Le cancer de l’utérus est appelé plus précisément cancer de l’endomètre. Il est en augmentation dans les pays industrialisés, mais heureusement, on parvient à le guérir dans un assez grand nombre de cas.
Le cancer de l’endomètre, c’est quoi au juste ? Déjà qu’est-ce que ce n’est pas ? Rien à voir avec le cancer du col de l’utérus. En effet, ce cancer ne doit pas être confondu avec le cancer du col de l’utérus, ses causes et son traitement étant bien différents.
Le cancer de l’endomètre est le cancer du corps de l’utérus.
L’endomètre est cette fine muqueuse qui recouvre l’intérieur de l’utérus. Sous l’effet des hormones, il s’épaissit tout au long de la première moitié du cycle menstruel et, si l’on n’est pas enceinte, il s’évacue (desquamation) par les règles.
Dans le cas d’un cancer de l’endomètre, les cellules de cette muqueuse se multiplient de manière anarchique. Il est l’un des cancers les plus fréquents chez la femme (environ 6 000 nouveaux cas par an, en France).
Le cancer de l’endomètre survient le plus souvent chez les femmes après la ménopause. Cependant dans 15% des cas, ils surviennent avant 50 ans. A noter que la prise de la pilule oestro-progestative durant plusieurs années diminue le risque de souffrir de ce cancer.
Auteurs : Sylvie Charbonnier, Dr Nicolas Evrard.
Consultant expert : Professeur Émile Daraï, service de gynécologie-obstétrique à l’hôpital Tenon, à Paris.
Cancer de l’endomètre : Les causes
Le cancer de l’endomètre (ou cancer de l’utérus) est de plus en plus fréquent dans les pays industrialisés. Sans parler de véritable cause, un des premiers facteurs de risques est l’excès de poids, l’obésité, le diabète.
Dans 80% des cas, ce cancer de l’utérus est lié à un déséquilibre entre les hormones oestrogéniques et progestatives. Or, ce qui fait augmenter le taux d’oestrogènes, c’est notamment l’obésité, mais également toutes les pathologies ayant un effet sur l’équilibre entre oestrogènes et progestérone. Autre cause qui serait impliquée : la prise prolongée de traitements hormonaux sans progestérone.
Donc, les personnes à risque de développer un cancer de l’utérus sont :
- Les femmes souffrant d’un excès de poids et d’une obésité.
- Les femmes en post-ménopause, sont les plus concernées. Le taux de progestérone a diminué, or il semble que la progestérone ait un effet protecteur sur ce type de cancer.
- Les femmes ayant une ménopause tardive ou ayant une puberté précoce, semblent plus à risque.
- Les femmes atteintes du syndrome des ovaires polykystiques.
- Les femmes atteintes d’une tumeur de l’ovaire, qui a pour effet d’augmenter la production d’oestrogènes.
- Lors d’un traitement au tamoxifène (pour traiter un cancer du sein), il semble que les risques de cancer de l’endomètre soient augmentés. Cependant, ces risques sont faibles, comparés aux bénéfices du médicament.
Cancer de l’endomètre : Les symptômes
Le premier symptôme qui doit mettre en alerte, est un saignement. Peu importe si ce saignement est important ou pas ! Et même si cela n’arrive qu’une seule fois ! Au moindre saignement, après la ménopause, il faut immédiatement aller consulter son médecin.
Même si cela est plus rare, il se peut que ce saignement survienne chez une femme encore réglée. Lorsqu’un saignement survient entre les périodes de règles, il faut aller consulter.
Attention : en période de ménopause, au moment où les règles deviennent irrégulières, il est parfois difficile de s’y retrouver. Dans le doute, il faut en parler au médecin. Une simple échographie pourra l’orienter.
D’autres symptômes peuvent être évoqués, comme :
> Des sécrétions vaginales anormales
> Des douleurs au bas-ventre.
Si ces symptômes surviennent, le médecin pense bien évidemment à des dysfonctionnements, à des problèmes gynécologiques, et parmi ceux-ci : un cancer de l’endomètre. A l’examen clinique, le médecin perçoit un utérus anormalement gros pour une femme ménopausée dont l’utérus est plutôt atrophié…
Bien entendu, le médecin généraliste ou le gynécologue vont prescrire des examens complémentaires. Ces derniers permettront d’établir un diagnostic précis, et savoir ainsi si ces symptômes sont dus à une cancer de l’utérus.
Cancer de l’endomètre : Les examens
Ce cancer de l’endomètre peut être diagnostiqué assez facilement. Le médecin pourra demander quelques examens simples et fiables :
> Une échographie pelvienne. Elle permettra de voir, au premier coup d’oeil, si l’endomètre s’est modifié, hypertrophié, par exemple. Dans ce cas, le gynécologue demandera un autre examen : une hystéroscopie.
> Une hystéroscopie. A l’aide d’un endoscope (glissé par le vagin), le gynécologue visualise l’intérieur de la cavité utérine. Cela se fait en consultation, pas besoin d’anesthésie.
> La biopsie. La biopsie (petit prélèvement), elle aussi, peut être effectuée sans anesthésie. Le praticien localise sur son écran avec l’hystéroscopie les zones à prélever. La biopsie se fait grâce à un petit tube mince et souple. Le prélèvement de tissu s’effectue par aspiration. Ensuite, ces prélèvements sont adressés à un laboratoire d’analyses.
Si un cancer de l’endomètre est diagnostiqué, d’autres examens d’ imagerie médicale peuvent être réalisés pour connaître l’étendue de ce cancer
Au final, après ces examens, un diagnostic précis sera établi, et il sera possible de savoir à quel stade se trouve le cancer de l’utérus diagnostiqué.
Voici les différents stades du cancer de l’endomètre (de l’utérus) :
- Stade 1 : le cancer est limité au corps de l’utérus et n’a pas atteint le col.
- Stade 2 : le cancer s’est étendu jusqu’au col.
- Stade 3 : le cancer s’est propagé hors de l’utérus. Les ganglions du petit bassin peuvent être atteints.
- Stade 4 : le cancer s’est propagé dans l’abdomen. Il peut atteindre la vessie, le rectum…
Cancer de l’endomètre : Les traitements
Sept à huit fois sur dix, le cancer de l’endomètre est diagnostiqué à un stade précoce. Plus le cancer est dépisté précocement, plus il a de chances d’être guéri. D’ailleurs, aux stades précoces, 95 fois sur 100 on guérit du cancer de l’endomètre.
Le choix du traitement va dépendre, bien sûr, du stade d’évolution du cancer et également du type de cancer (s’il s’agit d’un cancer hormonodépendant ou non).
L’opération chirurgicale.
Il s’agit de l’hystérectomie, c’est-à-dire de l’ ablation de l’utérus et du col de l’utérus (le vagin est préservé). Les ovaires et les trompes de Fallope sont également retirés. Lorsque la chirurgie est pratiquée suffisamment tôt, elle peut suffire seule. Lors de ce traitement chirurgical, on peut retirer aussi les autres organes éventuellement touchés, ou aussi les ganglions dans lesquels il y a des cellules cancéreuses (lire plus loin).
> La radiothérapie.
Dans le cas d’un cancer plus évolué ou qui présente un risque de récidive, le médecin peut proposer une radiothérapie pour compléter le traitement par chirurgie. Cela peut être pratiqué de deux manières, par voie externe ou par voie vaginale : curiethérapie.
– Par voie externe, les rayons X irradient la région pelvienne. Le traitement ne dure que quelques secondes chaque jour, en moyenne quatre jours par semaine sur une période de cinq semaines.
– Par curiethérapie : on introduit des petits tubes dans le vagin qui contiennent des substances radioactives ayant pour mission de détruire les cellules cancéreuses. Le traitement dure au plus quelques jours en hospitalisation. Il permet d’éviter l’irradiation des organes pelviens (vessie, rectum).
> La chimiothérapie.
Une chimiothérapie adjuvante (en complément à la chirurgie) peut être proposée pour limiter les risques de récidive.
> L’hormonothérapie.
L’hormonothérapie est parfois indiquée pour certains cancers de l’utérus. Ce traitement consiste à stopper l’action hormonale qui stimule certaines formes de cancers (dites hormonosensibles). Une hormonothérapie peut être indiquée en cas de métastases.
Cancer de l’endomètre : Et les ganglions ?
Il y a débat actuellement chez les spécialistes, à propos de l’ablation des ganglions.
Dans certains cas, le curage ganglionnaire (lymphadénectomie) est nécessaire. Il est parfois indispensable lorsqu’il est avéré que les ganglions du petit bassin ont été envahis par les cellules cancéreuses.
Cependant, l’exérèse systématique des ganglions n’est pas toujours recommandée. En effet, elle peut parfois présenter plus de risques que de bénéfices, chez des femmes trop âgées, ou qui souffrent d’obésité ou d’ hypertension artérielle, et pour lesquelles le risque chirurgical est trop important. La difficulté est de trouver le bon équilibre entre la probabilité d’une atteinte ganglionnaire et le risque lié à la lymphadénectomie.
La stratégie du ganglion sentinelle
Vous en avez peut-être déjà entendu parler de ce ganglion sentinelle, dans le cadre du cancer du sein. Comme dans le cas du cancer de l’endomètre, se pose la question de la pertinence d’une ablation des ganglions.
La technique du ganglion sentinelle, c’est quoi ? On va chercher un ganglion supposé être le premier à avoir « reçu » des cellules cancéreuses. Pour cela, on utilise un produit radioactif, injecté le plus souvent au niveau du col de l’utérus, la veille ou le matin de l’intervention chirurgicale. Lors de l’opération, on effectue une injection d’un colorant spécifique, appelé « bleu patenté », qui permet de localiser et de visualiser le ganglion.
On prélève ensuite le (ou les) ganglion(s) sentinelle(s), et on les analyse. S’il ne porte pas de cellules cancéreuses, qu’il est négatif, l’ablation des autres ganglions peut être évitée et, du même coup, les risques liés au curage ganglionnaire.
Si, au contraire, ce ganglion sentinelle est positif, cela signifie que des cellules cancéreuses ont pu migrer au-delà de ce ganglion : un curage est alors nécessaire.
Important : la recherche et l’analyse de ce ganglion sentinelle s’effectuent pendant l’intervention chirurgicale. Cela permet de savoir s’il est nécessaire de pratiquer une ablation des ganglions, en même temps que l’ablation de l’utérus. Cela apporte un gain de temps très appréciable, en une seule intervention chirurgicale.
Cette technique permet donc de trouver la meilleure procédure, entre un curage qui n’est pas toujours nécessaire, et pas de curage du tout.
Cancer de l’endomètre : Sources et notes
> Le Grand Livre de la Gynécologie, Collège national des gynécologues obstétriciens français, Eyrolles, 2013.
> Site Inca, 2014.