Crèmes anti-âge

Les crèmes anti-âgePin

Entre les compositions incompréhensibles pour le néophyte, le marketing et la publicité qui revendiquent des effets quasi-miracle, comment s’y retrouver dans la cosmétologie et les crèmes anti-âge ? Comment connaître les produits vraiment efficaces ? Une crème à 80 € est-elle 8 fois mieux qu’une autre à 10 € ?

Pour avoir la réponse à ces questions, nous vous indiquons comment lire les étiquettes des crèmes anti-âge, ce qu’il y a vraiment dans ces produits, ce que l’on peut attendre d’un produit bio, etc.

Au sommaire de ce dossier :
> Ce qu’il y a dans les crèmes : les principaux composants.
> Qu’est-ce qu’un antiride ?
> Comment booster sa crème : les astuces d’un pro
> Les substances clés des crèmes anti-âge
> Faut-il choisir des crèmes bio ou non ?
> Comment utiliser les huiles essentielles
> Notre sélection de produits anti-âge
> L’interview du Dr Gérard Redziniak qui nous livre ses bons conseils…

Auteur : Hélène Hodac
Experts Consultants : – Dr Gérard Redziniak, docteur en biophysico-chimie moléculaire.

– Françoise Rapp, aromathérapeute spécialisée en préparation aroma-cosmétique.
– CyrilleTelinge, Cofondateur de Novexpert. Directeur Général du laboratoire de recherche d’Innovation Cosmétique et Dermatologique.
Octobre 2013.

Les crèmes anti-âge : ce qui marche vraiment ! : Y a quoi dans les crèmes anti-âge ?

Dans la majorité des crèmes anti-âge, les 2 principaux composants sont l’ eau et l’huile de paraffine. A eux deux, ils représentent bien souvent 80 % de la formulation.

L’eau est l’ingrédient numéro 1.

L’huile de paraffine est ce qu’on appelle une huile minérale. Elle est issue de la pétrochimie. C’est un produit peu onéreux, à peine plus cher que le gasoil ! On le trouve aussi dans les crèmes de luxe, les produits de pharmacie hypoallergéniques, les crèmes vendues en supermarché ; en revanche elle est exclue des cosmétiques bio. Principe inerte, elle permet à peu de frais de « surfacer » et de boucher les pores de la peau…

Concernant les 20 % des substances susceptibles d’être actives sur les rides, elles sont onéreuses, surtout celles issues de la recherche en laboratoire et donnant lieu à des brevets. Elles portent des noms compliqués souvent mis en avant sur l’emballage (même si bien souvent, elles n’entrent pas à plus de 2 % dans la composition des produits).

D’autres substances moins récentes, comme les vitamines ( vitamine C, E, ou A, par exemple) ou certaines plantes traditionnellement utilisées depuis des centaines d’années (huile d’argan, de rose musquée, extrait de centella asiatica, par exemple) sont beaucoup moins chères, moins technologiques, pas forcément moins performantes.

Notre conseil : le prix n’est pas un critère d’efficacité. Mieux vaut s’armer d’une loupe et étudier la composition sur l’emballage du produit que l’on désire acheter.

Les crèmes anti-âge : ce qui marche vraiment ! : Un anti-âge, c’est quoi ?

Anti-âge et antirides… signifient quoi exactement ? Selon la législation, il s’agit d’un soin de la peau dont on a mesuré par un test clinique sous contrôle médical, les propriétés antirides. C’est-à-dire la capacité à réduire soit le nombre de rides, soit la profondeur ou la largeur ou la longueur des rides après une durée d’application durée d’environ un mois et sur un minimum de 10 à 20 personnes. Ces mesures sont effectuées selon un protocole bien établi par les sociétés de test, indépendantes de la marque cosmétique avec différents systèmes comme l’empreinte, la caméra 3 D, etc.

Bien souvent une crème antirides combine 2 actions qui visent :
1) Une action symptomatique immédiate (mais temporaire).
Ici sont utilisés des actifs capables de combler les rides en surface et/ou des agents liftant qui par tension en surface, « lisse » la ride.
Bref, il s’agit soit d’un « lifting » vertical (comblement) soit lifting horizontal (tension).

2) Une action biologique plus durable (mais pas forcément immédiate).
La sélection des principes actifs est plus compliquée puisqu’on cherche à agir sur les causes biologiques du vieillissement de la peau, qui sont nombreuses et intriquées ! À savoir, en fonction des théories anti-âge les plus en vue : prévenir et corriger l’ oxydation des cellules, la mutation des cellules à chaque réplication, la rigidification des protéines (glycation), l’inflammation et les déviances du système immunitaire…
L’objectif est donc d’anticiper et de réparer les modifications de la structure de la peau, notamment au niveau de la matrice extra-cellulaire et en particulier de collagène du derme. Et de mettre en échec la formation des rides et in fine de stimuler la néosynthèse du collagène et de l’élastine afin de réduire les rides déjà formées.

Conseil Santé AZ : la peau n’est pas un organe coupé en tranches étanches (épiderme, derme, hypoderme…). Agir sur le « dessus » génère des signaux vers le « dessous ». Et vice et versa. Il existe un dialogue entre les cellules des différentes couches.

Les crèmes anti-âge : ce qui marche vraiment ! : Les astuces de pro pour booster sa crème anti-âge

On peut intervenir de différentes façons pour stimuler l’action des crèmes anti-âge :

Le massage :
Avant et pendant l’application.
La chaleur du massage stimule à la fois l’ouverture des pores (meilleur passage des actifs) et la microcirculation (meilleure diffusion des actifs). À éviter si la crème contient du collagène, cette molécule se dénature au-delà de 37 °C.

L’exfoliation :
En douceur et sans excès.
On conseille d’effectuer de préférence des massages enzymatiques, avec des AHA (alpha hydroxyacides – acides de fruits), des grains très doux. Éviter les gommages agressifs et abrasifs (gros grains) qui provoquent des effets rebonds avec une surstimulation anarchique du renouvellement cutané. A faire 1 fois/semaine.

L’occlusion :
20 minutes maxi.
L’occlusion augmente la pénétration jusqu’à un facteur 10 ! Mais attention, il y a un risque d’augmenter le potentiel irritant d’une formule ( vitamine A ou des AHA…). À réserver, aux soins nourrissants et hydratants, ponctuellement, après une sortie en extérieure par exemple. Faire pénétrer une première couche de crème, et appliquer une seconde couche épaisse.

Les crèmes anti-âge : ce qui marche vraiment ! : Les substances clés des crèmes anti-âge

Voici présentées des substances, des molécules sur lesquelles on a le recul nécessaire et les preuves pour dire qu’elles atténuent les effets de l’âge, les rides… En toute sécurité et innocuité.

La vitamine C
C’est un antioxydant anti-âge majeur. En plus, elle contribue à stimuler les fibroblastes (les cellules qui aident à la production de collagène et d‘élastine). Les études montrent qu’elle est efficace pour réduire les ridules et les rides, à raffermir la peau, à diminuer les irritations cutanées. Attention, seules certaines formes permettent d’atteindre cet objectif : la vitamine C glucoside et les formes liposolubles.
Le bon plan : enrichir sa crème d’une capsule d’ester de vitamine C (Solgar)

Conseil Onmeda : noms scientifiques à repérer sur l’emballage : tétrahéxyldécyl ascorbate, palmitate d’ascorbyl, ascorbyl glucoside.

La vitamine E
Son action est très documentée et montre des effets très puissants (in vivo) comme antioxydant et anti-inflammatoire. La forme topique idéale est la vitamine E naturelle (issues des huiles végétales) car elle est « complète » : elle contient à la fois les 4 tocophérols et les 4 tocotriénols. Ces derniers sont des composants 50 fois plus puissants que les tocophérols. Ils ont une action importante sur la réparation cellulaire.
Vitamine C (cf. au-dessus) : la vitamine C régénérant l’action de la vitamine E.
Le bon plan : l’huile de son de riz (Aroma Zone) doté de tous les tocophérols et d’un fort taux (70 %) de tocotriénols.

Conseil Onmeda : noms scientifiques à repérer sur l’emballage : tocophérols, tocotriénols.

L’acide hyaluronique anti-âge

Isolée et utilisée pour la première fois par une grande marque de cosmétique japonaise dans les années 90, l’acide hyaluronique qui est maintenant obtenue par biotechnologie fait partie des incontournables de l’anti-âge. Ses actions – multiples – sur le tissu cutané dépendent cependant de son poids moléculaire, c’est-à-dire de sa capacité à pénétrer ou pas dans le derme.

4 poids – 4 mesures :
1) L’acide hyaluronique de haut poids moléculaire (1 000 000 daltons) : trop « gros » pour franchir la couche cornée, on utilise son effet filmogène et ses propriétés hygroscopiques comme super-hydratant des couches supérieures de l’épiderme.
2) L’acide hyaluronique de moyen poids moléculaire (100 000 daltons) renforce la protection de la peau et améliore la microcirculation cutanée, facteur de souplesse et d‘éclat.
3) L’acide hyaluronique de bas poids moléculaire (50 000 daltons) pénètre au niveau du derme permettant à la fois la stimulation de la synthèse du collagène et une amélioration de la captation de l’ eau.
4) L’acide hyaluronique de très bas poids moléculaire (5 000 daltons). Il régule les métallo-protéases matricielles, des enzymes programmées pour détruire le collagène. Leur quantité augmente avec le temps et contribue à accélérer le vieillissement de la peau.

Conseils Onmeda :
> Associer une combinaison d’acide hyaluronique de haut et bas poids moléculaires pour une action cellulaire et tissulaire, immédiate et pérenne.
> Noms scientifiques à repérer sur l’emballage : Hyaluronate de sodium, glycoaminoglycane.

Les crèmes anti-âge : ce qui marche vraiment ! : Bio ou pas bio ?

Question d’éthique ou d’efficacité durable, c’est à chacune de se faire son idée. Mais en cosmétique comme en médecine, on peut rappeler qu’un des préceptes de base « primum non nocerer » – d’abord ne pas nuire – n’est pas inutile pour commencer par se faire du bien.

Les produits cosmétiques, contrairement à ce qui était admis depuis de nombreuses années, traversent l’épiderme. Le bon et le moins bon. Ainsi, une étude menée par l’université de Copenhague (en 2007) montre que parabens et phtalates contenus dans une crème cosmétique se retrouvent dans les urines 4 heures après l’application. La pénétration cutanée n’est aujourd’hui plus remise en cause par la législation : début 2013, l’ANSM (agence du médicament) limite à 3 % le taux de caféine dans les cosmétiques minceur pour éviter les effets secondaires dus au passage dans la circulation générale avec un risque de tachycardie.

Les produits cosmétiques bio et non bio pénètrent donc… et les molécules non biodégradables (par exemple, les parabens, silicones…) se « bio-accumulent » (dans les tissus adipeux), les toxiques s’éliminent dans les urines… ou pas. À ce stade, un parallèle avec l’ alimentation permet d’avoir une vision plus globale du fonctionnement de la peau, de ce qui la nourrit vraiment et la détériore à moyen et long terme.
Et à l’heure où la détox fait recette (en cosmétique comme en alimentation), la question ne serait-elle pas d’abord d’éviter d’intoxiquer l’organisme, afin de préserver ses capacités de défenses et de régénération.

Pourquoi privilegier les actifs d’origine naturelle ?
Les actifs d’origine naturelle restent plus biodégradables que les molécules chimiques de synthèse.

« 100 à 300 kg de cosmétiques sont absorbés par la peau au cours d’une vie, et le consommateur applique près de 500 molécules diverses et variées sur la peau par jour ! Les galéniques modernes sont de plus en plus performantes (encapsulation, transporteur…) et les actifs pénètrent de plus en plus vite, de plus en plus loin. À minima, le principe de précaution est de mise, d’autant qu’à la lumière des révélations de la biologie moléculaire et de l’épigénétique, il ne fait plus de doute que l’influence de la cosmétique déborde le traitement de la ride » indique Cyrille Telinge (*). A plusieurs millénaires de la « cosméceutique », l’ ayurvéda faisait déjà reposer les traitements thérapeutiques (local et général) sur le principe de l’absorption cutanée de matières premières appliquées sur la peau. On redécouvre, ce qu’on savait déjà !

(*) Cofondateur de Novexpert. Directeur Général du laboratoire de recherche d’Innovation Cosmétique et Dermatologique.

Les crèmes anti-âge : ce qui marche vraiment ! : Et les huiles essentielles ?

Les huiles essentielles correspondent à de l’ultra-concentré de plante, la partie liposoluble de la plante, donc avec une grande affinité avec la peau. Ce produit naturel passe la barrière cutanée avec une facilité déconcertante (quelques minutes) à faire pâlir d’envie les biochimistes les plus chevronnés… Plusieurs études sont disponibles sur leurs vertus thérapeutiques, en tant qu’anti-bactériens, anti-viraux, anti-fongiques, anti-inflammatoires, anti-vieillissement (au niveau cellulaire, par exemple au CNRS), mais ils n’existent pas à ce jour d’étude sur leurs propriétés anti-âge. Ici, seule l’expérience prévaut. Et on peut noter pour certaines d’entre elles, un usage de plus en plus éclairé en dermatologie et en chirurgie esthétique, notamment en postopératoire.

Une huile essentielle, c’est de la chimie pure : cétone, ester, aldéhyde, linalol… Mais comprenant bien souvent plus d’une cinquantaine de molécules différentes qui agissent dans une synergie compliquée. Les cosmétologues leur reprochent de contenir des composants allergènes, ce qui est vrai, mais le sont-ils plus que beaucoup de produit de synthèse ? Sur le terrain, l’expérience de nombreuses utilisatrices et de formulatrices montre peu de réaction négative.

En revanche, attention : les huiles essentielles sont des substances très actives, comportant de nombreuses contre-indications, elles peuvent être dermo-caustiques, hépato-toxiques, néphro-toxiques, neuro-toxiques. Il importe de ne pas les utiliser sans de très bonnes connaissances préalables et de n’utiliser que des huiles essentielles de très bonne qualité.

Le conseil de Françoise Rapp (*) : « En anti-âge, les huiles essentielles de carotte, de ciste, de rose, de bois de rose et de santal sont incontournables, efficaces et douces d’emploi. Elles agissent sur la régénération et la tonification du tissu cutané. Il faut en mettre très peu : environ 10 à 15 gouttes dans 50 ml d’une crème (bio-hydratante), ou dans 50 ml d’huile végétale de rose musquée. Cette dernière est déjà en soi un traitement lissant et antiride, avec des précurseurs de vitamine A acide, et de la vitamine E ».

(*)Aromathérapeute spécialisée en préparation aroma-cosmétique.

Les crèmes anti-âge : ce qui marche vraiment ! : Notre sélection de produits anti-âge

« Une action sur toutes les couches tissulaires de la peau »

Cette crème associe l’ acide hyaluronique sous ses 4 poids moléculaires. On y trouve aussi des extraits d’algues, de pépins de pommes pour stimuler la production d’acide hyaluronique et de collagène endogène, de l’extrait de Commiphora pour « refaire du gras » et repulper des tissus qui s’amincissent. Egalement des anti-oxydants : thé vert, grenade, brocoli – pour protéger des méfaits des radicaux libres.
Karité, polyssacharide et aloe vera pour hydrater et apaiser.

Pour qui ?
Pour toutes et tous, dès les premiers signes de « relâchement » vers 30 ans. Sauf les peaux grasses.

Crème repulp de Novexpert
Tube 40 ml — 38 euros TTC
Parapharmacie : Parashop 

Crème Ressourçante Nuit

Crème Ressourçante Nuit- Laboratoire Combe d’Ase.
« L’anti-âge, antistress de la peau ».

Un complexe aromatique (riche en hydrolat et en huiles essentielles) qui agit sur la dimension corps-esprit permettant ainsi la régénération cellulaire. Au cœur de cette formulation : l’huile essentielle de myrrhe sauvage, une plante avec une action antioxydante et sur la préservation des membranes cellulaires.

Pour qui ?
Pour les personnes avec une peau atone. À partir de 30 ans.

Crème Ressourçante Nuit- Laboratoire Combe d’Ase
Pot 50 ml : 45 €

Musalift Crème de nuit – Kadalys

« Relance la self-défense ».

Un soin hydratant qui relance la synthèse des lipides épidermiques grâce à des extraits lipidiques de la peau : de la banane jaune (fortement dosée en polyphénols et phytostérols), à l’ acide hyaluronique à bas poids moléculaire et aux céramidones. Une action durable car interactive entre la superficie et la profondeur de la peau.

Pour qui ?
Les rides liées aux agressions (soleil, air conditionné, froid…).

Flacon airless 50ml 

Tendre fermeté Sérum de peau raffermissant – Art de soi

« Un restructurant de choc ».

Le top de la technologie biopeptides biomimétique, breveté sous le nom de CEM® (cell messager emotion). Les CEM® reproduisent un environnement positif (neurotransmetteurs) et se connectent comme des clés sur les cellules et remettent en route celles qui sont parties à la retraite… Dans le sérum tendre fermeté sont visés les adipocytes, les cellules graisseuses, pour redonner aux contours du visage un aspect plus tonique, du maintien et du volume.

Pour qui ?
top pour les peaux matures qui perdent en tonicité. Associer avec le sérum « double jeune », qui vise la matrice extra-cellulaire et va réduire rides et ridules.

Flacon pompe 30 ml 

Actif pur d’acmella — Etat pur

« Effet botox like pour les rides d’expression ».

Les fleurs d’Acmella contiennent des molécules myorelaxantes qui agissent directement sur les micro-contractions du visage pour « défroisser » la peau et éviter surtout qu’elle ne se creuse encore plus aux endroits stratégiques des émotions. Les études montrent une action lissante sur le micro-relief cutanée (profondeur et nombre) en 21 jours.

Pour qui ?
Pour les hommes et femmes qui ont des rides qui marquent le visage prématurément au niveau du front, du contour des yeux ou de la bouche. À utiliser de préférence sous un soin protecteur adapté à sa peau et son âge.

Actif pur d’acmella — Etat pur
Flacon pression de 15 ml 

Crème anti-ride régénérante à la gelée royale – Fleurance Nature

« Multi-usage ».

Un soin petit prix, formulé avec des actifs complètement naturels reconnus pour leur activité. L’huile vierge de rosier muscat lisse et accélère le renouvellement de l’épiderme, elle agit en synergie avec la gelée royale dont les composants interviennent comme booster cellulaire. Contient aussi de l’aloe vera et du beurre de karité.

Pour qui ?
Dès 35 ans pour un usage quotidien. Prévoir un sérum (cf. au-dessus) en cure, 2 fois dans l’année pour une action plus musclée.

Crème anti-ride régénérante à la gelée royale – Fleurance Nature
Pot de 50 ml 

Les crèmes anti-âge : ce qui marche vraiment ! : Interview d’un expert en cosmétologie

Interview du Dr Gérard Redziniak, docteur en biophysico-chimie moléculaire.
Il exerce depuis 35 ans dans le monde de la recherche en biologie cutanée et en cosmétologie. Il est aujourd’hui conseiller scientifique indépendant pour différentes sociétés de cosmétiques et de matières premières en leur proposant des projets de recherche et d’innovation.

En matière d’antiride, faut-il accélérer la régénération cellulaire ou la retarder ?

Dr Gérard Redziniak : Un peu les deux et pas n’importe comment. L’idée serait de contrôler la qualité et la quantité des nouvelles cellules. Par exemple : poncer en surface va rénover, accélérer les processus de renouvellement, mais il ne faut pas en abuser. On ne peut pas tout le temps avoir le pied sur l’accélérateur, sinon on va user le moteur… Il faut savoir préserver son capital : le nombre de divisions cellulaires est limité (lié au patrimoine cellulaire).

Concrètement, l’utilisation de ponçage moléculaire (AHA ou acide glycolique) ou de molécules avec effet « facteur de croissance (IGF like) » peut se faire en cure, une fois par saison, pour relancer un peu les kératinocytes qui tendent à se fatiguer avec le temps (5 % de cellules en mitose à 20 ans, et 1 % à 50 ans). Mais attention, la sursollicitation entraîne une sursensibilité de la peau, car elle n’a plus le temps de fabriquer sa protection de surface, et là on va à l’encontre de ce qu’on recherche.

En matière d’innovation, quels sont vos ” chouchous ” ?

Dr G. R. : La famille des peptides est maintenant incontournable dans la panoplie antirides. Certains peptides – comme le triptides RGD (type Matrixyl®) – à action sur les fibroblastes du derme sont capables de relancer le métabolisme du collagène et de l’élastine. Ils sont intéressants pour les peaux matures. D’autres ont des effets botox like, comme l’Argirelline®, ils sont à recommander pour les rides d’expression.
Les sucres phosphorylés sont incontournables pour agir à la fois en surface et réguler le métabolisme en profondeur.

L’innovation doit cependant s’accompagner d’une stratégie globale, par strate : il faut savoir traiter l’épiderme, le derme, voire l’hypoderme pour refaire du lipide bag (action sur les adipocytes pour restructurer les volumes), voire jouer sur les terminaisons nerveuses. Le traitement biologique des rides passe forcément par une action cellulaire. C’est le gage d’un effet tissulaire.

Un mot sur l’importance des peptides et leurs propriétés…

Dr G. R. : Quand on dit « peptides », il faut penser hormones peptidiques, car ils agissent comme des messagers. Ils s’accrochent à la surface de la membrane cellulaire et se comportent comme des clefs de contact qui relancent ou arrêtent le « moteur » de la cellule. Il faut choisir son peptide en fonction de l’objectif qu’on souhaite atteindre.

Quel est le rôle des sucres pour la propriété anti-âge ?

Dr G. R. : Hyper-important ! Les sucres sont à l’origine de la vie, c’est une grande famille : les glycanes. Ils se combinent et forment des millions de structures différentes.
L’ADN, par exemple, est un polysaccharide sur lesquels se sont fixées des bases.
L’ acide hyaluronique est lui aussi un polysaccharide.
Leurs actions sont multiples :
– Ce sont des molécules « SMS » qui permettent la communication entre les cellules,
– Ce sont des molécules bâtisseuses.

Pourquoi trouve-t-on tant d’eau dans les formulations des produits antirides ?
Dr G. R. : La peau en soi est déjà une émulsion naturelle ; c’est une structure moléculaire organisé avec 70 % d’ eau en poids (ce qui représente 95 % en molécule) : l’équilibre aqueux doit donc être maintenu. Mettre de l’huile tous les jours, provoque un effet occlusif qui est négatif. L’eau est nécessaire au bon équilibre cellulaire et surtout enzymatique. Dans les formulations, elle peut être remplacée par des hydrolats ou de l’ eau thermale.

Différence entre les crèmes anti-âge de jour et de nuit

Quelles sont les relations entre le collagène et l’acide hyaluronique ?

Dr Gérard Redziniak : Ce sont les briques de notre corps. Le collagène – protéine majoritaire du corps – est hydraté à l’intérieur du derme par l’ acide hyaluronique : les deux sont donc imbriqués. Cela forme ce qu’on appelle la matrice extra-cellulaire.
On n’a que 15 g d’acide hyaluronique (en matière sèche) dans le corps, mais il piège 15 litres d’eau (1 g pour 1 litre d’eau). L’acide hyaluronique se renouvelle en 3 jours. Pour fabriquer l’acide hyaluronique, notre organisme a besoin de 2 sucres : l’N-acétylglucosamine et l’acide glucuronique. Et au cours du temps l’N-acétylglucosamine se fait plus rare. Certains travaux suggèrent que prise par voie orale, elle pourrait avoir un effet positif sur l’état général de la peau.

Et pour les hommes le traitement des rides va-t-il être différent ?

Dr G. R. : La stratégie antirides est la même pour les l’hommes… Oui, il peut piquer votre “formule” antirides ! La peau de l’homme qui peut être plus grasse en surface (plus émolliée… testostérone oblige) mais elle se détériore en profondeur comme la peau féminine (mais de façon plus lente). En revanche, l’homme présente des rides d’expression plus marquées : les formulations botox like seront performantes sur les peaux masculines.

Un anti-âge n’est qu’une question de molécules ?

Dr G. R. : Le métier de la cosmétique c’est d’abord un métier sensoriel. L’effet placébo, qui veut dire « plaire », est un principe actif à part entier. La texture, l’odeur sont primordiales car la ride est un traitement à long terme, mais surtout un rendez-vous avec soi-même. La relation cerveau/peau est ultra-importante. Le stress, par exemple, libère au niveau cutané des CGRP, des neuromédiateurs qui déséquilibrent le bon fonctionnement cellulaire. La méditation, le massage a contrario parce qu’ils permettent la libération d’endomorphines ont des effets positifs sur les cellules cutanées. Certaines odeurs, certains esters, ont une action relaxante sur les muscles en agissant directement sur une partie profonde du cerveau (l’hypothalamus) par la voie olfactive.

Cosméto de jour et cosmeto de nuit : marketing ou réalité ?

Dr G. R. : On peut parler de chronobiologie de la peau, et même de chromobiologie.
La journée, la lumière a des effets très importants sur le fonctionnement cutané. La NASA a mis en évidence certains effets de la lumière. Ainsi, il a été découvert que la longueur d’onde « rouge » favorise la synthèse de l’ATP et d’endomorphine, la régénération cellulaire et la cicatrisation.

Dans la journée, la peau fabrique plutôt des substances protectrices, anti-radicalaires. Le taux du SOD (superoxydase dismutase) augmente. En revanche, la régénération s’effectue la nuit : les fibroblastes au cœur de la matrice extra-cellulaire deviennent très actifs, par exemple pour fabriquer l’acide hyaluronique.

La nuit, il est important d’apporter des précurseurs d’acide hyaluronique qui vont enclencher la synthèse endogène (c’est par exemple le cas de certains sucres phosphorylés), et aussi des peptides. Ils fonctionnent comme des effets « clefs » sur les cellules et boostent les fibroblastes.

Peut-on changer ses rides, sans changer sa vie ?

Dr G. R. : Il y a une relation macro/micro : tout ce que vous avez à l’échelle de l’infiniment petit se retrouve dans l’infiniment grand, et vice et versa. C’est ce qu’on appelle le fractale. Qu’est-ce que cela veut dire ? Prenons le concept de désocialisation par exemple, il existe aussi au niveau microscopique, on parle alors de désocialisation des cellules, elles se mettent à la retraite, refusent de communiquer, ne veulent plus fabriquer de collagène, il s’agit de fractale moléculaire et cellulaire. Avec l’étude du modèle Okinawa, l’île où les gens vivent longtemps et en bonne santé, on sait que la longévité est corrélée à une alimentation frugale mais riche en antioxydants, à une vie sociale très développée où l’idée de retraite n’est pas en vigueur, à des pratiques d’arts martiaux et d’art énergétique…

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