Coupable ! Désigné ennemi public numéro un de nos artères, le cholestérol a bien mauvaise presse. Et l’offensive anti-cholestérol est générale, des pouvoirs publics qui multiplient les messages d’information aux industriels de l’agro-alimentaires qui vendent des margarines et yaourts censés faire diminuer le taux de cholestérol…
Cet article met en avant et repend les dernières recommandations officielles des principales agences de santé françaises et européennes, sans entrer dans la polémique lancée par certains médecins dont les prises de position restent très critiquées.
Le cholestérol est un élément nécessaire à la vie, mais sa présence en excès dans le sang peut entraîner des maladies cardio-vasculaires graves. Tout le monde devrait connaître son taux de cholestérol et consulter s’il est trop élevé.
En réalité, les choses sont un peu plus subtil, car tout dépend surtout de 2 fractions du cholestérol :
- le LDL-cholestérol (que l’on nomme le mauvais cholestérol) et
- le HDL-cholestérol (le bon cholestérol). Lire plus loin pour quelles raisons on les nomme ainsi…
Ce que l’on appelle le cholestérol total correspond à peu de chose près au LDL et HDL-cholestérol.
Quand on parle cholestérol, on pense aussi aux médicaments qui n’ont pas toujours bonne presse, en particulier les statines. Plus loin, nous faisons le point sur ces médicaments anti-cholestérolémiants.
Mais avant d’envisager de prendre des médicaments, les règles diététiques sont importantes si l’on doit diminuer un taux de cholestérol trop élevé dans le sang.
Un élément vital…
Le cholestérol est une graisse, un lipide, nécessaire au bon fonctionnement de notre corps. C’est un des composants de nos cellules (en particulier il entre dans la composition des membranes cellulaires), et il intervient aussi dans la synthèse de certaines hormones. C’est d’ailleurs notre organisme, principalement le foie, qui produit près des deux tiers de notre cholestérol. Le dernier tiers provient de l’alimentation.
…mais dangereux en excès
Quand il est présent en trop grande quantité dans le corps, le cholestérol – le principal coupable est l’augmentation du LDL-cholestérol – est à l’origine de la formation de plaques d’athéromes (athérosclérose). Ces plaques de graisses s’accumulent sur la paroi des artères qui se bouchent petit à petit.
Selon les artères atteintes, différentes maladies peuvent apparaître :
- angor ou infarctus du myocarde pour les coronaires,
- accident vasculaire cérébral pour les artères du cerveau,
- artérite oblitérante des membres inférieurs (AOMI) pour les artères des jambes…
Comment savoir si on a trop de cholestérol ?
Pour savoir s’il l’on a trop de cholestérol, un seul moyen : la prise de sang (à faire après 12 heures de jeûne). En effet, généralement aucun symptôme ne permet de se rendre compte d’un excès de cholestérol (hypercholestérolémie). Sauf, par exemple : un xanthelasma qui se manifeste par des tâches jaunâtres légèrement surélevées sur les paupières, et qui peut provenir d’un excès de cholestérol.
Le résultat de l’analyse sanguine indiquera si le taux de cholestérol est trop élevé. Et parmi les chiffres à vraiment considérer le plus important est certainement le taux de LDL-cholestérol. En réalité, ce chiffre est à évaluer en fonction de l’âge et des facteurs de risques cardio-vasculaires (tabagisme, sexe, diabète, sédentarité, antécédent familial de maladie cardiovasculaire…).
Le cholestérol : le LDL cholestérol
Quand on réalise un bilan de cholestérol, on recherche la quantité de “bon” et de “mauvais” cholestérol. C’est un petit abus de langage qui désigne des protéines qui sont chargées de transporter le cholestérol dans le sang. En effet le cholestérol est transporté dans le sang par 2 grands types de protéines : les lipo-protéines HDL (High Density Lipoprotein), et les lipo-protéines LDL (Low Density Lipoprotein).
On parle de façon un peu manichéenne de bon ou mauvais cholestérol, car selon la protéine qui transporte le cholestérol, l’une – le LDL a une action “néfaste” pour la santé, puisque via la circulation sanguine, cette lipoprotéine transporte le cholestérol fabriqué par le foie vers l’ensemble de nos tissus et cellules. En fait le LDL-cholestérol apporte le cholestérol aux cellules de l’organisme. Les tissus et organes captent, absorbent le cholestérol dont ils ont besoin. Le surplus reste dans le sang et tend à s’accumuler sur les parois des vaisseaux sanguins.
Le “mauvais” cholestérol en excès lié à LDL (lipoprotéine de faible densité), favorise donc l’athérosclérose, car ce cholestérol transporté a tendance à se déposer sur les parois de nos artères. Le résultat est la formation de plaques d’athérome à l’intérieur de nos grosses ou petites artères.
C’est en 1938 que pour la première fois, la relation entre une hypercholestérolémie et la survenue d’accidents cardiovasculaires a été évoqué par un médecin norvégien. Depuis de très nombreuses études ont été menées, et l’on sait qu’un excès de LDL-cholestérol favorise les maladies cardiovasculaires. Il a aussi été prouvé par de nombreuses études qu’en diminuant le taux de LDL-cholestérol dans le sang, les accidents cardiaques coronariens (type infarctus) sont moins nombreux.
La prise en charge d’une hypercholestérolémie dépend en grande partie des facteurs de risque cardio-vasculaires associés à une éventuelle élévation du taux de LDL-cholestérol. Un homme de 60 ans, qui vient d’arrêter de fumer et qui souffre d’une hypertension artérielle, par exemple, présente plus de risques cardio-vasculaires qu’un homme de 30 ans qui n’a jamais fumé, sans autre problème de santé.
Ainsi, en France, l’Agence du médicament indique que chez une personne jeune de 20 ou 30 ans, en l’absence de tout facteur de risque cardiovasculaire, un traitement est inutile si le taux de LDL-cholestérol est inférieur à 2,20 g/l (5,7 mmole/l). En revanche, si le patient présente des risques importants d’être victime d’un accident cardiovasculaire, et si le LDL-cholestérol est supérieur à 1 g/litre (2,6 mmole/l), alors un traitement contre cette hypercholestérolémie est recommandé. A noter que ces recommandations changent légèrement d’un pays à l’autre.
A l’inverse : le HDL cholestérol, le bon cholestérol
Le HDL (lipoprotéine de haute densité) empêche la formation d’athérome en évacuant le cholestérol vers le foie. Le HDL récupère en effet le cholestérol en excès dans le sang et le transporte vers le foie avant d’être éliminé. C’est pour cette raison que l’on qualifie le HDL-cholestérol de “bon cholestérol”. A noter que le HDL-cholestérol tend à augmenter chez les personnes sportives. C’est un argument de plus qui va dans le sens des bienfaits du sport…
Le cholestérol : faire baisser son cholestérol
Faire baisser son taux de cholestérol est un objectif pour de nombreux patients dont le LDL-cholestérol est trop élevé. Comme on l’a vu précédemment, cette baisse de cholestérol dépend des autres facteurs de risque cardio-vasculaire. Le médecin proposera des solutions beaucoup plus offensives chez un patient à haut risque que chez un patient qui présente peu de risques de connaître un problème cardiovasculaire.
20 à 30% de la population serait atteinte d’hypercholestérolémie, soit près de 10 millions de personnes en France. En cause notre mode de vie : obésité, sédentarité, alimentation riche en graisses animales, alcool sont à l’origine de l’excès de mauvais cholestérol, mais aussi des raisons génétiques pour certains patients.
Pour une majorité de personnes souffrant d’une hypercholestérolémie, il est possible d’agir de façon efficace sur son taux de cholestérol, en commençant par appliquer des conseils diététiques, et d’hygiène de vie… Cela sera plus difficile chez des personnes porteuses d’une éventuelle maladie (du foie, par exemple) ou encore d’un terrain génétique responsable d’un excès de cholestérol. En effet, si dans votre famille “il y a du cholestérol”, il y a plus de risques pour que vous en souffriez aussi un jour ou l’autre.
En tout cas faire baisser son taux de LDL-cholestérol a un effet important sur les maladies cadiovasculaires : chaque réduction d’1 mmole/l (40 mg/dl) de LDL-cholestérol correspond à une dimnution de 20% de l’incidence des accidents cardiovasculaires.
Comment faire baisser le taux de LDL-cholestérol
De très nombreuses solutions peuvent être envisager pour faire baisser son taux de cholestérol, et en particulier de LDL-cholestérol.
La première règle à envisager avant de prendre des médicaments, est d’appliquer certaines règles diététiques.
Limiter les apports alimentaires de cholestérol peut permettre de retrouver un taux normal. Le cholestérol et des acides gras saturés sont présents en grande quantité dans les graisses animales et principalement dans les oeufs (le jaune), le lait entier et les fromages gras, la charcuterie et les viandes rouges. Il faut donc limiter la consommation de ces aliments. A l’inverse, on recommande de manger du poisson, des huiles végétales poly-insaturées (huile de colza, de tournesol), des fruits et légumes qui possèdent des vertus protectrices.
On recommande en particulier la consommation de fruits oléagineux (noix, noisettes, amandes…), mais aussi des protéines de soja.
Découvrez les aliments à privilégier si vous avez trop de cholestérol dans le sang (en images) :
Un complément alimentaire à base de levure rouge de riz pourrait être aussi un moyen intéressant pour faire baisser le taux de cholestérol trop élevé dans le sang. La monacoline K de la levure rouge de riz présente sous formes de complément alimentaire peut contribuer au maintien d’un taux de cholestérol normal avec la dose efficace de 10mg/jour. Ces produits sont vendus sans ordonnance, en pharmacie.
A noter aussi que la pratique régulière d’une activité physique permet de faire baisser le mauvais cholestérol et d’augmenter la proportion du bon.
Ces mesures hygiéno-diététiques peuvent être suffisantes pour faire baisser le taux de cholestérol chez certains patients. Une nouvelle analyse de sang 3 mois plus tard permet d’en juger. Si ces conseils diététiques et d’activité physique s’avèrent insuffisants, le médecin peut prescrire un médicament. A noter que pour une hypercholestérolémie majeure, avec des risques cardiovasculaires importants, conseils hygiéno-diététiques + médicaments sont prescrits d’emblée !
Le cholestérol : les traitements
Les traitements pour faire baisser un taux de cholestérol trop élevé, sont nombreux. Comme on l’a vu en page précédente, ils commencent généralement par des mesures hygiéno-diététiques. Si au bout de 3 mois, les résultats s’avèrent insuffisants sur le taux de LDL-cholestérol, des médicaments sont nécessaires. D’autres fois quand le taux de LDL-cholestérol est haut et quand les facteurs de risque cardio-vasculaires sont importants, le médicament peut être prescrit d’emblée avec les conseils diététiques.
Il existe plusieurs types de médicaments disponibles :
- Les statines qui agissent sur la production du cholestérol par le foie. C’est ce goupe de médicament qui est le plus prescit.
- Les fibrates, des médicaments plus anciens que les statines,
- Les résines, inhibiteurs de l’absorption intestinale du cholestérol, acide nicotonique.
En pratique, les statines sont les traitements de loin les plus prescrits en cas d’excès de LDL-cholestérol. Ce sont eux qui ont démontré le plus d’efficacité en particulier contre la survenue de problèmes cardiovasculaires. De manière générale, il est recommandé aux médecins de prescrire la pravastatine 10 mg/jour ; ou la simastatine 10 ou 20 mg/jour ; ou encore l’atorvastatine ou la rosuvastatine. D’après un article de la revue Prescrire de 2013, la pravastatine et la simastatine sont les médicaments à privilégier car c’est avec eux que nous avons le plus de recul sur ses effets. Les autres statines ont démontré leur efficacité pour des profils d’hypercholestérolémies plus sévères.
Ces médicaments doivent être pris, et les conseils diététiques poursuivis.
Nos conseils
> Un médecin généraliste, un médecin nutritionniste, un cardiologue, une diététicienne sont les professionnels de santé qui prennent en charge les problèmes d’hypercholestérolémie.
> Même si vous prenez des médicaments contre le cholestérol, il faut continuer à appliquer les recommandations diététiques.
> Certains médicaments, en particulier les statines, nécessitent une prise de sang pour contrôler l’éventuel risque de ces traitements (prise de sang à faire généralement dans les 3 mois suivant l’instauration du traitement).
Le cholestérol : sources et notes
> La prise en charge thérapeutique du patient dyslipidémique, Recommandations de bonne pratique, actualisation mars 2005. Afssaps.
> EFSA. Scientific Oinion on the substantiation of health claims related to monacolin K from red yeast rice and maintenace of normal LDL-cholesterol concentrations (ID 1648, 1700) pursuant to article 13(1) of Regulation (EC) N° 1924/2006, EFSA Journal 2011.
> Hypercholestérolémie pure et hypelipidémie mixte : prise en charge, en vue d’une fiche mémo, note de cadrage, HAS, juin 2015.