Avortement médicamenteux

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L’avortement médicamenteux correspond à l’interruption volontaire d’une grossesse (IVG) provoquée par des médicaments. On parle également d’avortement par médicament, d’IVG par médicament ou bien d’IVG médicamenteuse.

L’IVG médicamenteuse peut être réalisée durant les premières semaines de la grossesse. Quand cette dernière est trop avancée, une IVG chirurgicale est la seule solution.

Une IVG médicamenteuse ne nécessite pas d’intervention chirurgicale, sauf en cas d’échec. La femme doit se rendre en milieu hospitalier, dans un centre d’orthogénie, ou en cabinet médical de ville (si le médecin a signé une convention avec un établissement de santé, et qu’il est habilité à la pratiquer – la liste des médecins habilités est disponible au centre de planification et d’éducation familiale près de chez vous), également auprès d’un médecin d’un Centre de planification et d’éducation familiale – CPEF.

Le délai légal pour l’IVG médicamenteuse

Tout comme pour l’avortement chirurgical, il existe un délai légal à ne pas dépasser pour pratiquer un avortement médicamenteux :

  • l’IVG médicamenteuse peut être pratiquée jusqu’à la fin des 5 semaines de grossesse (soit 7 semaines d’aménorrhée – 7 SA) sans qu’une hospitalisation soit nécessaire. Le premier comprimé est pris chez le médecin ou dans un centre d’orthogénie. Le deuxième comprimé chez soi.
  • lorsque l’IVG médicamenteuse est pratiquée à l’hôpital (pour la prise du deuxième comprimé), ce délai légal passe à 7 semaines de grossesse (soit 9 semaines d’aménorrhée). A noter qu’un avortement par méthode chirurgicale (aspiration) est aussi possible à partir de 7-8 SA (avec anesthésie locale ou générale).

Afin de respecter ces délais légaux, il est important d’engager les démarches nécessaires rapidement, c’est-à-dire dès que la décision de recourir à une IVG est prise.

Les étapes de l’IVG médicamenteuse

L’avortement médicamenteux consiste à prendre deux types de médicaments, à des moments bien précis. Les procédures sont un peu différentes en fonction de la date de la grossesse.

La consulation avec le médecin

Lors de la première consultation (en ville ou à l’hôpital), le médecin informe la femme des différentes techniques d’IVG (médicamenteuse ou chirurgicale). Il explique les modalités pratiques, et s’assure de la date de la grossesse. Si une IVG médicamenteuse est l’option choisie par la femme, le médecin explique les effets des médicaments, et de quelle façon se produit la perte de l’embryon. Le médecin indique à la femme ce qui peut lui être proposé, en fonction de l’avancement de sa grossesse, de facteurs psychologiques, etc. La loi prévoit le libre choix des femmes, donc une fois les informations médicales données, c’est à l’intéressée de décider de ce qui est le mieux pour elle.

Quand le médecin est assuré que les différentes étapes sont bien comprises, et que l’intéressée a pris sa décision pour un avortement médicamenteux, la femme doit signer un consentement éclairé, indispensable pour procéder à l’IVG.

Le médecin donne alors à la femme le premier médicament, la mifépristone, qui est pris en présence du médecin si cela se passe dans un cabinet de ville ou en présence d’une infirmière dans un centre d’orthogénie. Ce médicament interrompt le développement de la grossesse, en bloquant l’action d’une hormone (la progestérone) indispensable à la poursuite d’une grossesse.

Comme nous l’expliquions, pour le deuxième comprimé à prendre, le misoprostol, le protocole dépend du terme de la grossesse.

> Si la date de la grossesse est inférieure ou égale à 5 semaines (c’est-à-dire 7 semaines d’aménorrhée – 7 SA), au cours de cette même consultation, le médecin ou l’infirmière donne un 2ème médicament, le misoprostol qui doit être pris 48 heures plus tard. Il a pour rôle d’expulser le contenu utérin contenant l’oeuf (ou l’embryon). Ce médicament peut être pris chez soi (ou chez le médecin ou dans le centre d’orthogénie si la femme préfère).

> Si la date de la grossesse atteint 6 ou 7 semaines (soit 8 ou 9 SA), mais sans dépasser cette date, le médicament doit être obligatoirement absorbé sous surveillance à l’hôpital. En effet, les effets du médicament peuvent être rapides provoquant un saignement et des douleurs pelviennes.

Par la suite, durant une dizaine de jours, des saignements plus ou moins abondants surviennent, accompagnés parfois de douleurs. Pendant cette période, il ne faut pas hésiter à contacter le médecin en cas de problème particulier lié à cet avortement. Un conseil : mieux vaut aménager son emploi du temps et ne rien prévoir de particulier surtout pendant les trois permiers jours après la prise de ce deuxième médicament.

La visite de contrôle

L’avortement médicamenteux est efficace, cependant dans 3 à 5% des cas, l’expulsion de l’oeuf ne s’est pas faite. Il est donc indispensable de procéder à une visite de contrôle pour s’assurer que l’IVG a bien fonctionné. Quinze jours après avoir pris le 2ème médicament, la femme doit programmer une consultation de contrôle chez le médecin ou au centre d’orthogénie (en fait, là où la femme a été prise en charge). Los de ce contrôle, on procède à une vérification de l’expulsion complète de l’embryon par un examen clinique, une analyse de sang et/ou une échographie.

Cette consultation est importante, car en plus de vérifier l’efficacité de l’avortement par médicaments, le médecin discute en détail des moyens de contraception qui devront être mis en place, pour éviter une éventuelle autre grossesse non prévue.

En cas d’échec de l’avortement par médicaments, une IVG chirurgicale, généralement réalisée par aspiration du contenu utérin, sera faite dans les plus brefs délais.

L’avortement médicamenteux : les effets et les contre-indications

Les effets d’une IVG médicamenteuse se produisent généralement 2 à 3 heures après avoir pris le deuxième comprimé. Mais parfois même, quelques heures après la prise du premier médicament (mifépristone). Ils peuvent survenir de manière plus ou moins importante, cela dépend en partie de l’avancement de la grossesse.

Saignements parfois abondants par voie vaginale (consultez un médecin si vous devez changer de serviette “maxi plus”, toutes les 30 minutes pendant plus de deux heures),

Douleurs pelviennes (contractions utérines, comme des douleurs de règles). D’ailleurs, le médecin prescrit systématiquement des médicaments contre la douleur.

Certains symptômes digestifs :
• Des nausées.
• Des vomissements,
• Une diarrhée (plus rarement).

Les contre-indications à une IVG médicamenteuse

Il existe certaines contre-indications à ce type d’interruption volontaire de grossesse. 

L’IVG médicamenteuse est déconseillée en cas d’insuffisance surrénale chronique, d’allergie à la mifepristone ou à l’un des constituants du comprimé, d’allergie aux prostaglandines, de diabète mal équilibré, d’asthme sévère, de porphyrie héréditaire, d’insuffisance hépatique, d’insuffisance rénale.

Cette méthode est aussi contre-indiquée chez les femmes présentant des troubles de la coagulation avec ou sans anticoagulant, chez les femmes présentant une anémie sévère.

Il est à signaler qu’aucun accident cardio-vasculaire n’a été décrit, malgré la mise en garde chez les femmes de plus de 35 ans et/ou celles qui fument plus de 10 cigarettes par jour.

En dehors de ces aspects médicaux, un soutien psychologique peut être mis en place si la femme en ressent le besoin. En effet, certaines femmes peuvent avoir des questionnements psychologiques (culpabilité, sensation d’échec…). Chaque femme vit cette expérience différemment. La femme ne doit donc pas hésiter à exprimer le besoin d’accompagnement psychologique, que ce soit immédiatement au moment de l’interruption de grossesse ou même plus tard…

D’ailleurs, la loi prévoit qu’un entretien avec une conseillère conjugale et familiale soit proposé systématiquement à toutes les femmes en demande d’IVG, et obligatoire pour les mineures. C’est l’occasion d’un temps de parole privilégié qui peut avoir lieu dès la demande, mais aussi tout au long du parcours de la femme, et même après.

En cas de grossesse plus avancée, un avortement chirurgical est indiqué. Une IVG chirurgicale, aussi appelée IVG instrumentale ou par aspiration, peut être pratiquée jusqu’à la 12ème semaine de grossesse, soit la 14ème semaine d’aménorrhée.

L’avortement médicamenteux : les conseils du gynéco

Interview du Pr Philippe Descamps*, gynécologue-obstétricien, Chef du Pôle femme-mère-enfant au CHU d’Angers. Il donne des conseils sur l’IVG médicamenteuse…

Le délai de réflexion avant d’effectuer une IVG a été supprimé, c’est une bonne chose ?

Oui, bien sûr ! Les femmes que l’on accueille aujourd’hui sont pour la plupart déterminées et certaines de leur choix. Ce délai de réflexion obligatoire avait l’inconvénient d’engendrer ou d’alimenter une culpabilité chez la femme pour qui déjà un avortement est déjà assez pénible. Autre avantage : supprimer ce moment de réflexion permet – quand la date de grossesse est déjà bien avancée –  de gagner du temps vis-à-vis du délai légal de l’IVG. 

Bien sûr, même si ce délai de réflexion obligatoire est officiellement supprimé, si pendant la consultation, le médecin perçoit qu’il existe des doutes ou des questionnements chez la femme, le médecin peut en parler avec elle, et peut proposer un délai de réflexion si cela semble nécessaire. Mieux vaut que cela se fasse au cas par cas, sans forcer cette situation par une disposition législative.

Après un avortement médicamenteux, pourquoi une consultation de contrôle est si importante ?

Elle est primordiale ! 10 à 15 jours après la prise du deuxième médicament, il faut s’assurer que l’embryon a bien été expulsé, en réalisant une analyse de sang et/ou une échographie. Car l’IVG médicamenteuse n’est pas efficace à 100%. Si l’embryon est toujours en place, il faut programmer une IVG chirurgicale, par aspiration.

L’autre moment clé de cette consultation est de mettre en place une contraception efficace. Heureusement, pour la plupart des femmes, il est rare qu’elles connaissent plus d’une IVG dans leur vie, mais il est justement important de donner aux femmes les bonnes informations et les moyens pour éviter un deuxième avortement. Il faut savoir que 3 IVG sur 4 concernent des femmes ayant une contraception… Cela signifie que dans la majorité des cas, un avortement fait suite à un problème lié à la contraception.

Aussi, est-il important de trouver avec la femme, la solution contraceptive (et il en existe beaucoup) la mieux adaptée, celle qui évitera une autre grossesse non désirée. Cet enjeu est d’autant plus important qu’une interruption volontaire de grossesse peut être à l’origine de complications (infections des trompes, synéchies…) qui peuvent compromettre la fertilité ultérieure… et donc la possibilité d’une grossesse désirée.

Pourquoi l’IVG médicamenteuse n’est possible que jusqu’à 9 semaines d’aménorrhée (SA) ?

En raison de la taille de l’œuf, l’IVG médicamenteuse n’est autorisée que 49 jours après la date des dernières règles. Au-delà un avortement par aspiration s’impose.

L’avortement médicamenteux : Sources et notes

> Site Ivg.gouv, 2016.
> Professeur Philippe Descamps : Docteur, j’ai encore une question…, Edition Larousse, 2016.

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