L’acquisition de la propreté est une étape aussi importante que symbolique dans le développement de l’enfant.
À l’époque de nos grand-mères qui ne connaissaient que les couches lavables, les enfants étaient souvent propres très tôt, avant deux ans. Aujourd’hui, l’apprentissage de la propreté survient bien souvent entre 2 et 3 ans, période marquée par la rentrée à l’école maternelle.
Le bon moment pour apprendre à son enfant à être propre dépend du stade d’évolution de votre bébé. Une bonne communication est ensuite importante afin qu’il comprenne ce que vous attendez de lui. Il faut aussi qu’il est atteint la maturité affective pour qu’il ait envie de faire plaisir à sa mère.
La patience sera votre allié numéro un dans l’apprentissage de la propreté de bébé. Cela peut prendre plusieurs mois pour que votre progéniture apprenne à se contrôler. Les parents doivent aussi répondre correctement aux questionnements de bébé, pour qui tout cela est inconnu.
N’hésitez pas à féliciter bébé quand il est propre, mais ne le gronder quand il ne l’est pas. L’apprentissage de la propreté ne doit pas être stressant pour l’enfant, à un âge où il fait de son côté déjà beaucoup d’acquisitions.
Comment faire pour que cet apprentissage se passe le mieux possible ? Quels sont les conseils et astuces qu’il faut connaître ? On vous dit tout dans cet article rédigé avec un médecin pédiatre.
Auteur : Clémentine Fitaire.
Consultant expert : Docteur Marc Sznajder, pédiatre.
Dernière remise à jour : août 2017.
Apprentissage de la propreté chez l’enfant : choisir le bon moment
Il n’est pas souhaitable de commencer trop tôt l’éducation de la propreté. Il est prématuré de mettre l’enfant sur le pot avant 18 mois. Généralement, l’acquisition de la propreté se fait entre 2 ans et 2 ans et demi.
Il est essentiel de respecter le rythme de l’enfant et de ne pas vouloir aller plus vite que son développement ; il faut comprendre à quel point quitter ses couches pour aller aux toilettes est une révolution dans son quotidien. C’est donc à lui de décider du moment.
Le bon moment pour l’apprentissage de la propreté dépend de 3 conditions, physique et psychologiques :
- La maturité physique (ou neuromusculaire) : la propreté est en effet en premier lieu une question de mécanisme physiologique. Le système nerveux doit être assez mature pour pouvoir contrôler et avoir conscience des fonctions de ses sphincters du rectum et de la vessie (muscles qui contrôlent la contraction des orifices) qui lui serviront par exemple à se retenir. En gros, il faut que votre enfant sache marcher et monter un escalier.
Cette maturité est atteinte vers 18 mois (on donne souvent comme indice le fait que l’enfant puisse descendre et monter seul un escalier).
- La maturité intellectuelle : un enfant doit être prédisposé psychologiquement à apprendre la propreté. Il doit pouvoir comprendre ce que l’on veut de lui, commencer à sentir ses besoins et les exprimer avec un vocabulaire de base (pipi, caca, popo).
Pour cela, une bonne communication parent/enfant est primordiale. - La maturité affective ; un enfant est conscient qu’être propre fait plaisir à sa mère, par conséquent une relation mère-enfant de qualité facilitera l’apprentissage de la propreté. Lorsque l’enfant commence à avoir envie de faire plaisir à sa mère, c’est qu’il est prêt à aller tout naturellement vers la propreté.
Nos conseils :
> Attendez la belle saison (printemps-été) pour commencer à apprendre la propreté à votre bout de chou. Ainsi, les petits accidents paraîtront moins dramatiques, et vous pourrez laisser bébé les fesses à l’air librement, pour qu’au moment de remettre une couche, il comprenne que ce n’est pas très agréable… En plus, la période estivale précède la rentrée des classes, qui nécessite un minimum de propreté.
> Il semblerait que les filles soient plus précoces que les garçons dans l’acquisition de la propreté, mais il s’agit là encore de statistiques, chaque enfant est différent.
Avant 18 mois, il est prématuré, voire dommageable, de vouloir mettre l’enfant sur le pot : l’enfant risquerait d’agir par automatisme (faire pipi dès qu’il se trouve sur le pot) alors que cet apprentissage doit reposer sur la raison, c’est-à-dire aller sur le pot lorsqu’il a envie de faire pipi.
Un apprentissage long
La propreté ne s’acquiert pas en quelques heures. Il faut souvent plusieurs semaines ou mois, avant qu’un enfant contrôle totalement sa vessie, et cela ne coïncide pas forcément avec le contrôle des intestins.
De même, la propreté diurne est presque toujours acquise plus rapidement que la propreté nocturne. Il s’agit donc de faire preuve de patience, de respecter le développement de son enfant, et de ne jamais chercher à accélérer les choses…
Le stade anal
Vers 18 mois, l’enfant entre dans ce qu’on appelle le ” stade anal “, une période durant laquelle l’enfant perçoit ses excréments comme une partie de lui-même dont il est difficile de se séparer.
Apprentissage de la propreté chez l’enfant : le pot
Le passage de la couche au pot se fait souvent sur l’initiative de l’enfant qui ne supporte plus de rester mouillé et sale. Mais bien évidemment, il faut accompagner l’enfant pour qu’il apprenne bien quand et comment servir du pot.
Voici quelques conseils et astuces pour familiariser l’enfant avec le pot
Il est conseillé aux parents de laisser leur bébé gambader les fesses à l’air en été, de façon à ce que la couche apparaisse ensuite comme une sensation très désagréable.
Le pot doit être présenté comme un objet propre à l’enfant, qui lui appartient. Pour cela, expliquez-lui quelle est sa fonction et où il est rangé.
Placez le pot toujours au même endroit (dans les toilettes par exemple, pour qu’il puisse avoir une certaine intimité, mais aussi avoir l’impression de vous imiter), à sa disposition ; laissez-le « apprivoiser » ce nouvelle objet.
L’enfant doit avoir le sentiment que le port lui appartient personnellement.
Expliquez clairement à votre enfant ce que vous attendez de lui. Il faudra sûrement expliquer plusieurs fois à votre enfant à quoi sert ce nouvel objet, mais soyez patients, avec le temps il se familiarisera avec.
Vous pourrez éventuellement mettre sa couche sale dans le pot pour qu’il comprenne mieux.
Proposez le pot quotidiennement ! Au début, vous pourrez mettre l’enfant sur le pot avec sa couche, à un moment précis de la journée (avant et après la sieste, avant le bain ou le coucher…), afin de créer une habitude.
Ensuite, vous lui retirerez sa couche pour aller sur le pot, toujours aux moments fixés, mais aussi à sa demande.
Lorsque votre enfant commencera à aller sur son pot, il est fort probable, les premières fois, qu’il éprouvera de la curiosité pour ce qu’il aura « laissé » au fond du pot ; après tout, c’est une partie de lui. Là encore, expliquez et répondez à ses questions. S’il veut y toucher, expliquez-lui gentiment que cela ne se fait pas.
Pour l’encourager, n’oubliez pas de lui montrer votre satisfaction lorsqu’il va sur le pot, même si cela est rare.
Autre conseil : ne videz pas le pot immédiatement dans les toilettes, votre enfant aurait l’impression que vous refusez le ” cadeau ” qu’il vous donne.
Il est inutile de le forcer à rester sur le pot s’il n’en a pas envie. En effet s’il est une règle à respecter, c’est bien celle de ne pas forcer l’enfant. Comme pour tout apprentissage, et a fortiori pour celui de la propreté étroitement lié au corps et à l’intimité de l’enfant, la contrainte risquerait de produire l’effet inverse que celui escompté…
Enfin, ce sera le moment de lui retirer la couche durant la journée. Ne le grondez pas si un petit accident arrive, c’est naturel au début. Dans tous les cas soyez cohérente ; ne revenez pas en arrière avec les couches pour quelques petits accidents. Et pour l’aider dans ce long apprentissage, habillez-le avec des vêtements faciles à enlever.
Bien choisir le pot pour bébé
Le pot doit être avant tout stable et confortable, car l’enfant doit pouvoir s’y installer facilement et s’y sentir bien. Rangez-le dans les toilettes, à côté de vos WC, de façon à ce que l’enfant face rapidement l’association entre les deux.
Il existe des pots ordinaires, des pots avec dossier intégré, et vase intérieur amovible pour faciliter le nettoyage.
Pour information, un pot classique coûte entre 10 et 25 €.
Petit à petit, en voulant vous imiter, l’enfant ira vers les toilettes. Pour lui en faciliter l’accès vous pourrez utiliser un marchepied et un réducteur de cuvette. Là encore, n’essayez pas de le forcer, mais attendez qu’il soit prêt.
Apprentissage de la propreté chez l’enfant : les astuces des mamans internautes
L’apprentissage de la propreté est une étape importante que pour l’enfant. Voici les conseils des mamans pour l’aider à passer ce cap symbolique.
Christelle, 30 ans, maman de Léa, 19 mois.
« Quand ma puce a eu 14 mois, on lui a proposé le pot tous les soirs avant le bain. Si elle voulait, elle pouvait y aller, mais sinon, nous n’insistions pas. Petit à petit elle a commencé à le demander dans la journée. Aujourd’hui elle a 19 mois et elle n’y pense pas toujours, mais c’est ça l’apprentissage ! »
Gabrielle, 38 ans, maman de Charlotte, 4 ans.
« Vers 18 mois ma fille a commencé à vouloir imiter papa et maman en allant aux WC, elle faisait même participer ses poupées ! Du coup je lui ai acheté un pot, et pour l’y amener en douceur, nous lui racontions l’histoire de ” pipi et caca “, deux copains qui ne se séparent pas et à qui il faut dire au revoir car ils vont retrouver leur famille au fond des wc ! »
Lucie, 29 ans, maman de Perle, 6 ans.
« Ma fille était énurétique entre 3 et 5 ans, et je ne savais pas quoi faire. Mais suite à un déménagement, elle a changé d’école, et du jour au lendemain, elle n’a plus mouillé son lit ! Elle adore sa nouvelle maîtresse et ses nouveaux amis, et il n’y a plus d’accidents. »
Géraldine, 44 ans, maman de Matéo, 3 ans.
« Mon enfant tardait à être propre et une pharmacienne m’a conseillé de tester une huile essentielle de fleur. Le soir, j’en déposais 2 gouttes sur ses poignets, ses chevilles et son bas ventre. Au bout de quelques jours, les résultats étaient là. »
Charlène, 37 ans, maman de Lou, 7 ans et Clara, 3 ans.
« Une petite astuce qui peut s’avérer utile avec certains enfants : sur un calendrier que vous laisserez dans sa chambre, dessinez une fleur sur chaque jour ” sans accident “. Il est important de féliciter et d’encourager un enfant, afin qu’il poursuive son apprentissage de la propreté sans trop de difficultés. »
Apprentissage de la propreté chez l’enfant : et si bébé tarde à devenir propre ?
Un enfant n’est pas complètement propre du jour au lendemain, et des petits accidents peuvent survenir de temps en temps au début de l’apprentissage. Mais c’est normal, et cela peut durer plusieurs mois.
Et même lorsqu’un enfant est propre, il peut parfois rencontrer des phases de « régression » avec des petits accidents (souvent nocturnes), la plupart du temps liés à un stress passager comme l’arrivée d’un petit frère, d’une petite sœur, un déménagement…
En parler avec l’enfant, ou dans certains cas consulter un médecin permet bien souvent de résoudre le problème.
Comment faire si bébé refuse le pot ?
> Ne pas le gronder
Ça ne servirait à rien. Au contraire, cela ne ferait que mettre plus de pression à votre enfant. Alors même si vous avez l’impression qu’il fait exprès de faire ses besoins dans sa culotte alors que son pot est à 2 mètres, soyez patiente et ne craquez pas !
> Ne pas le forcer…
Sous la contrainte, un petit risque au contraire de se braquer et d’adopter un comportement inverse. La plupart des pédiatres conseillent aujourd’hui d’attendre que l’enfant aille de lui-même vers le pot.
> … mais lui expliquer :
Il est tout de même conseillé de parler avec son enfant, de lui expliquer comment faire, et pourquoi. La communication est primordiale dans l’acquisition de savoirs, pour la propreté, comme pour le reste !
> Déculpabiliser
La fille de votre meilleure amie est déjà sur les toilettes alors que votre bout de chou ne veut rien savoir du pot ? Pas de panique, chaque enfant va à son rythme et bien souvent cela n’a rien à voir avec les parents.
La régression passagère
Certains évènements, comme l’arrivée d’un petit frère/sœur, peuvent retarder l’âge de l’acquisition de la propreté ou entraîner une régression passagère. Evitez les sermons qui ne feraient qu’empirer les choses ; tout finira par rentrer dans l’ordre naturellement.
La propreté pendant la nuit
Pour être propre la nuit, cela prendra un peu plus de temps. 3 à 6 mois supplémentaires sont parfois nécessaires. En attendant, mettez-lui une couche pour éviter les changements de drap la nuit.
Enfin, sachez que jusqu’à 3 ou 4 ans, l’enfant n’a pas le réflexe de se lever la nuit pour aller aux toilettes ; d’ailleurs, on ne parle d’énurésie (le « pipi au lit » nocturne) qu’après 5 ans.
Apprentissage de la propreté chez l’enfant : les conseils du pédiatre
Entretien avec le docteur Marc Sznajder, pédiatre.
À partir de quel âge faut-il s’inquiéter de l’incapacité d’un enfant à être propre ?
L’âge ne doit pas être un sujet d’inquiétude, car la période d’acquisition de la propreté est relativement variable.
De plus, la propreté diurne survient plus tôt que la propreté nocturne.
Chez les filles, des petits accidents peuvent survenir dans la journée, c’est ce que l’on appelle l’immaturité vésicale, qui peut durer quelques années, mais qui généralement se corrige naturellement. Cela caractérise les fillettes qui sont propres, mais qui de temps en temps ont des envies pressantes et qui ont du mal à les contrôler.
Chez les petits garçons en revanche, les accidents sont plutôt nocturnes.
Si la propreté nocturne n’est toujours pas acquise vers 6 ans, il faut penser à consulter un médecin ; de façon à s’assurer que l’examen clinique de l’enfant est normal, et qu’il n’y a pas de signes pouvant faire penser à un problème neurologique ou urinaire. Car parfois on va banaliser des petites fuites ou une incontinence alors qu’elles peuvent être la conséquence d’une malformation urinaire.
Mais d’une manière générale, les filles semblent plus précoces que les garçons au niveau de la propreté, y’a-t-il une explication à cela ?
C’est surtout une observation qui n’est appuyée par aucune justification scientifique. Mais dans de nombreux domaines, les fillettes sont souvent plus « dégourdies » que les garçons !
Quels conseils donneriez-vous aux parents qui s’apprêtent à apprendre la propreté à leur enfant ?
- Avant 18 mois, ce n’est pas la peine d’insister pour que bébé aille sur le pot. Cet âge correspond en effet à une étape du développement psychomoteur. Françoise Dolto donnait comme repère le moment où l’enfant est capable de monter et descendre des marches.
- Lorsque l’enfant commence à signaler quelque chose(qu’il a fait ses besoins ou qu’il va les faire), c’est qu’il est temps de commencer à lui proposer le pot.
- Je dis toujours aux parents qu’il n’y a pas de raison de se mettre la pression, il n’y a pas d’enjeu, l’enfant sera forcément propre à l’arrivée, quel que soit le temps que cela prend.
- La pression de l’école ne doit pas être une contrainte pour l’enfant : encouragez-le (« tu es grand maintenant tu vas aller à l’école »), plutôt que de lui asséner des paroles négatives (« si tu n’es pas propre, tu n’iras pas à l’école »). D’ailleurs quand on force un enfant, il peut être amené à se retenir de manière excessive, ce qui peut créer des constipations terribles et néfastes.
Trouvez-vous que les parents sont de plus en plus ” stressés ” vis-à-vis du développement de leur enfant ?
Je ne pense pas que les mères soient de plus en plus stressées. Les mamans sont cependant plus angoissées pour le premier enfant que pour les suivants, pour la simple raison qu’elles n’ont pas d’expérience, ni de repères.
La pression peut parfois venir de la famille, en particulier des grand-mères et des arrière-grand-mères qui comprennent mal qu’un enfant ne soit pas propre à 2 ans.
Mais je constate souvent que les ainés sont propres plus vite que les suivants. Parce qu’avec l’expérience, le problème est jugé mineur, et au final tous les enfants parviennent à être propres.
Sources et notes
– Marc Sznajder, Claire Pinson, Bébé mode d’emploi, ed. Marabout, 2004,
– Marc Sznajder, Guide médical de votre enfant, éd. Marabout, 2007.