirure musculaire. C’est un médecin généraliste qui prend en charge le patient. Dans les cas complexes ou pour les sportifs de très haut niveau, un médecin spécialiste de la rééducation fonctionnelle ou un médecin du sport peut intervenir.

Il n’y a pas besoin d’examen complémentaire dans la majorité des cas, car la déchirure musculaire est assez caractéristique. L’examen le plus simple est l’ échographie qu’on ne fait en général pas avant 3-4 jours pour que la lésion soit plus visible (sauf urgence, s’il y a un hématome très conséquent qui peut entraîner une grande douleur).

Déchirure musculaire : A faire… et à ne pas faire

Avant d’aborder les traitements proprement dits, voyons les choses à faire… et à ne pas faire juste après la survenue d’une déchirure musculaire.

Il ne faut pas masser car cela peut aggraver le saignement d’une lésion. Tant qu’il n’y a pas de diagnostic, il ne faut pas mettre de chaud non plus.

Comme pour les traumatismes aigus (par exemple, une entorse de cheville), il faut appliquer du froid. Il faut suivre un protocole appelé GREC (Glaçage Repos Élévation Compression) : il faut mettre de la glace, ne pas marcher si les douleurs sont intenses ou soulager l’appui avec des béquilles, éviter les deux premiers jours de trop solliciter le muscle (tant qu’on n’a pas le diagnostic), et éviter que l’oedème soit trop important. Ensuite, on applique une compression modérée avec une bande ou une petite contention.

En général, il faut éviter dans les 2-3 premiers jours de prendre des anti-inflammatoires car il y a une réaction inflammatoire normale nécessaire pour que les tissus puissent être cicatrisés. Sinon, la cicatrice sera moins bonne.

Si vous avez très mal, prenez plutôt des antalgiques simples comme du paracétamol, mais évitez les anti-inflammatoires ou l’aspirine qui favorise le saignement.

Déchirure musculaire : Les traitements

Dans le cas de déchirure musculaire, on distingue 4-5 phases dans le traitement :
1 – Le repos. (environ 1 semaine) avec soulagement de l’appui lors de la marche si la lésion est au niveau des membres inférieurs.

2 – La cicatrisation de la lésion (le temps nécessaire pour que la fibre musculaire cicatrise est d’au moins 3 semaines). A ce stade le traitement repose essentiellement sur la kinésithérapie pour lutter contre la douleur avec du froid, quelques petits étirements pour éviter que le muscle se rétracte, et des petites contractions sans douleurs pour éviter l’atrophie.

3 – La reprise d’une activité physique progressive, et ciblée associée à des exercices d’équilibre et à un travail de renforcement musculaire. D’abord, avec le kinésithérapeute, on fait contracter le muscle sans mouvement, de façon statique, puis en se raccourcissant et en s’étirant (ce travail musculaire appelé « excentrique » permet d’améliorer la résistance du muscle à l’étirement).

4 – La reprise du sport et du reconditionnement physique général.

5 – La reprise de la compétition, pour les grands sportifs.

Pour un petit claquage ou une élongation, ce sont les mêmes phases, mais les délais sont plus courts.

Si lors de l’échographie, un hématome très important est repéré et est très douloureux ou peut comprimer un nerf, l’hématome peut être ponctionné pour éviter un risque de complications. On peut aussi le ponctionner s’il est de volume très important, il peut en effet alors donner des lésions calcifiées dans le muscle.

Dans la majorité des cas, une hospitalisation n’est pas nécessaire, sauf si la victime est une personne âgée ou si la personne souffre de pathologies associées, si la personne est hémophile ou prend des anticoagulants, ou a des antécédents de lésions.

Déchirure musculaire : Éviter les déchirures musculaires

Pour éviter les déchirures musculaires, il faut donc bien s’échauffer et pratiquer des exercices adaptés pour renforcer les muscles. Lors de la pratique d’une activité physique, il faut pratiquer régulièrement des étirements et faire un travail de renforcement musculaire excentrique.

Les kinésithérapeutes spécialisés en sport connaissent bien ce type de renforcement où on fait travailler le muscle au cours de l’étirement. Par exemple, quand on marche ou quand on court en descente, le muscle s’allonge et se contracte en même temps pour freiner le mouvement.

Sources et notes

> N. Holzer L. Zurcher G. Garavaglia T. Laumonier P. Hoffmeyer J. Menetrey, Nouvelles approches thérapeutiques des lésions musculaires : du problème clinique à la recherche, Revue Medicale Suisse, Numéro : 2508.
> Lehto MU, Jarvinen MJ. Muscle injuries, their healing process and treatment. Ann Chir Gynaecol 1991 ; 80 : 102-8.

Auteur : Laëtitia Demma.
Expert consultant : Pr. Vincent Grémeaux. Rééducation – Médecine du Sport, CHU Dijon.

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