Contraception : quelle pilule choisir ?

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La pilule est la première méthode de contraception utilisée en France : presque une femme sur deux (44 % des femmes entre 15 et 45 ans) déclarent la prendre régulièrement. Elle fait encore plus d’adeptes chez les jeunes filles puisque 83 % d’entre elles disent être sous pilule.

Qu’elle soit œstroprogestative ou progestative, la pilule agit selon le même mode et provoque les mêmes effets : les ovaires sont mis « au repos ».

Les hormones de synthèse suspendent l’ovulation, de même que l’évolution de la muqueuse utérine, et produisent un cycle artificiel, avec de « fausses règles » grâce à la chute hormonale engendrée à l’arrêt de la plaquette.

Pourtant, il n’est pas toujours facile de s’y retrouver parmi tous les noms qui existent sur le marché, ni de savoir laquelle est la plus adaptée à ses besoins.
Certes, il n’existe pas de pilule « parfaite », ou de traitement standard. Mais pour que tout se passe bien, la pilule doit être adaptée et le médecin est là pour vous aider.

Comment choisir sa pilule contraceptive ? Avec ce dossier, vous en saurez plus sur le fonctionnement de la pilule contraceptive et sur ses avantages au cas par cas. Pour finir, lisez les conseils d’un gynéco sur la contraception d’urgence.

Auteurs : Christine Vilnet et Dr Nicolas Evrard.
Consultant expert : Dr Brigitte Letombe, gynécologue, Présidente de la Fédération Nationale des Collèges de Gynécologie Médicale.
Dernière remise à jour : décembre 2013.

Contraception : quelle pilule choisir ? : La pilule : mode d’emploi

La plus courante est la pilule oestroprogestative qui associe un œstrogène (éthinylestradiol) et un progestatif de synthèse.

Depuis ses débuts, à la fin des années 60, les progrès ont permis de réduire le taux d’oestrogènes, et donc le développement de pilules mini-dosées, voire micro-dosées pour les pilules dites de 3ème génération.

On parle de pilule monophasique, biphasique, ou triphasique, en fonction de la distribution du progestatif au cours du cycle.

Attention aux oublis
Même si la pilule apporte aujourd’hui un certain confort, grâce à des dosages qui permettent de s’adapter aux besoins de chacune, il ne faut quand même pas oublier de la prendre !

Chaque année, les oublis de pilule sont en effet responsables de près d’une IVG sur trois. En cas de retard (au-delà de 12 heures après l’heure de prise habituelle) et en cas de rapports non protégés, il est indispensable de recourir à une contraception d’urgence, la fameuse pilule du lendemain.

Les différentes pilules

Aujourd’hui ce qu’on appelle la première génération de pilule (c’est-à-dire des pilules très fortement dosées en oestrogènes) n’est quasiment plus prescrite.

> Les plus couramment utilisées actuellement sont les pilules dites de deuxième génération, car ce sont les seules à être remboursées par la Sécurité sociale.
Elles sont généralement vendues en boite d’une ou de trois plaquettes. Ces pilules sont prescrites en première intention.

> Les pilules de troisème génération sont réputées plus équilibrées, grâce à des dosages en oestrogène très faibles et un progestatif dont l’activité « androgénique » est moindre. Elles ne sont pas prescrites en première intention, car elles ont l’inconvnient d’augmenter légèrement le risque de phlébite par rapport aux pilules de deuxième génération.
Elles ne sont pas remboursées, en revanche il existe un équivalent générique (25 à 40 % moins cher) pour quasiment chacune d’entre elles.

> Il existe aussi des pilules uniquement progestatives. Celles-ci sont généralement prescrites aux femmes qui ne peuvent pas prendre d’oestrogènes pour différentes raisons (fumeuses de plus de 35 ans, période d’allaitement…).

Elles permettent ainsi à toutes de conserver le choix du contraceptif, mais possèdent néanmoins quelques « inconvénients » par rapport aux pilules combinées : elles nécessitent impérativement d’être prises à heure fixe et provoquent certains effets secondaires plus ou moins gênants comme des problèmes de peau ( acné, urticaire…), des saignements ou encore des kystes fonctionnels au niveau des ovaires.

Contraception : quelle pilule choisir ? : Prendre la pilule pour la première fois

Il est nécessaire d’avoir une ordonnance pour pouvoir se procurer la pilule. Votre médecin généraliste peut donc vous la prescrire, mais un gynécologue vous offrira sans doute une oreille plus attentive…

Il vous posera un certain nombre de questions et fera le bilan de vos antécédents afin de déterminer, avec vous, quelle contraception paraît la mieux adaptée à vos besoins, vos attentes, mais aussi à votre âge, vos problèmes de cycles, votre vie sexuelle ou encore votre budget.

Vous pourrez également lui faire part de vos interrogations sur le mode d’emploi de votre pilule, que faire en cas d’oubli, mais également sur votre sexualité ou tout autre problème qui vous tourmente.

L’examen gynécologique n’est pas obligatoire pour une « consultation pilule ». Le médecin peut le proposer, et il peut être utile en cas de symptômes gynécologiques ( règles abondantes, pertes blanches, douleurs…) mais aussi pour vous rassurer si vous avez des inquiétudes sur votre anatomie.

L’idéal est de prendre un nouveau rendez-vous après trois ou quatre mois afin de vérifier si la pilule prescrite vous est bien adaptée. L’ordonnance est ensuite renouvelable un an. Une pilule de deuxième génération est prescrite.

Les contre-indications
La pilule est contre-indiquée dans les cas de risque cardio-vasculaire, de cancer hormono-dépendant (type cancer du sein), de certaines maladies métaboliques comme le diabète, ou l’ hypercholestérolémie… ou encore de maladies hépatiques.

Contraception : quelle pilule choisir ? : A chacune sa pilule

Comment choisir la pilule la plus adaptée ? Voici quelques réponses données au cas par cas…

Valentine, 17 ans, a peur de grossir.

C’est ce qu’on appelle une idée reçue : la pilule ne fait pas grossir. Le progestatif utilisé (en particulier dans les premières générations de pilules, lesquelles ne sont quasiment plus prescrites aujourd’hui) peut provoquer, chez certaines femmes, des envies de sucré et donc conduire à des grignotages.

On attribue souvent sa prise de poids à la pilule… alors qu’elle est généralement associée à un changement de mode de vie (entrée dans la vie étudiante, horaires décalés, alimentation déséquilibrée…). Si vous constatez néanmoins une variation significative de votre poids, n’hésitez pas à consulter votre médecin.

Anémone, 22 ans, souffre de violentes douleurs pendant les règles.

La pilule peut, dans ce cas-là, apporter un vrai confort de vie et soulager les douleurs menstruelles. Elle permet en effet de réduire le volume des règles, leur durée, mais aussi les crampes musculaires abdominales (et parfois dorsales) qui surviennent durant cette période.

Clémentine, 16 ans, a de l’acné

C’est un des autres avantages de la pilule : elle permet d’agir sur les problèmes de pilosité ou encore d’ acné.

Mais attention, aujourd’hui, en France, il n’existe plus de pilule spécialement dédiée au traitement d’une acné. La pilule oestro-progestative reste avant tout un moyen de contraception.

D’autres exemples

Flora, 25 ans, a les seins tendus sous pilule… ce qu’elle supporte très mal.

Chaque femme réagit différemment, et possède une susceptibilité personnelle différente à tel ou tel progestatif. Mais il existe aujourd’hui des pilules micro-dosées qui permettent d’ajuster le contraceptif à chacune. On pourra donc lui en proposer une moins dosée pour la rendre plus supportable.

Mais le passage d’une pilule de 2ème à 3ème génération devra se faire après évaluation du risque de phlébite, avec des explications claires de la part du médecin, à Flora sur la légère augmentation concernant ce risque.

Mona, 20 ans, est sujette aux migraines.

Si vous avez une véritable migraine, et que vous souffrez de ce qu’on appelle un autre facteur de risque (comme un cholestérol élevé, une hypertension artérielle, ou encore si vous fumez…), le médecin ne vous prescrira pas la pilule.

En revanche, si vous êtes plutôt sujettes aux migraines avant les règles, prendre une pilule en continu vous soulagera en évitant les cycles.

Céline, 27 ans, se sent mal dans sa peau avant les règles.
Elle souffre certainement, comme environ 35 % des femmes, du « syndrome prémenstruel ». Il se traduit généralement par une humeur changeante avec des idées sombres et un moral en dents de scie, mais aussi des manifestations physiques tels que douleurs musculaires ou encore ballonnnements.

Contraception : quelle pilule choisir ? : Les conseils du médecin spécialiste

Le Dr Brigitte Letombe est médecin spécialiste, gynécologue et présidente de la Fédération Nationale des Collèges de Gynécologie Médicale. Elle donne plein de conseils utiles sur la pilule du lendemain.

La ” pilule du lendemain ” est très utilisée, surtout parmi les jeunes filles… Pourquoi ?

C’est une réponse simple à un ratage de la contraception. Une femme sur deux oublie sa pilule. En cas de problème de préservatif, d’ oubli de pilule, de rapports non protégés, c’est la solution à prendre si l’on ne veut pas risquer une grossesse. Le plus rapidement possible – en tous les cas moins de 72 heures après le rapport – on prend un comprimé d’un progestatif : le levonorgestrel (Norlevo®, Vikela®, Levonorgestrel 1,5mg Biogaran®) sans effets secondaires notables et sans risque. Depuis 2009, une pilule (EllaOne®) que l’on peut prendre jusqu’à 5 jours après le rapport est disponible uniquement sur ordonnance.

Comment se la procurer ?

On peut la demander en pharmacie sans ordonnance et si l’on est mineure de façon gratuite et anonyme ; on peut aussi se la procurer librement auprès de centres de planification familiale ou de l’infirmière scolaire. En pharmacie, elle est gratuite pour les mineures, et pour les plus de 18 ans, elle coûte entre 6 € et 7 € (il en existe une générique). L’assurance maladie rembourse 65 % avec une ordonnance.
EllaOne®, elle est dispoible uniquement sur ordonnance.

C’est pourquoi, je conseille de demander une ordonnance d’avance lors de la prescription de pilule pour l’avoir dans ses affaires au cas où, un oubli peut toujours arriver… Les gynécologues devraient en parler systématiquement. J’entends encore trop de jeunes filles dire : « J’ai oublié, je ne savais pas, je n’avais pas assez d’argent, c’était samedi soir et ma pharmacie était fermée… »

Si l’on a des rapports irréguliers, peut-on l’utiliser comme moyen de contraception ?

Sûrement pas ! Ce serait comme jouer à la roulette russe car sa fiabilité n’est pas garantie à 100 %. Et les jeunes filles sont particulièrement fertiles. C’est une contraception de rattrapage. Il faut l’utiliser moins de 72 heures après le rapport (pour le levonorgestrel). Mais même à moins de 24 heures du rapport, cela ne marche que dans 80 à 90 % des cas. Donc, si vous l’utilisez après chaque rapport et que vous y avez échappé 3 ou 4 fois, vous risquez d’être enceinte la fois suivante.

Contraception : quelle pilule choisir ? : Le carnet d’adresses utile

“Ecoute Sexualité Contraception Avortement”.
Tél. : 0 800 803 803 pour le nord de la France.
Tél. : 0 800 105 105 pour le sud de la France.
Numéro vert, gratuit d’un poste fixe.

N° : 3224 « Si vous ne pouvez pas parler de contraception autour de vous, parlez-en avec nous», c’est le slogan de Fil santé jeunes.

Et quelques sites :
> www.contraceptions.org, site de l’Association Française pour la contraception.
> www.planning-familial.org pour trouver un centre de planification près de chez vous.
> www.choisirsacontraception.fr, site de l’INPES.

Contraception : quelle pilule choisir ? : Sources et notes

– Alain Tamborini, 800 questions au gynécologue, éd. Marabout, 2009.
– Le Grand livre de la gynécologie, Collège national des gynécologues-obstétriciens français, Eyrolles, 2013.
– Ministère de la Santé, de la jeunesse et des sports, INPES: “La meilleure contraception, c’est celle que l’on choisit”.

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