Comment faire pour maigrir ? Combien sommes-nous à avoir essayé de maigrir… sans, au bout du compte, y parvenir ? Pire : en reprenant du poids ! Les grands responsables de ces échecs seraient les régimes qui sont inadaptés à nos besoins physiologiques.
Manger plus de protéines, moins de graisses saturées, bannir les féculents, ne se nourrir que d’ingrédients verts, faire le plein au petit-déjeuner, sauter le petit-déjeuner… Ce ne sont pas les idées qui manquent. Mais ces méthodes ne sont souvent pas efficaces pour maigrir, et peuvent même être dangereuses. Mais alors, comment maigrir de manière saine et pérenne ?
Pour perdre du poids efficacement il faut se connaître. En partant de sa morphologie et de sa génétique, il faut adapter sa diététique à son mode de vie. Car nous ne sommes pas tous pareil face à la prise – et à la perte de poids. Ainsi, une méthode qui fonctionne chez une personne pour maigrir n’a pas frocément le même effet chez une autre personne. Pour savoir comment maigrir, il faut donc d’abord savoir comment son propre corps fonctionne !
Dans cet article, le docteur Jean-Philippe Zermati, médecin psychothérapeute et comportementaliste, explique pourquoi il est important d’être à l’écoute de son propre corps et de ses besoins pour maigrir, ou tout du moins contrôler son poids.
Découvrez l’interview de ce médecin spécialiste qu’il nous a accordée en exclusivité. Avec ses conseils, vous apprendrez à être à l’écoute de votre corps, et à manger de tout sans avoir peur de prendre du poids…
Une interview choc qui va à l’encontre de beaucoup d’idées reçues !
Propos recueillis par Ladane Azernour-Bonnefoy.
Comment faire pour maigrir : la méthode Zermati
Chaque individu a un poids physiologique, qui correspond à ce que la génétique lui a légué. Pour maintenir ce poids, il suffit de manger de tout, mais uniquement quand on a faim. Le danger viendrait, entre autres, de ce fameux « finis ton assiette ! » que trop d’enfants ont entendu.
Autres dangers : manger pour combler un vide, ou encore les régimes… A terme, une des conséquences peut être une prise de poids, chez des personnes « génétiquement » plus vunérables à pendre des kilos.
Le Docteur Jean-Philippe Zermati encourage les personnes qui se trouvent en surpoids, à renouer avec le plaisir de la nourriture, et des aliments qui sont « interdits » lors des régimes. Manger quand on a faim, manger sans avoir mauvaise conscience, sauter un repas si on n’a pas faim… sont autant de façons qui vous mèneront à votre poids d’équilibre et surtout qui vous y maintiendront. Voici ce que défend le docteur Jean-Philippe Zermati que nous avons interviewé.
Est-ce que votre méthode* aide vraiment à maigrir ou aide t-elle plutôt à maintenir un poids stable ?
Docteur Jean-Philippe Zermati : Elle peut faire maigrir, mais elle n’est pas garantie pour cela. En fait, cette méthode permet de vous ramener à votre poids d’équilibre. C’est-à-dire que si vous êtes actuellement à votre poids d’équilibre, vous ne grossirez pas et vous ne maigrirez pas non plus. En revanche, si vous êtes au-dessus de ce poids, vous perdrez certainement du poids. A l’inverse, si vous êtes en-dessous de ce poids d’équilibre, vous risquez même de grossir.
Manger quand on a faim, sauter un repas si on n’a pas faim… comme vous le préconisez, ne risque-t-il pas de provoquer encore plus de déséquilibre ?
Dr J-P Z : Non, cela ne crée pas de déséquilibre, c’est même l’inverse qui se produit. Le fait de respecter sa faim ne veut pas dire : manger n’importe quand. Attention à bien distinguer le grignotage et le fractionnement.
- Si vous mangez sans avoir faim, vous grossirez. C’est ce qu’on appelle le grignotage, déclenché la plupart du temps par des facteurs émotionnels, qui n’ont rien à voir avec le déficit énergétique.
- Le fractionnement se traduit par « manger par un besoin nutritionnel » : manger quand on a vraiment faim. Peu importe si cela arrive plusieurs fois par jour puisqu’il n’y a aucune corrélation entre le poids et le nombre de repas.
* Cette méthode s’applique aux personnes ne souffrant pas de véritable pathologie liée à la surcharge pondérale, ni d’un trouble du comportement alimentaire spécifique, ou ne prenant pas de médicaments responsables de “messages” erronés concernant la faim et/ou la satiété.
Comment faire pour maigrir : en pratique en fait quoi ?
Dans la pratique, comment prendre un apéritif en ne craignant pas de grossir ?
Docteur Jean-Philippe Zermati : Un système régulé est un système qui se corrige en permanence. Si vous dépassez votre faim, le système le corrige, tout simplement. Il fait en sorte que vous ayez moins faim…
Donc si vous prenez un apéritif, vous aurez probablement moins faim après. Cela étant dit, il est tout à fait normal de dépasser sa faim dans certaines circonstances comme, par exemple, dans des occasions festives, ou quand vous découvrez de nouveaux mets que vous avez envie de reprendre, voire même en cas de coup de cafard pour vous consoler.
Dans un système qui se régule, tout cela n’a aucune incidence sur votre poids puisque vous aurez moins faim après. En revanche, les personnes qui voudraient respecter à la lettre leur faim et leur satiété auraient eux, un comportement complètement pathologique. Car cela reviendrait à rigidifier ce qui, par nature, se veut extrêmement souple. Sans compter le fait que cela désocialise complètement.
Quand on a faim, ne perdrions-nous pas plus de poids en mangeant des crudités plutôt que des pâtes ?
Dr J-P Z : Non. Prenons un exemple : si vous avez besoin de 2 500 calories par jour, votre corps vous réclamera ces 2 500 calories, peu importe sous quelle forme vous le lui donnez. Si vous ne mangez que des carottes ou du blanc de poulet, tant que votre corps n’aura pas ses 2 500 calories, il les réclamera, sous une forme ou une autre, quelques heures après.
Doit-on éliminer définitivement le fromage ET le dessert ?
Dr J-P Z : Non, on n’élimine rien du tout. On suit les conseils de nos grands-mères et de nos mères : « Garde une place pour le fromage et pour le dessert ! »
Et si on a ” envie ” d’un petit morceau de chocolat ?
Dr J-P Z : L’envie n’est pas la faim. Ce qu’il faut comprendre c’est que ce système est hyper-performant et hyper-souple. La question est qu’on ne raisonne pas en terme de bouchées. Si vous dépassez votre besoin sur ce repas, vous le régulerez sur le repas suivant sans même vous en rendre compte.
Peut-on espérer ne pas grossir sans faire de sport ?
Dr J-P Z : Oui, car encore une fois, nous revenons à ce système régulé : plus vous faites du sport, plus vos dépenses énergétiques augmentent et plus vous aurez des besoins caloriques et plus vous mangerez.
Il faut aussi savoir que si le sport ne vous fera pas maigrir, il a plein d’effets bénéfiques sur la condition physique et la santé. Il aide notamment les personnes qui souffrent de troubles du comportement alimentaire, en leur permettant d’avoir une meilleure perception de leurs sensations corporelles, et donc alimentaires. C’est aussi un exutoire pour les personnes stressés.
Le sport est donc utile, car il vaut mieux décharger ses émotions dans la pratique d’une activité physique que dans la nourriture…
Comment faire pour maigrir : trouver son poids d’équilibre
Chacun(e) a un poids dit génétique, donc une taille 44 devrait faire le deuil d’un 36 gazelle…
Docteur Jean-Philippe Zermati : Oui complètement. L’honnêteté serait de reconnaître que la médecine ne sait pas déplacer ce poids d’équilibre, on sait se maintenir temporairement en dessous, avec des régimes mais ce n’est pas durable. Quasiment personne ne peut y arriver !
Est-ce que nous conservons le même poids d’équilibre toute notre vie ?
Dr J-P Z : Non. Il faut savoir qu’on grossit de deux façons différentes :
- Soit les cellules graisseuses (adipocytes) se gonflent et prennent du volume, on parle alors d’hypertrophie. Si vous avez grossi par hypertrophie, il y des chances pour que vous retrouviez votre poids d’équilibre en suivant votre faim.
- Soit les cellules graisseuses se multiplient et on appelle cela une hyperplasie. Dans ce cas, vous avez le risque d’avoir augmenté votre poids d’équilibre et de ne pas pouvoir descendre en dessous, avec cette méthode.
Le seul moyen pour le savoir, même des années plus tard, est de retrouver ses sensations de faim et de satiété et d’y répondre. Si vous perdez du poids, c’est que vous avez eu la chance de ne pas avoir grossi par hyperplasie !
Pensez-vous qu’il soit inefficace de perdre 4 ou 5 kg par mois ?
Dr J-P Z : Oui, c’est totalement inefficace quand c’est obtenu par le moyen d’un régime, car les personnes reprendront le poids perdu dès qu’elles feront une entorse au régime. C’est en leur apprenant à respecter et à répondre à leurs sensations alimentaires, en leur permettant de manger ce qu’elles veulent, qu’on leur réapprend à manger de façon à retrouver, puis à se maintenir à leur poids d’équilibre. Alors que dans les régimes, on obtient une réduction calorique par des processus contraignants et contre-productifs, puisque, à moyen terme, on obtient l’effet inverse.
Comment faire pour maigrir : aucun aliment interdit
Si l’on décide de manger uniquement des frites ou des pâtes seulement quand on a faim et sans avoir mauvaise conscience, ne risque-t-on pas de grossir ?
Docteur Jean-Philippe Zermati : Non, on ne grossit pas. Si cela reste dans les limites de la faim, on ne peut pas grossir. Il faut savoir que grossir et avoir faim sont deux processus opposés. La faim est définie par un déficit énergétique, et la prise de poids par un excès énergétique.
Si vous avez faim, votre corps vous envoie un message : il est en déficit énergétique. Aussi, il ne peut pas grossir. A l’inverse, quand on grossit : le corps est en excès énergétique. Donc vous voyez bien qu’on ne peut pas être en même temps en excès et en déficit énergétique !
Il est donc inutile de bannir certains aliments ?
Dr J-P Z : Pendant longtemps on a incriminé certaines catégories d’aliments. Or aujourd’hui on se rend compte que c’est l’excès calorique de n’importe quel aliment qui fait grossir. Si un individu se nourrit uniquement de yaourts et de pommes, mais en excès, il grossira. Il faut de ce fait, se déshabituer des « finis ton assiette » qui ne sont pas indiqués dans le cadre de cet équilibre pondéral.
Que pensez-vous des recommandations indiquant de manger moins gras, moins sucré ?
Dr J-P Z : Ce message est malheureusement déjà faux et obsolète. Pour preuve : les personnes suivant ces recommandations, grossissent quand même. Manger moins gras et moins sucré, qui est censé réduire l’obésité, est déjà un message faux. Aux Etats-Unis, par exemple, sur 15 ans, la consommation de lipides a beaucoup diminué alors que l’obésité, elle, a beaucoup augmenté, parce que la taille des portions a augmenté de 15% ! Donc, ce n’est pas en mangeant moins gras qu’on arrivera à maigrir, mais en mangeant moins tout court. Les recommandations de l’Afssa sont très claires là-dessus : il est recommandé de manger 35 à 40% de lipides.
Quant à : « Manger 5 fruits et légumes » : sur le plan de la santé, ce message est beaucoup trop général. Le seul intérêt est que les fruits et légumes sont bénéfiques sur le plan cardio-vasculaire. En revanche, il ne présente aucun intérêt pour la perte de poids.
Comment faire pour maigrir : le danger des régimes
Finalement vous êtes contre les régimes ?
Docteur Jean-Philippe Zermati : Oui, je suis contre tous les régimes car ils ont tous été évalués et ils donnent tous les mêmes résultats. Les personnes maigrissent dans un premier temps, mais cela n’est pas stable sur la durée. Dans 95% des cas, les personnes regrossissent dans les 3 ans et dépassent souvent leur poids initial. Ces résultats sont les conclusions de très nombreuses études rigoureuses.
De plus, les personnes qui luttent contre leur poids physiologique finissent par avoir des pathologies des sensations alimentaires : elles ne peuvent plus détecter la faim ou la satiété, ou confondent la faim avec l’envie de manger, ont envie de manger dès qu’il y a une émotion, etc.
Qu’est-ce qui vous a fait prendre conscience de l’inefficacité des régimes ?
Dr J-P Z : En tant que clinicien et chercheur, c’est un constat que j’ai fait avec les patients, je les interroge sur leur parcours, leurs tentatives de perde de poids, tous
les régimes essayés et échoués. L’analyse des études scientifiques sur ce sujet permet de voir que ces régimes sont évalués depuis longtemps, et ne donnent aucun résultat. Il suffit de tirer les conclusions des études cliniques, associées à mon expérience de clinicien et à partir de là, il n’est plus possible de continuer à prescrire ces régimes.
Que pouvez-vous dire aux personnes qui souhaitent retrouver leur poids d’équilibre ?
Dr J-P Z : Qu’il faut être extrêmement attentif à ses besoins et à ses sensations alimentaires ! Dans la société de surconsommation dans laquelle nous vivons, l’industrie propose des préparations culinaires de plus en plus variées : tout nous pousse à manger de plus en plus. Il y a de plus en plus de sollicitations pour manger, de plus en plus d’occasions pour se nourrir sans répondre forcément à ses perceptions alimentaires.
Sources et notes :
– J.P. Zermati, Maigrir sans régime, ed. Odile Jacob, 2004.
– http://www.mangerbouger.fr/