Au secours, je transpire trop !

Au secours, je transpire trop !Pin

L’arrivée de l’été en réjouit certains… et en affole d’autres ! Car qui dit beaux jours, dit aussi élévation de la température et transpiration excessive.

En effet, certaines personnes sont davantage sujettes à ce phénomène naturel qu’est la sudation. Parfois même, l’ampleur de la chose se transforme en véritable handicap social. Y compris en hiver. 

Transpiration excessive, sudation excessive, hypersudation, hyper transpiration, hyperhidrose… Focus sur un sujet que nous n’abordons pas facilement et qui, pourtant, crée une vraie gêne pour de nombreuses personnes toute au long de l’année. Des causes aux traitements, avec les conseils dermato et un témoignage en prime : déclarons la guerre à la transpiration excessive !

Qu’est ce que la transpiration?

Le corps de chaque être humain est recouvert de plusieurs millions de glandes sudoripares qui sont localisées partout sur la peau, en particulier au niveau des aisselles, du front, des pieds et des mains.

Comme leur nom l’indique, ces glandes sont à l’origine de la sudation, un processus naturel qui a pour but – entre autres – d’éliminer de l’eau et certains constituants (comme des sels minéraux) de l’organisme par le biais de la sueur.

Evaporation ou macération

L’évaporation de cette sueur va permettre au corps de réguler sa température. En s’évaporant, elle va rafraîchir le corps. La sueur évacuée est composée à 99% d’eau. Elle est inodore en tant que telle, mais lorsqu’elle entre en contact avec les nombreuses bactéries présentes à la surface de la peau, un phénomène de macération peut se produire, ce qui engendre une odeur désagréable.

La transpiration peut être déclenchée en cas de température extérieure élevée bien sûr, quand l’activité physique de l’organisme augmente, mais aussi en cas de fièvre, de stress intense, ou lors de fluctuations hormonales (grossesse, ménopause), ou parfois même en cas de pathologie spécifique.

Auteur : Clémentine Fitaire.
Consultant expert : Dr Nina Roos, dermatologue.

Transpiration excessive : l’hyperhidrose

Un adulte élimine en moyenne entre 0,5 et 1 litre de transpiration par jour. Mais certaines personnes, pour des raisons diverses (émotions, plats épicés, chaleur, certaines pathologies…), ont une sudation beaucoup plus développée, qui peut parfois s’avérer handicapante dans la vie sociale ou professionnelle : on parle alors d’hypersudation (lorsque la transpiration est générale) ou d’hyperhidrose (lorsque la transpiration excessive est localisée sur les mains, pieds ou aisselles).

En France, un peu moins d’une personne sur 100 en souffrirait. Mis à part des conséquences « psychologiques » bien compréhensibles, l’hyperhidrose peut également favoriser une prolifération microbienne au niveau des pieds, suite à la macération de la sueur, et engendrer des mycoses.

Il est possible de traiter l’hyperhidrose, mais il faudra d’abord en déterminer la cause. Une consultation médicale sera nécessaire dans un premier temps. Le médecin pourra alors déterminer si vous êtes sujet à un véritable dysfonctionnement, ou simplement à une transpiration excessive dans certains contextes, ce qui n’est pas la même chose.

Mis à part le phénomène d’hyperhidrose, d’autres dysfonctionnements des glandes sudoripares existent :

> La bromhidrose : qui est à l’origine d’une odeur très forte, voire nauséabonde, et qui est causée par la prolifération de bactéries ou de champignons à la surface de la peau. Elle peut être traitée avec des solutions antiseptiques.

> La bourbouille (ou miliaire sudorale) : elle apparaît sous forme de petites vésicules rouges qui entraînent de violentes démangeaisons. Cela survient car la sueur ne peut pas s’évacuer, les pores étant bouchés. Pour les traiter, le dermatologue prescrira des crèmes anti-inflammatoires.

Transpiration excessive : les sueurs nocturnes

Les sueurs nocturnes, presque tout le monde en a déjà fait l’expérience : ces nuits où l’on se réveille, trempé de sueur, parfois même au point de devoir se changer, voire de devoir changer les draps, pour finir sa nuit confortablement. La transpiration excessive durant la nuit peut en effet fortement perturber notre sommeil.

Si les sueurs nocturnes sont un phénomène assez répandu, leurs origines peuvent être multiples. La transpiration nocturne peut être simplement une réaction physique tout à fait normale à des facteurs extérieurs anodins (comme une chambre trop chauffée par exemple). Mais elle peut également être le symptôme de certaines maladies, plus ou moins graves. Et parfois, il arrive qu’on ne parvienne pas à identifier la cause précise de cette transpiration excessive durant la nuit. En ce cas, on parle de sueurs nocturnes idiopathiques (= sans cause identifiée).

Voici lune liste – non exhaustive – des éventuelles causes des sueurs nocturnes :

Les causes liées à des facteurs extérieurs :

  • Vêtements trop chauds,
  • Température ambiante de la chambre trop élevée,
  • Repas trop épicé ou trop lourd avant le coucher,
  • Consommation d’alcool ou de drogues,
  • Certains médicaments comme des antidépresseurs, des préparations hormonales ou des antipyrétiques (médicaments baissant la fièvre).

A savoir que des facteurs psychologiques peuvent également favoriser la transpiration nocturne, par exemple des situations de stress important.

Les sueurs nocturnes peuvent indiquer une maladie, mais elles peuvent également être causées par des facteurs extérieurs comme une alimentation inadaptée (café, alcool, plats épicés,…) ou par le stress.

Les maladies pouvant causer des sueurs nocturnes :

  • Des maladies infectieuses (comme des infections virales, la grippe, le paludisme, la tuberculose…). Dans ces cas le patient ne transpire pas uniquement pendant la nuit, mais également pendant la journée.
  • Des maladies neurologiques (comme la maladie de Parkinson ou un AVC).
  • Des troubles hormonaux (comme une hyperthyroïdie ou des changements hormonaux pendant la grossesse ou la ménopause).
  • Des maladies métaboliques (par exemple le diabète de type II).
  • Des cancers (ces sueurs nocturnes sont dues à un phénomène que l’on appelle syndrome paranéoplasique).
  • Un syndrome d’apnées du sommeil.
  • Le sevrage de certains médicaments, d’alcool ou de drogues.

Lorsqu’une maladie infectieuse ou un cancer sont à l’origine des sueurs nocturnes, les patients présentent souvent également d’autres symptômes comme de la fièvre et une perte de poids.

Sueurs nocturnes – que faire ?

Le traitement adapté dépend de la cause de la transpiration nocturne.

Si vous ne trouvez pas vous-même l’origine de vos sueurs nocturnes (en rapport avec une cause extérieure évidente), consultez votre médecin pour en avoir le cœur net.

Si une maladie est à l’origine de la transpiration nocturne, c’est bien celle-ci qui doit être prise en charge (par exemple des antibiotiques en cas de maladie bactérienne) pour supprimer les sueurs nocturnes.

Si des facteurs extérieurs sont en cause, il est éventuellement nécessaire d’adopter quelques règles d’hygiène de vie.

Voici quelques conseils pour éviter des sueurs nocturnes si celles-ci ne sont pas liées à une maladie :

  • Evitez de manger trop lourd – et juste avant le coucher,
  • Ne mangez pas de repas trop épicé,
  • N’abusez pas du café et de l’alcool,
  • Aérez votre chambre avant de vous coucher et dormez, si possible, sans chauffage

Transpiration excessive : les causes

Après le généraliste, le dermatologue est le médecin à consulter si votre transpiration est réellement excessive, et qu’aucun déodorant, ni anti-transpirant ne parvient à la réguler. Après vous avoir questionné sur votre hygiène de vie (alimentation, stress, hygiène, éventuelles pathologies…), il tentera de déterminer la cause de cette transpiration excessive.

Chercher l’origine

Souvent, une anxiété, des écarts alimentaires ou un surpoids sont à l’origine d’une transpiration excessive. Avec quelques règles d’hygiène simples, on peut alors y remédier.

L’hyperhidrose peut être due à un dysfonctionnement hormonal, comme une hyperthyroïdie ou une anomalie de sécrétion de l’aldostérone sécrétée par les glandes corticosurrénales. L’hyperhidrose peut également avoir une origine génétique. Mais parfois, la cause exacte reste floue, et il faudra essayer différents traitements avant de parvenir à trouver celui qui fonctionne.

Pour établir le diagnostic, le médecin pourra proposer à son patient une prise de sang et alors lui prescrire un traitement adéquat, si un problème hormonal est découvert.

Conséquences embarrassantes

Les conséquences d’une transpiration excessive, en revanche sont, elles, bien connues : mal-être, gêne pour serrer la main, sentiment de honte, déprime… Un problème qui peut donc s’avérer handicapant, et pour certaines personnes devenir un frein professionnel (dans le cas d’une forte transpiration des mains, par exemple).

Transpiration excessive : les solutions locales

L’utilisation d’anti-transpirants peut s’avérer efficace chez certaines personnes. Mais quelle est la différence entre anti-transpirant et déodorant ?

Attention, ne confondez pas déodorant et anti-transpirant. En effet, certains déodorants n’agissent qu’en parfumant la peau pour camoufler les mauvaises odeurs. Rien de plus…

Les anti-transpirants quant à eux, sont composés de sels d’aluminium chlorhydrate, qui ont une action sur les glandes sudoripares : en resserrant les pores de la peau, ils limitent la production de sueur.

Les sels d’aluminium ont été accusés – à tort – de provoquer des cancers du sein. En effet, les dernières études scientifiques sur le sujet n’ont rien démontré de tel, et l’utilisation de sels d’aluminium dans les cosmétiques est jugée, à ce jour, sans risque, aussi bien pour l’Afssaps en France, que pour la FDA aux Etats-Unis, organismes référents en matière de surveillance sanitaire.

D’autres produits existent, comme ceux à base de talc qui absorbent la sueur à la surface de la peau, ou les produits anti-bactériens, souvent à base d’alcool, qui détruisent les bactéries à la surface de la peau, empêchant ainsi l’apparition de mauvaises odeurs.

Le chlorure d’aluminium concentré est l’un de ces produits anti-transpirants vendus en pharmacie : sous forme de pommade, il s’utilise localement sur la peau. Si ce traitement s’avère efficace pour certains cas de transpiration excessive, en revanche, il ne vient pas à bout de toutes les hyperhidroses.

Enfin, le bicarbonate de sodium, largement utilisé par nos grands-mères, revient aujourd’hui à la mode dans la préparation de nos cosmétiques maison. Pour limiter la sudation et empêcher l’apparition de mauvaises odeurs, voici un remède simple et peu couteux : après avoir soigneusement lavé les parties concernées par la transpiration (aisselles, pieds, mains), saupoudrez un peu de bicarbonate sur la peau. Le but est d’absorber l’humidité et d’empêcher les mauvaises odeurs.

Transpiration et hygiène de vie

Parfois, une simple modification de l’hygiène de vie suffira à amoindrir, voire résoudre le problème de la transpiration excessive :

  • Perdre du poids.
  • Eviter certains aliments, comme les plats épicés, le café, l’alcool…
  • Préférer les vêtements en coton et non pas en matière synthétique.
  • Adopter une hygiène rigoureuse, en lavant les parties concernées par l’hypersudation avec un savon antiseptique.

Transpiration excessive : les traitements

Pour certaines personnes, ni une hygiène irréprochable, ni l’utilisation d’anti transpirants ne marchent. 

Dans ce cas-là, le dermatologue pourra indiquer un traitement, en fonction du patient, de ses pathologies, ainsi que les zones du corps les plus sujettes à la sudation.

L’ionophorèse :

> Pour qui ?
Pour les hyperhidroses plantaires ou palmaires (pieds et mains).

> Le principe :
Un courant électrique insensibilise les glandes sudoripares des zones à traiter. Pour cela, les pieds et les mains sont placés dans un bac d’ eau, où deux électrodes délivrent un très léger courant électrique. La séance dure quelques minutes et n’est pas douloureuse, avec parfois une petite sensation de picotement.
Cependant, pour être efficace, les séances doivent se répéter régulièrement, plusieurs fois par semaine, au début.

L’ionophorèse peut être effectuée chez un dermatologue équipé, ou à domicile si vous achetez un appareil (entre 200 et 1 000 €).

> Les contre-indications :
Les personnes portant un stimulateur cardiaque ( pacemaker) ou autre appareillage électrique, les femmes enceintes.

L’injection de toxine botulique

> Pour qui ?
Les hyperhidroses axillaires (aisselles), ou éventuellement siégeant sur les paumes ou la plante des pieds, en contexte hospitalier, car l’injection est douloureuse aux extrémités et nécessite une anesthésie loco-régionale.

> Le principe :
Tout d’abord, le médecin va déterminer les zones qui transpirent le plus grâce à un test à l iode (on applique une solution iodée sous l’aisselle, puis de l’ amidon qui va colorer en bleu les parties les plus humides). Il va ensuite injecter la toxine botulique (ou Botox ®), par petites touches, sur chacune des aisselles. Ces injections doivent être répétées tous les 4 à 6 mois. Le hic : les flacons de toxine botulique sont chers (environ 300 €), et s’ajoutent au tarif des honoraires du dermatologue.

> Les contre-indications :
Femmes enceintes ou allaitantes, allergiques à l’œuf (il peut y avoir quelques résidus dans la préparation), des patients souffrant d’une maladie neuro-musculaire, prise de certains antibiotiques (aminosides…).

À noter : votre médecin pourra également vous prescrire un traitement médicamenteux à base d’anticholinergiques en comprimés. Cependant, son efficacité sur le long terme n’est pas avérée, et des effets secondaires sont probables ( tachycardie, bouche sèche, diminution de la motilité intestinale).

L’opération chirurgicale :  la sympathectomie

> Pour qui ?
Pour ceux ou celles qui souffrent d’une transpiration excessive des mains : hyperhidrose palmaire, et chez qui d’autres solutions préalables se sont montrées décevantes.

> Le principe :
La sympathectomie est une intervention chirurgicale qui consiste à sectionner une partie du nerf sympathique, à travers une petite coupe sur le thorax.

Les nerfs sympathiques permettent – entre autres – de réguler la transpiration, et peuvent donc être à l’origine de l’hyperhidrose.

Les résultats de cette opération sont définitifs, mais il existe des risques de complications (très rares) ou d’effets secondaires, comme l’apparition d’une transpiration excessive sur une autre partie du corps.

> Les contre-indications :
Les contre-indications à l’anesthésie générale et à une chirurgie thoracique.

À noter : La sympathectomie est une intervention chirurgicale lourde qui n’est proposée que dans des cas d’extrême sudation, et lorsque les autres méthodes se sont avérées être inefficaces. Lire le témoignage d’une femme qui a subi cette intervention.

Transpiration excessive : les conseils du dermato

Comment faites-vous la différence entre quelqu’un qui est sujet à une hyperhidrose et quelqu’un qui a juste une transpiration excessive ?

La frontière est floue, l’hyperhidrose correspond à la production excessive de sueur, permanente et symétrique, des paumes, des plantes des pieds et des aisselles. Indépendante de la thermorégulation, elle est déclenchée et majorée par l’émotion, le stress. En fait, il s’agit de critères subjectifs, on ne quantifie pas, par exemple, le volume de sueur sécrété. Il s’agit de transpiration résistant aux anti-transpirants classiques et aux petits remèdes de grand-mère.

Les personnes qui viennent vous voir pour des problèmes de transpiration excessive, ont-elles du mal à en parler ?

Oui, car la gêne sociale est énorme. Pour ma part, je vois souvent des jeunes femmes, handicapées dans leur quotidien, et pleurant volontiers en parlant du mal-être engendré par une transpiration… plus ou moins excessive.

Certains types de peau transpirent-ils plus que d’autres ?

Oui, nous ne sommes pas égaux devant la sudation. De plus, certains aliments peuvent majorer l’odeur de la sueur : épices, ail…

Et parfois même au cours d’une vie, la sécrétion sudorale peut augmenter (stress intense, prise de poids), ou diminuer (avec l’âge).

Transpiration excessive : j’ai tenté une sympathectomie ! (témoignage)

Sarah, 31 ans, a pratiqué une sympathectomie.

De quel type d’hyperhidrose souffrez-vous ?

Depuis toute petite, je souffre d’une transpiration excessive des pieds, des mains et des aisselles. Cela m’a très vite gâché la vie, surtout à l’ adolescence où je ne pouvais pas m’habiller comme je le voulais, je ne serrais pas la main des gens, je cachais mes mains en permanence, je ne pouvais pas écrire sur une feuille sans qu’elle soit inondée…

Avez-vous essayé des traitements contre cette transpiration ?

Oui ! J’ai tout essayé, de la phytothérapie en passant par les déodorants de toutes les marques ou presque ! Mais comme rien ne marchait, j’ai pris rendez-vous à l’hôpital avec un chirurgien, sur les conseils de mon dermatologue. Et c’est là qu’on m’a parlé de la sympathectomie. Le chirurgien m’a bien expliqué le déroulement de l’opération, ainsi que les effets secondaires qui pourraient survenir. J’ai pris le temps de la réflexion, puis je me suis lancée.

Comment s’est passée l’opération ?

C’était il y a six ans. L’intervention s’est bien déroulée (environ 1 h 30) et les antalgiques m’ont empêché de ressentir la moindre douleur… Dès mon réveil après l’opération, j’ai tout de suite vu la différence : mes mains sont devenues totalement sèches et mes aisselles aussi. Bien sûr, en période de forte chaleur ou lorsque je suis stressée, je transpire normalement.

Que vous a apporté cette opération ?

Je revis ! Cette intervention m’a permis de me libérer d’un gros poids, c’est la première fois que je me sens comme les autres. Comme m’avait prévenue le chirurgien, il y a eu quelques inconvénients : la transpiration s’est déplacée à d’autres zones. Par exemple, en été, je transpire encore des pieds, mais beaucoup moins qu’avant tout de même !

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