AVC (accident vasculaire cérébral)

accident vasculaire cérébralPin

Chaque année, en France, 150 000 personnes sont victimes d’un AVC (accident vasculaire cérébral) qui laisse trop souvent de graves séquelles.

Une ischémie ou un hématome du cerveau donneront des signes cliniques variés. Ceux-ci dépendront du vaisseau concerné et de la zone du cerveau qu’il irrigue : le patient atteint peut présenter un léger trouble de la conscience ou un coma profond, il peut aussi présenter une céphalée (c’est-à-dire un mal de tête) plus ou moins sévère avec ou sans vomissements, une paralysie de tout un côté du corps, un côté du visage, ou seulement sur une portion du corps, des troubles de la vue, des troubles de la parole, du langage…

Quelquefois, les signes sont extrêmement discrets et fugaces comme un léger trouble de la marche, une difficulté passagère à utiliser une main… On parle alors d’accident ischémique transitoire (AIT). C’est le cas lorsque le vaisseau concerné irrigue un petit territoire du cerveau ou lorsque le saignement est faible et rapidement contenu.

Dès que les premiers symptômes apparaissent, il faut agir vite. Il s’agit même d’une véritable course contre la montre. Au-delà de quatre heures, il est beaucoup plus difficile et plus dangereux de dissoudre le caillot par ce qu’on appelle la thrombolyse. L’idéal est de pouvoir dissoudre le caillot dans la première heure, avant que l’infarctus cérébral ne lèse trop les tissus du cerveau, et ne laisse des séquelles trop importantes. On considère que chaque minute, ce sont 2 millions de cellules cérébrales (ou neurones) qui sont détruites. Faites le calcul vous-même. Chaque seconde compte ! En anglais d’ailleurs, on dit : time is brain.

Dès que vous ressentez l’un des symptômes : engourdissement d’un côté du corps, troubles de la vision, troubles du langage ou de la compréhension, perte de sensibilité (au contact, au chaud, au froid…), maux de tête inhabituels, pertes d’équilibre, vertiges, somnolence, appelez tout de suite le 15.

Ce dossier très complet fait le point sur les causes, les symptômes, les conséquences… sans oublier bien sûr les traitements et la rééducation. Ce dossier détaille en particulier un traitement qui est de plus en plus utilisé (en plus ou à la place de la thrombolyse) : la thrombectomie mécanique.

AVC (accident vasculaire cérébral) : La définition

En simple, la définition d’un AVC (accident vasculaire cérébral) correspond soit à un vaisseau sanguin qui se bouche ; soit à un vaisseau sanguin qui se rompt.

> Dans le premier cas, un vaisseau est obstrué par un caillot, ce qui réduit l’irrigation du cerveau. C’est un AVC par ischémie. Le caillot peut se former au niveau d’un vaisseau dans le cerveau lui-même, ou provenir du coeur ou encore d’une grosse artère cervicale, d’une carotide ou d’une artère vertébrale. En effet, sur ces artères se forment parfois des plaques solides que l’on appelle plaques d’athérome qui sont une sorte de dépôt (un peu comme un dépôt de calcaire à l’intérieur un tuyau d’évier).

Lorsque ces plaques ou des caillots adhérant à ces plaques se détachent de la paroi de l’artère, elles peuvent alors migrer et venir boucher un vaisseau du cerveau. Cette occlusion d’une artère cérébrale prive donc partiellement le cerveau d’oxygène et de glucose. Et cela entraîne un infarctus cérébral. C’est la forme la plus fréquente d’un accident vasculaire cérébral : dans 80% des cas environ, un AVC est d’origine ischémique.

> Dans le deuxième cas, il peut s’agir de la rupture d’un vaisseau du cerveau. Cela saigne, cela provoque une hémorragie. Le sang se répand et endommage le cerveau. L’hématome engendre des lésions plus ou moins graves, en fonction de sa localisation et de sa taille. C’est la définition d’un AVC hémorragique ou d’une hémorragie cérébrale ou encore d’hématome cérébral.

Les AVC sont la première cause de handicap acquis chez l’adulte, et la deuxième cause de démence. Chaque année, ce sont 150 000 personnes qui en sont atteintes (soit un AVC toutes les 4 minutes !), et 40 000 en meurent. En France, les AVC représentent la première cause de mortalité chez les femmes ; et la 3ème chez les hommes. Autant dire qu’il s’agit d’un vrai problème de santé publique.

Pour améliorer l’information, la prévention de cette maladie et la prise en charge des personnes atteintes d’un AVC, l’Etat a mis en plan le Plan national d’actions AVC 2010-2014. Parmi les initiatives majeures : les Unités neuro-vasculaires qui permettent d’accueillir les patients souffrant d’un accident vasculaire cérébral.

AVC (accident vasculaire cérébral) : L’AVC ischémique

L’AVC ischémique (accident vasculaire cérébral ischémique) est le plus fréquent des AVC, représentant environ 80% de la totalité d’entre eux. Une artère ou un vaisseau du cerveau se trouve obstruer par un caillot. Le sang est bloqué au niveau de cet obstacle et ne peut pas apporter l’oxygène, ni le sucre dont les neurones ont besoin pour fonctionner et pour vivre. On parle aussi d’ischémie ou d’infarctus cérébral.

Un vaisseau bloque la circulation

Ce caillot peut provenir d’un endroit précis de la circulation sanguine (coeur, artère…) pour se bloquer dans un vaisseau du cerveau, il s’agit d’une embolie : une anomalie du rythme cardiaque, un problème de valves cardiaques, une partie d’une plaque d’athérome présente sur une artère carotide et qui se détache, etc. Il peut aussi se produire une petite déchirure d’une artère carotide ou vertébrale.

D’autres fois, l’obstruction vasculaire cérébrale est liée au développement d’une plaque d’athérome sur une artère cérébrale qui va obstruer le vaisseau et bloquer localement la circulation du sang.

Privé de ces éléments essentiels nutritifs, le tissu cérébral souffre et va finir par mourir si la circulation sanguine n’est pas rapidement rétablie.

Les symptômes d’un AVC ischémique sont caractérisés par leur apparition soudaine : difficulté ou impossibilité à bouger un bras, une jambe…, une déformation du visage, des problèmes d’élocution, sensation de vertige, baisse ou perte de la vision… (à lire le chapitre sur les symptômes).

Un AVC iscéhmique est une urgence. Il faut contacter sans attendre le 15 pour prendre en charge au plus vite le patient. Car une ischémie qui dure détruit des cellules cérébrales, aussi faudra-t-il rapidement rétablir la circulation sanguine dans le vaisseau touché (par thrombolyse ou/et par thrombectomie mécanique – lire plus loin les traitements). Ces traitements se font dans une Unité spécialisée neurovasculaire.

AVC (accident vasculaire cérébral) : L’AVC hémorragique

L’AVC hémorragique, ou accident vasculaire hémorragique correspond environ à 20% des AVC. Dans ce cas, il existe un saignement dans la boîte crânienne, et parfois même à l’intérieur du cerveau.

Les signes sont ceux de tout AVC (lire plus loin) avec presque tout le temps de violents maux de tête, et peuvent survenir de façon plus ou moins soudaine en fonction de l’importante de l’hémorragie. Là encore, il est important d’agir rapidement, car avec cette hémorragie des millions de cellules cérébrales ne vont plus être normalement irriguées, ne recevant plus de glucose, ni d’oxygène.

En cas d’AVC hémorragique, le saignement se fait soit directement à l’intérieur du cerveau, soit à l’extérieur (hémorragie subarachnoïdienne) entre le cerveau et la boîte crânienne.

Ce saignement peut être provoqué par une fragilité vasculaire (une rupture d’anévrisme, une malformation artério-veineuse). Tous les facteurs à l’origine d’une athérosclérose favorise aussi une fragilité de la paroi des vaisseaux : l’hypertension artérielle, un diabète, le tabagisme, une hypercholestérolémie, l’âge. Parmi les autres causes : une maladie de la coagulation du sang, les médicaments anti-coagulants… la rupture d’un vaisseau présent dans une tumeur cérébrale.

Une hémorragie cérébrale est généralement de pronostic plus sévère qu’un AVC ischémique. Ce pronostic dépend de la taille du saignement, de sa localisation, de l’âge de la personne et de son état de santé.

La prise en charge du patient dans une Unité de soins spécialisés doit se faire sans attendre. C’est une urgence ! En fonction de la localisation, de l’importance de l’hémorragie cérébale, de l’état de santé du patient… une intervention chirurgicale peut être indiquée.

AVC (accident vasculaire cérébral) : Les causes

Les causes de l’AVC ischémique (accident vasculaire cérébral ischémique) sont liées à un caillot de sang, ou à la migration dans une artère du cerveau d’un morceau de plaque d’athérome. Les effets produits sont donc une mauvaise irrigation du cerveau. Les traitements vont donc reposer essentiellement sur une bonne irrigation du cerveau, en jouant sur la fluidité du sang. Comme nous l’avons indiqué précédemment, un problème ischémique est la cause la plus fréquente.

Les raisons d’un AVC sont diverses, comme la faute au temps qui passe, la faute à l’hypertension artérielle et la faute au tabac ! Il est vrai que le nombre des AVC augmente avec le vieillissement de la population. Et les risques d’AVC augmentent avec l’âge : 3/4 des personnes atteintes par un AVC, ont plus de 65 ans. Et pour faire un calcul simple, à partir de 50 ans, les risques sont doublés tous les 10 ans. Mais, contre l’usure du temps, on ne peut pas grand-chose.

En revanche, on peut agir sur d’autres facteurs de risque qui peuvent causer un accident vasculaire cérébral :

> L’hypertension artérielle. Elle multiplierait par 4 les risques d’un accident vasculaire cérébral. Il suffirait donc de surveiller régulièrement sa tension pour se protéger… Le problème est que beaucoup de personnes hypertendues ignorent qu’elles le sont, et que parmi les personnes se sachant hypertendues, beaucoup ne se soignent pas correctement ! Pourtant, des médicaments existent pour lutter contre l’hypertension. Une maladie que l’on peut prévenir avec une alimentation équilibrée (et pas trop de sel) et un peu de sport.

> Le tabac est aussi une autre cause d’AVC. Fumer tue ! On le répète à longueur de paquets. Mais le tabac ne tue pas que par les poumons. Les goudrons contenus dans les cigarettes, se déposent au cours du temps sur les parois des vaisseaux. Ces dépôts forment des plaques d’athérome. Ces plaques peuvent se détacher de leur paroi et migrer jusqu’à un vaisseau du cerveau. C’est l’AVC ischémique. Le tabac multiplierait par 2 les risques d’AVC. Mais, sachez-le, quand vous arrêtez de fumer, les risques d’AVC reviennent progressivement à la normale.

> L’obésité et la sédentarité. Quand on est en surpoids, le coeur doit travailler davantage. La tension artérielle augmente et le taux de cholestérol, de triglycérides souvent aussi. Les risques de diabète sont plus importants. Alors, bougez ! Une simple demi-heure de marche, chaque jour, diminue les risques d’AVC de près de 30%. Et mangez équilibré. Surveillez votre taux de cholestérol, à l’origine, lui aussi, de ces plaques d’athérome, causes de tant d’AVC. Cela signifie : écartez les graisses de votre alimentation et mangez davantage de fruits et de légumes.

> La pilule contraceptive. Tout dépend de la dose d’oestrogènes. Les pilules fortement dosées en oestrogènes augmentent les risques cardio-vasculaires. Les pilules de 2ème génération sont un peu plus rassurantes de ce point de vue. Mais n’oubliez pas : c’est pilule ou tabac ! L’association des deux augmente considérablement les risques. En principe, en l’absence de facteurs de risque spécifiques, la pilule peut être prise même si l’on fume jusqu’à 35 ans. Au-delà de cet âge , le risque est considéré comme trop important.

> Le diabète. Si vous êtes diabétique, il est important d’être bien traité et de se faire suivre correctement d’un point de vue médical. Equilibrez votre diabète. On le sait, le diabète endommage les vaisseaux sanguins et favorise les AVC.

> La cause d’un AVC peut être aussi une anomalie des battements cardiaques : une fibrillation auriculaire (ou atriale). Le coeur ne joue plus correctement son rôle de pompe, le sang circule mal, et un caillot peut se former et migrer dans une artère du cerveau.

Bien connaître les causes et facteurs de risque, et les éviter, c’est la meilleure prévention des accidents vasculaires cérébraux. Reste, maintenant, à ne pas passer à côté des symptômes – parfois discrets – d’un AVC.

A voir cette vidéo, dans laquelle le Pr Leclercq parle de la fibrillation atriale, une des causes principales d’un AVC :

AVC (accident vasculaire cérébral) : Les symptômes

Il est important de bien savoir identifier les symptômes d’un AVC (accident vasculaire cérébral). Attention, ces manifestations ne sont pas toujours évidentes. Plus la maladie est pris en charge à temps, plus les chances de réparation sont importantes.

Alors, soyez vigilant à ces symptômes :
> Vous ressentez une paralysie ou un simple engourdissement d’un côté du corps. Même si cela régresse, il faut appeler le 15.

> Vous avez soudain des difficultés à parler ou à comprendre ce que l’on vous dit. Encore une fois, même si cela régresse, si cela se passe, il faut très rapidement avoir un avis médical pour faire les examens nécessaires.

> Vous avez du mal à voir d’un oeil. Ne prenez pas ce signe à la légère. L’avis d’un médecin le plus rapidement possible, est nécessaire.

Dès lors que vous ressentez ce genre de symptômes, pensez à la possibilité d’un AVC, même si les signes disparaissent d’eux-mêmes. Appelez le 15. Ce réflexe du 15, vous l’avez en cas de douleur dans la poitrine. Ayez-le en cas d’engourdissement d’une région du corps. Pensez à l’AVC, comme vous pensez à l’infarctus du myocarde qui touche le coeur.

Si un tissu de l’organisme n’est pas vascularisé pendant un certain temps, il se nécrose et meurt ; quand il s’agit du cerveau, c’est la même chose. Des troubles neurologiques variables selon la zone concernée apparaissent et peuvent devenir irréversibles. Après un AVC, il est possible de garder des séquelles : une paralysie, une difficulté à parler, des troubles de la conscience, des troubles de la vue… La kinésithérapie, l’orthophonie sont quelquefois importantes pour diminuer les séquelles : la rééducation des membres si une paralysie est survenue, la rééducation de la parole.

AVC (accident vasculaire cérébral) : Les conséquences

Les conséquences d’un AVC (accident vasculaire cérébral) sont très variées et très variables. Tout dépend de la localisation et de l’importance de la lésion, et bien sûr de sa prise en charge et de la rapidité de cette prise en charge. Que cela soit un AVC ischémique (par un vaisseau bouché) ou un AVC hémorragique (saignement dans le cerveau).

> Un AVC peut toucher l’appareil moteur et provoquer une paralysie d’un côté du corps : c’est l’hémiplégie.
> Un AVC peut atteindre l’appareil sensoriel et provoquer des troubles du langage, de la lecture, de l’écriture ou de la vision.

La plupart du temps, les lésions sont hémisphériques. Cela signifie qu’elles ne touchent que l’un des côtés du cerveau. Les symptômes se localisent sur le côté opposé en créant des gênes, des problèmes bien spécifiques.

Par exemple, si l’hémisphère gauche est lésé, cela provoquera des troubles du langage, de l’écriture, de l’orientation droite-gauche. Si, à l’inverse, l’hémisphère droit est lésé, cela provoquera des troubles de l’appréciation des distances, des troubles de l’orientation et de l’attention.

En fonction de la gravité de la lésion, ces symptômes peuvent constituer de véritables handicaps, paralysie, démence, etc. Des conséquences qui seront d’autant plus en plus graves et irréversibles que l’on aura mis plus de temps à agir. L’AVC est une urgence. Les premières heures de prise en charge sont fondamentales pour éviter que ces séquelles soient trop importantes.

Par la suite, les conséquences et les séquelles de l’AVC plus ou moins graves, seront prises en charge de manière spécifique pour atténuer l’handicap qu’elles peuvent engendrer.

AVC (accident vasculaire cérébral) : Le diagnostic

Très rapidement, les médecins vont devoir déterminer s’il s’agit bien d’un AVC… et de quel type d’AVC (accident vasculaire cérébral) il s’agit. Quand le Samu arrive, le médecin urgentiste analyse les symptômes et oriente son diagnostic. Le score NIH stroke établi par le médecin apporte déjà d’importantes précisions.

Arrivé au centre hospitalier (ou dans l’Unité Neuro-Vasculaire), le médecin urgentiste ou le neurologue devra préciser la localisation de la lésion, son type (ischémique ou hémorragique) et son importance. Pour établir un diagnostic précis, plusieurs examens sont nécessaires :.

> Le scanner : l’examen n’est pas douloureux et il permet de tout savoir sur la localisation de l’AVC et ses causes, ischémique ou hémorragique. L’accident ischémique se traduit par une image de zone grise très foncée ou même noire, alors que l’accident hémorragique se traduit par une zone blanche.

> L’IRM, l’imagerie par résonance magnétique, permet d’analyser la structure des organes de manière plus précise encore que le scanner. Cet examen permet de localiser précisément la lésion. Ce qui permet de pratiquer une thrombolyse, c’est-à-dire la dissolution du caillot quand cela est indiqué. Ou de réaliser un trombectomie mécanique. Il est l’examen clé pour l’indication thérapeutique.

D’autres examens permettent de déterminer le diagnostic causal de l’AVC :
> L’électrocardiogramme et l’échographie cardiaque peuvent permettre de déterminer une éventuelle cause cardiaque. En effet, 20 à 30% des AVC ischémiques ont pour origine, la migration d’un caillot, depuis le coeur vers le cerveau.

> L’échographie doppler qui utilise les ultrasons, permet de voir un éventuel rétrécissement des artères. Elle permet de mesurer les plaques d’athérome présentes sur les artères carotides, par exemple.

> L’angiographie par des techniques modernes (IRM ou scanner) permet de visualiser des vaisseaux sanguins invisibles aux autres examens.

AVC (accident vasculaire cérébral) : Les traitements

Un AVC (accident vasculaire cérébral) est une urgence médicale. Le diagnostic et le traitement doivent être effectués dans les premières heures, pour tâcher de ne pas garder de séquelles trop importantes par la suite. Le traitement ne sera pas le même s’il s’agit d’un accident ischémique (un vaisseau bouché) ou d’un accident hémorragique après rupture d’un vaisseau.

Après avoir appelé le 15, le patient sera transféré vers un centre hospitalier. Idéalement, il est dirigé vers une Unité Neuro-Vasculaire (il en existe environ 120 réparties sur notre territoire).

Si l’AVC est d’origine ischémique, le premier « geste » du spécialiste sera généralement une thrombolyse, un traitement qui permet la dissolution en urgence du caillot. Pour cela, un médicament particulier, un thrombolytique, est injecté par voie en intraveineuse. Pour être efficace, cette thrombolyse doit être effectuée dans les toutes premières heures, c’est-à-dire jusqu’à 4 h 30 après le début des signes cliniques de l’AVC. Cette thrombolyse est contre-indiquée dans certains cas : elle ne peut être effectuée si le patient prend des anticoagulants, des anti-agrégants plaquettaires, a subi une intervention chirurgicale dans les 3 mois…

Un autre traitement se développe de plus en plus dans les services de radiologie interventionnelle : la thrombectomie mécanique. Il s’agit d’introduire une très fine sonde par une artère en haut de la cuisse pour remonter jusque dans une artère du cerveau. L’extrémité de cette sonde possède un dispositif capable d’ôter le caillot bloqué dans une artère du cerveau. Ce traitement est indiqué si l’occlusion se fait sur une artère du cerveau d’assez gros calibre. Cette intervention peut se faire après une thrombolyse ou bien directement. Elle doit être réalisée dans les 6 heures suivant l’apparition des premiers signes de l’AVC. Ce traitement par thrombectomie mécanique est pratiquée sous anesthésie générale, ou anesthésie très légère (sédation).

Ensuite, des traitements anti-agrégants plaquettaires sont utilisés (comme l’aspirine ou le clopidogrel). Ils sont administrés pour éviter le développement du caillot et prévenir les embolies, ou la progression de “l’encrassement” des artères.

Dans le cas d’une fibrillation atriale, des médicaments anticoagulants antivitamine K, ou non antivitamine K peuvent être utilisés.

Il faut savoir que pour l’instant, 2/3 des personnes touchées par un AVC, en gardent des séquelles plus ou moins importantes. Une proportion qui pourrait diminuer avec une prise en charge plus précoce. 

Bien entendu, juste après la survenue de ces séquelles, des traitements spécifiques sont mis en place, comme des séances d’orthophonie en cas de troubles du langage, de kinésithérapie en cas de séquelle motrice, etc.

Si l’AVC est provoqué par un saignement, une hémorragie (ce qui est moins fréquent), le traitement est tout autre. L’urgence consistera à arrêter le saignement et à éventuellement enlever l’hématome qui comprime les tissus cérébraux.

AVC (accident vasculaire cérébral) : La rééducation

L’AVC (accident vasculaire cérébral) est une urgence, mais c’est aussi après l’accident lui-même, une maladie chronique. Son suivi thérapeutique peut être long et nécessiter une prise en charge multidisciplinaire, avec souvent des soins de rééducation. Les lésions peuvent provoquer en effet des handicaps aussi bien moteurs, sensitifs que mentaux.

Pour la prise en charge d’un patient victime d’un AVC, le premier praticien est donc le neurologue. Mais le patient aura également besoin d’un orthophoniste s’il souffre de troubles du langage ; d’un kinésithérapeute s’il souffre de séquelles motrices ; d’une assistante sociale si son handicap nécessite le placement dans un établissement spécialisé, etc.

Dans tous les cas, la rééducation doit être mise en place pour éviter les complications d’un alitement trop long (si les séquelles sont sévères) et pour améliorer les chances de récupération.

Les AVC sont la première cause de handicap chez l’adulte et la deuxième cause de démence. Autant dire que la vie après un AVC est parfois bien difficile et éprouvante, aussi bien pour la personne qui en est victime, que pour son entourage. Il est parfois nécessaire de devoir réapprendre les gestes les plus simples de la vie quotidienne.

Mais heureusement notre cerveau possède des trésors d’adaptation. Même si une partie en est lésée, le cerveau peut compenser en activant des zones jusqu’alors inexploitées. C’est l’une des missions de la rééducation.

D’où l’importance de démarrer cette rééducation le plus tôt possible. Les séquelles seront d’autant moins lourdes que la rééducation aura été rapidement mise en place. Tout dépend cependant de la zone cérébrale touchée.

> L’aide d’un orthophoniste.
Dans le cas où la communication par le langage ne peut pas être rétablie, l’orthophoniste pourra apprendre d’autres modes de communication avec l’entourage. Une communication gestuelle, par exemple. Le kinésithérapeute et l’ergothérapeute interviendront sur la rééducation, travailleront la mobilité, la motricité et l’habileté de leur patient.

> L’aide d’un psychologue.
Le psychologue aura pour mission de prendre en charge les éventuelles dépressions ou crises d’angoisses liées au handicap. C’est un problème malheureusement assez fréquent (et on le comprend bine évidemment). L’aide psychologique est souvent nécessaire après le retour à la maison. Tous ces spécialistes sont généralement réunis dans les centres de rééducation spécialisée. Malheureusement leur nombre est encore insuffisant… d’autant plus que le nombre des AVC ne cesse d’augmenter.

AVC (accident vasculaire cérébral) : La prévention secondaire

Quand on a eu un AVC (accident vasculaire cérébral), les risques sont plus élevés d’en avoir d’autres. La prévention, dite secondaire, est donc très importante. En clair, cela signifie lutter contre les facteurs de risques : le tabac, l’alcool, la fibrillation auriculaire (atriale),l’hypertension artérielle ou l’hypercholestérolémie… qui peuvent provoquer un nouvel AVC.

D’abord lutter contre l’hypertension artérielle qui est le premier facteur de risque de l’AVC. Après un accident vasculaire cérébral, il est prioritaire de surveiller très fréquemment la tension. Et en cas d’hypertension, il faut prendre régulièrement et fidèlement un traitement antihypertenseur.
Ensuite, lutter contre l’athérome. Cela signifie vérifier son taux de cholestérol. Les plaques d’athérome sont constituées de dépôts de graisse le long des artères. Il faudra aussi bien contrôler la survenue d’un éventuel diabète et le traiter si nécessaire.

Arrêter le tabac : les plaques d’athérome sont d’autant plus denses que les goudrons du tabac viennent s’ajouter aux dépôts graisseux.

Des traitements anti-agrégants plaquettaires, comme l’aspirine à faible dose, préviennent la formation des thromboses. Des traitements permettent d’abaisser le taux de cholestérol quand il est trop élevé.

Dans le cas où l’AVC est lié à un trouble cardiaque, un traitement anticoagulant (par des antivitamines K on non antivitamines K) peut être prescrit.

Dans le cas d’une sténose de l’artère carotide, c’est-à-dire un rétrécissement du diamètre de l’artère dû à des plaques d’athérome trop importantes, une intervention chirurgicale peut être envisagée pour éliminer ces dépôts.

AVC (accident vasculaire cérébral) : Les conseils du médecin spécialiste

Interview du professeur Jean-Philippe Neau, médecin spécialiste, neurologue au CHU de Poitiers. Il donne des conseils très utiles…

Quel est votre message important, vos conseils au sujet des AVC ?
L’AVC est une urgence. Il ne faut jamais banaliser les signes d’alerte. Il s’agit d’une pathologie fréquente et grave. Il faut y penser. Tout le monde connaît très bien les signes d’un infarctus du myocarde. Quand ils ressentent les symptômes d’un infarctus, ils ont immédiatement le réflexe d’appeler le 15. En revanche, lorsqu’il s’agit d’un AVC, on connaît mal les signes, et on a malheureusement tendance à les banaliser et à attendre trop longtemps. Or dès que l’on sent un engourdissement d’une partie du corps, des maux de têtes inhabituels, une difficulté à parler ou à comprendre, une difficulté à voir d’un oeil, aussi, il faut tout de suite appeler le 15. Il faut tout de suite penser à l’AVC.

Pourquoi est-ce si urgent ?
Les premiers instants qui suivent la survenue d’un AVC sont fondamentales. Plus on attend, plus on a de risques de séquelles. Les cellules du cerveau ne se régénèrent pas. Quand elles sont détruites, c’est fini. Certes, on en a beaucoup, mais celles qui sont mortes ne sont pas remplacées. Il faut donc intervenir le plus vite possible, pour limiter les pertes. C’est une question de minutes. Une minute, ce sont 2 millions de cellules détruites.

Quels conseils donner aux familles ou aux proches ?
Parfois, c’est l’entourage qui se rend compte des symptômes, pas le patient lui-même. Il faut que l’entourage ait le même réflexe. Bien sûr, parfois, c’est difficile. Pour les personnes qui vivent à la campagne, par exemple, loin d’un centre hospitalier équipé. Mais il faut appeler les pompiers, les urgences, aller le plus vite possible dans l’hôpital le plus proche.

Le rôle des familles est aussi important après, pour les suites…
Oui, bien sûr. D’autant plus qu’en France, il n’y a qu’une centaine d’Unités spécialisées dans la prise en charge des AVC. C’est peu. Tout le monde ne peut pas être suivi dans un centre spécialisé. Bien souvent, les soins, le suivi, la rééducation, se font à la maison. L’entourage est alors très sollicité. C’est vrai que ce genre d’accident fait souffrir toute la famille.

Après un AVC vers qui se tourner, surtout en cas de séquelles importantes ?
Il faut savoir que les AVC ouvrent droit à une prise en charge à 100% des frais médicaux et paramédicaux. Une aide à domicile peut être demandée, ainsi qu’une allocation après 60 ans. Cela dit, c’est toujours un peu compliqué, car les aides peuvent venir de différents organismes, comme le Conseil général ou la DDE… Des associations existent pour aider les familles, comme France AVC*, par exemple. Et, pour toute la famille, il ne faut pas hésiter à faire appel à une aide psychologique. Un accident de ce type modifie tous les repères, affectifs en particulier. C’est toujours très lourd et douloureux à vivre.

Ndlr : *France AVC qui compte plusieurs antennes dans les régions, rassemble plus de 3 000 adhérents.

AVC (accident vasculaire cérébral) : Le témoignage d’un patient

Jacqueline âgée de 58 ans, raconte dans ce témoignage l’accident vasculaire cérébral (AVC) dont a été victime son mari.

Quels ont été les premiers symptômes de l’AVC dont a été victime votre mari ?
Heureusement, tout a été pris à temps pour mon mari. Mais la manière dont cela s’est passé est devenu un sujet de plaisanterie. Souvent, j’allais chercher mon mari à son travail pour aller déjeuner. Un jour, comme à l’ordinaire, il était là, à son bureau, très affairé sur sa machine à écrire… C’était un réfractaire de l’ordinateur ! J’arrive près de lui. Il regardait son clavier, sans en lever les yeux. Il est plutôt vif et actif, d’habitude. Là, il avait le regard absorbé par je ne sais quelle touche de son clavier. J’approche de lui et je lui dis bonjour. Il lève alors les yeux vers moi, d’un regard totalement absent et me répond : bonjour madame.

Qu’avez-vous fait ?
Au début, j’ai cru qu’il plaisantait. Les collègues qui étaient là aussi. Mais, il avait l’air si étrange que j’ai rapidement vu qu’il ne plaisantait pas. Il ne me reconnaissait plus. Je ne vous décris pas mon angoisse. Je me suis approchée, j’ai essayé de lui parler. Mais, rien. Il continuait de m’appeler madame d’un air outragé, presque. Je n’ai pas tout de suite pensé à un AVC. J’ai juste compris qu’il se passait quelque chose d’anormal. J’ai bondi sur le téléphone et j’ai appelé les urgences. Cela l’a sauvé.

Ensuite, que s’est-il passé ?
Et bien, il est arrivé à l’hôpital. Les médecins, eux, ont tout de suite pensé à un AVC. On lui a fait toutes sortes d’examens. Il avait un petit caillot dans le cerveau. Cela bouchait une artère. Mais c’était tout petit. On lui a donné un traitement tout de suite, pour dissoudre le caillot. Je ne sais plus combien de temps ça a pris, mais ce fut rapide. Il m’a vite reconnue. Depuis, il doit suivre un traitement d’anti-agrégant plaquettaire. Et c’est tout. On fait attention l’un et l’autre. Je surveille son alimentation (moins de graisses). Il a bien sûr arrêté de fumer. Et, depuis qu’il est à la retraite, il fait du sport. On ne fait pas de marches. Bref, il a une meilleure hygiène de vie que quand il travaillait. En tout cas, je peux vous dire que, maintenant, on y pense à l’AVC.

AVC (accident vasculaire cérébral) : Sources et notes

– Abboud H et al, Thrombolyse et infarctus cérébral aigu, M/S Médecine Sciences, 2004.
– Accident vasculaire cérébral : prise en charge précoce (alerte, phase préhospitalière, phase hospitalière initiale, indications de la thrombolyse), HAS, Service des bonnes pratiques professionnelles, mai 2009.
– AVC aspects médicaux, Synthèse des recommandations 2002, HAS.
– Saver JL et al., Swift-Prime investigators. Stent-retriever thrombectomy after intravenous t-PA alone in stroke. N Engl JMed DOI.

Auteurs : Sylvie Charbonnier, Dr Nicolas Evrard et Dr MC Bonduelle.
Consultant expert : professeur Jean-Philippe Neau, neurologue au CHU de Poitiers.

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