Le cœur est nourri et oxygéné par des artères appelées artères coronaires. Il en existe trois principales. Lorsqu’une de ces artères sont rétrécient ou se bouchent, une partie du cœur ne reçoit plus d’oxygène, ce qui provoque une douleur et progressivement (mais rapidement) cette partie meurt. C’est ce qu’on appelle un infarctus ou plus communément une crise cardiaque.
L’infarctus est donc la mort d’une partie du cœur dont la cause est un défaut d’alimentation par les artères. Les dégâts sont donc irréversibles.
Il existe d’autres causes de souffrance cardiaque hors infarctus :
virus (myocardite),
électrocution,
traumatisme,
défaut d’alimentation avec artère saine (anémie, hypotension sévère, manque d’oxygène).
La gravité d’un infarctus ou crise cardiaque est principalement fonction de deux paramètres :
Localisation : en fonction de la localisation du bouchon sur l’artère, la partie du cœur touchée sera plus ou moins importante. Comme pour une rivière, plus la contamination est proche de la source plus les dégâts sur les rives sont importants.
Durée : tant que la douleur persiste, le cœur souffre et les séquelles seront importantes. C’est pourquoi il est important d’arriver le plus tôt possible à l’hôpital.
Les causes
Des plaques d’athérome se forment dans la paroi des artères tout au long de la vie.
A savoir : Un athérome se caractérise par le dépôt d’une plaque (plaque d’arthénome) composée de différents éléments (graisse, sang, tissu fibreux, dépôt calcaire) sur une partie de la paroi interne d’une artère, appelé l’intima. Le diamètre de cette artère diminue et peut alors entraver la circulation sanguine.
Ces plaques d’athérome sont dues à différents paramètres parmi lesquels les plus connus sont :
- le tabac,
- le diabète,
- l’hypertension artérielle,
- un excès de cholestérol.
Sans modification des habitudes de vie ou traitement, les plaques d’athérome progressent jusqu’à diminuer le diamètre des artères coronaires. Lorsque ses besoins augmentent, principalement à l’effort ou lors d’une tachycardie, le cœur souffre (douleur). Puis la douleur cède au repos. C’est ce qu’on appelle l’angine de poitrine ou angor d’effort.
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Lorsque le rétrécissement de l’artère devient très important, des douleurs peuvent apparaitre au repos ou créer une souffrance suffisante pour entrainer un infarctus.
Dans d’autres cas, une minuscule plaque, sans symptôme d’alerte, peut se fissurer, exposant son contenu aux éléments du sang (en particulier aux plaquettes) qui vont se fixer dessus et provoquer un thrombus (un gros bouchon).
Dans ce cas il est impossible de prévoir l’infarctus : un coup de tonnerre dans un ciel serein.
Les symptômes
Les symptômes diffèrent d’un individu à l’autre et peuvent débuter par de l’angine de poitrine (les mêmes symptômes qu’un infarctus mais transitoires, à l’effort).
Classiquement, c’est à dire dans 80 à 90% des cas, on trouve une douleur dans la poitrine, diffuse, à type de pesanteur. Parfois très intense, d’autre fois décrite plus comme une gêne.
Elle est souvent associée à une douleur :
- au bras gauche (56%),
- au bras droit (30%),
- entre les épaules (27%),
- et/ou dans les mâchoires (31%).
D’autres symptômes classiques sont moins connus des non médecins :
- essoufflement à l’effort (50%),
- nausées ou vomissements (35%),
- malaise (20%),
- troubles digestifs comme des douleurs abdominales (11%).
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Malheureusement il arrive qu’un infarctus soit dit « silencieux » et qu’on retrouve seulement des signes frustres (fatigue, sueur) voire rien du tout, parfois même un arrêt cardiaque inaugural.
Concernant les douleurs thoraciques, le thorax contient d’autres organes pouvant provoquer des douleurs :
- le péricarde (enveloppe entourant le cœur),
- l’aorte,
- les poumons,
- la plèvre (enveloppe entourant les poumons).
Mais il ne faut pas oublier que la partie thoracique est constituée d’os, d’articulations, de muscles et de nerfs qui peuvent être très douloureux. La paroi représente la plus grande partie des douleurs du thorax, elles ne sont pas accentuées par l’effort et apparaissent lors de certains mouvements ou lorsque que l’on appuie dessus.
Le médecin traitant est le mieux placé pour faire le tri parmi toutes ces douleurs et orienter vers un cardiologue lorsque c’est nécessaire.
Après un infarctus, il faut surveiller les récidives de douleur, car lorsque l’on a fait un infarctus on est à risque d’en refaire un. Généralement les symptômes restent les mêmes que pour la première crise cardiaque.
En fonction des séquelles, il peut alors apparaitre une insuffisance cardiaque.
A noter : Lorsque l’on a fait un infarctus on est à risque d’en refaire un. Il est donc indispensable d’avoir un suivi régulier et d’appréhender la maladie (cours, traitements etc…) ; le bénéfice sur la survie et la qualité de vie en dépendent.
Gravité de l’infarctus
En France on constate une diminution du nombre d’infarctus, probablement grâce :
- à la diminution de consommation de tabac,
- à l’amélioration de la prise en charge de l’excès de tension (hypertension artérielle), de cholestérol ou du diabète.
Il y a eu également de gros progrès sur les traitements et les délais de prise en charge des crises cardiaques.
A noter : La mortalité lors d’un infarctus a donc diminué de plus 30% en 10 ans mais reste de 7,2%.
Un sur risque existe chez les femmes et chez les plus de 75 ans
Il existe un sur risque chez les femmes (10,8% vs 5,6% pour les hommes) et les plus de 75 ans. C’est la première cause de mortalité après 55 ans y compris chez les femmes (devant le cancer du sein). Ce taux, en France, est l’un des plus bas du monde.
Les causes de décès lors d’un infarctus peuvent être un trouble du rythme ou défaillance cardiaque (OAP, choc cardiogénique)
L’arythmie cardiaque ou troubles du rhytme cardiaque : ce qu’il faut savoir
En dehors de la mortalité, l’infarctus présente une gravité du fait des séquelles pouvant aboutir a une insuffisance cardiaque chronique réduisant la qualité et l’espérance de vie.
Il est donc important de prendre cette pathologie au sérieux et de se manifester le plus précocement possible.
Les traitements
Alors que faire en cas de suspicion d’infarctus ou de crise cardiaque ?
- Si les symptômes apparaissent seulement à l’effort, on pourra suspecter une angine de poitrine. Il faudra alors en parler rapidement à son médecin qui orientera la prise en charge.
- Par contre si les symptômes sont d’apparition récente et/ou pour des efforts très modérés il est plus prudent de consulter dans la journée en évitant tout effort.
Lors d’un infarctus, les symptômes ne cèdent pas. Il est important de ne pas aggraver la situation en augmentant les besoins en oxygène du cœur :
- rester calme et se mettre au repos : le risque étant l’arrêt cardiaque,
- appeler les secours adaptés (SAMU 15, Pompiers 18, Urgence internationale 112) en leur décrivant précisément la situation pour permettre le choix de la destination la plus appropriée et du moyen de transport.
A savoir : Les traitements médicamenteux à la phase aigüe d’un infarctus sont principalement des anticoagulants ou antiagrégants : noms compliqués pour des médicaments qui fluidifient le sang pour aider à diminuer le thrombus (bouchon dans l’artère responsable de l’infarctus) et empêcher sa progression.
La coronarographie : un examen permettant de visualiser les artères coronaires
Plus ou moins en urgence en fonction des cas, les médecins pratiqueront une coronarographie. Cette intervention consiste en plusieurs étapes :
- Monter un cathéter dans les artères (au départ du poignet ou de la cuisse) pour remonter jusque dans l’aorte au départ des fameuses artères coronaires).
- Un produit à base d’iode est injecté et permet d’obtenir à la radio une image de l’intérieur des artères (comme un moulage) et de détecter un rétrécissement ou un bouchon.
- Cette technique permet dans le même temps de réouvrir l’artère à l’aide d’un ballonnet qui, une fois gonflé, expend une sorte de petit ressort qui maintient l’artère ouverte.
Ce ressort (stent) doit être accompagné d’un traitement antiagrégant à vie car ce matériel pourrait être pris pour cible par les plaquettes qui, en se fixant dessus, le boucheraient créant un nouvel infarctus.
Le pontage, technique de chirurgie cardiaque
Parfois le rétrécissement est mal placé ou trop d’artères sont touchées : le traitement par ballonnet n’est pas possible, il faut recourir aux pontages (chirurgie à cœur ouvert).
Après un infarctus, un traitement est donné à vie. Celui-ci a deux buts :
- A défaut de réparer, il aide le coeur à continuer à assurer son rôle malgré les dégâts.
- Il protège les artères restantes d’un autre infarctus qui pourrait aggraver les dégâts sur le cœur ou être fatal.
Des séances de rééducation sont en général prescrites, elles permettent de reprendre une activité physique sans appréhension et de mieux appréhender la maladie (cours, traitements etc…) Elles ne doivent pas être négligées car le bénéfice sur la survie et la qualité de vie est très important.
A noter : En cas d’infarctus ou de crise cardiaque, un traitement médicamenteux à base d’anticoagulants ou d’antiagrégants est à suivre à vie pour aider le coeur à assurer ses missions et protéger les artères restantes d’un nouvel infarctus.
Prévention, comment éviter de faire un infarctus ?
Prévention, comment éviter de faire un infarctus ?
Eviter à 100% un infarctus relève de la fiction : même les gens ayant une vie qualifiée de saine, sans facteur de risque peuvent souffrir d’une crise cardiaque. Certains facteurs comme la génétique ne sont pas modifiables.
Les points sur lesquels nous avons le contrôle sont :
- De bien prendre son traitement après un épisode cardiovasculaire.
- Le diabète, l’excès de cholestérol et l’hypertension doivent être contrôlés par un régime et des traitements et nécessitent un suivi régulier.
- Le tabac est le premier facteur de risque chez les jeunes : lorsqu’un infarctus survient avant 50 ans il s’agit d’un fumeur dans 70 à 80% des cas ! La consommation de tabac est en augmentation chez les femmes jeunes alors qu’il est en baisse chez les hommes.
- L’obésité est retrouvée dans 27% des infarctus des jeunes : son incidence est en augmentation. Le surpoids est également responsable d’une augmentation du risque de diabète et d’hypertension.
- La sédentarité, c’est à dire la limitation de l’activité. Ce n’est pas seulement ne pas faire de sport mais de prendre systématiquement sa voiture ou l’ascenseur. C’est un résultat direct de l’évolution de notre mode de vie.
Il est recommandé de pratiquer une activité physique régulière (comme la marche) 30 min à raison de 3 fois par semaine : l’effet est bénéfique sur le poids, la tension, le cœur et améliore rapidement les capacités à l’effort (ressenti sur la respiration). - La prise en charge précoce de l’angor ou angine de poitrine. Se présenter à son médecin avec des signes d’angor permet d’introduire un traitement et de protéger le cœur avant qu’il n’y ait un infarctus, donc avant séquelles. Si la douleur thoracique est souvent connue comme signe d’infarctus, les autres signes sont souvent méconnus comme la survenue de la crise cardiaque à l’effort.
Et les autres artères ?
Les mêmes causes sont responsables d’atteintes des autres artères de l’organisme responsables de deux autres pathologies :
- Artériopathie Obstructive des Membres Inférieurs (AOMI) ou artérite
- Accident Vasculaire Cérébral (AVC)
La découverte d’une de ces trois pathologies : infarctus, artériopathie des membres inférieur et AVC, entraine le dépistage des autres.
Infarctus, une particularité chez la femme
Les symptômes d’une crise cardiaque chez la femme
Les grands symptômes sont les mêmes pour les hommes et les femmes largement dominé par la pesanteur dans la poitrine.
La proportion de signes dit « digestifs », « thoraciques » ou « essoufflement » varie en fonction des groupes et des études réalisées.
Chez l’homme aussi l’infarctus peut être « silencieux ».
Aussi les signes d’infarctus à retenir (ci-dessus) sont donc les même qu’on soit un homme ou une femme.
Hommes et femmes : petites et grandes différences
Epidémiologie : un taux de décès deux fois plus important chez la femme !
- Alors que les femmes ne représentent que 32% des victimes d’infarctus, leur taux de décès est deux fois plus important (10,8 % vs 5,6% pour les hommes). Les femmes font deux fois moins d’infarctus que les hommes, mais elles en meurent plus.
- De plus, ces dernières années on constate une diminution du nombre d’infarctus dans la population française sauf pour les femmes de 35 à 54 ans (+15% en 10 ans). Cela s’explique par une augmentation du tabagisme (consommation doublée !!), une augmentation de l’obésité et du diabète.
- Cette différence est plus marquée chez les jeunes et persiste quel que soit les symptômes ou le délai de prise en charge. Les scientifiques semblent expliquer cela par des artères plus fines et des lésions différentes et plus diffuses rendant le traitement plus difficile. il existe également des facteurs hormonaux comme contraception + tabac et la ménopause.
- Le délai entre le début d’un infarctus et l’arrivée à l’hôpital est plus long pour les femmes que pour les hommes. Alors même qu’elles ont une meilleure connaissance des signes d’alertes, lorsqu’ils se présentent, elles se pensent moins souvent victime d’un infarctus qu’un homme. Même lors de symptômes « typiques ».
Plusieurs raisons sont à évoquer pour expliquer ce phénomène :
- Plus grande tolérance à la douleur (aucune femme ne pense mourir en se coupant avec une enveloppe).
- Négligence des symptômes : ne consultent pas préférant s’occuper des obligations familiales ou professionnelles.
A noter : Il est vrai également que dans l’inconscient populaire l’infarctus est une maladie concernant les hommes d’affaire fumeur et se gavant de petits fours. Mais le fléau cardiovasculaire n’épargne ni les femmes, ni les jeunes ni les sportifs. Ceci est d’autant plus dangereux car l’infarctus n’est pas évoqué par le patient ou par les médecins dans ces populations jugées, à tort, sans risque.
Un traitement médical moins important et une méconnaissance de la maladie
Les différentes études ont également montré que les femmes passent moins d’examen complémentaire, leur traitement médical est moins important, elles bénéficient de moins de conseils hygiéno-diététiques et de séances de rééducation.
Espérons que :
- les récentes découvertes scientifiques améliorent la prise en charge des femmes,
- les grandes campagnes médiatiques actuellement en cours améliorent leur hygiène de vie (tabac, obésité, absence d’activité physique) et leur connaissance de la maladie.
Sources et notes
Auteur : Dr Marion Angue, cardiologue et réanimatrice médicale
- Bulletin épidémiologique hebdomadaire de l’invs
- Société européenne de cardiologie
- Fédération française de cardiologie