Quelle est la différence entre une arthrose et une arthrite ? L’arthrose est une affection qui touche surtout le cartilage, alors que l’arthrite est une affection inflammatoire qui atteint d’abord la membrane synoviale (structure qui entoure l’articulation et qui assure sa lubrification en secrétant le liquide synovial (cf. figure ci-dessous).
L’arthrite peut être :
- d’origine infectieuse (exemple : tuberculose),
- due à des microcristaux (exemple : goutte),
- due à un désordre de l’immunité (exemple polyarthrite rhumatoïde).
Beaucoup de maladies peuvent entrainer une arthrite. Pour en chercher la cause, on se base à la fois sur le nombre d’articulations atteintes, le caractère aigu ou chronique de l’arthrite, et les signes d’accompagnement extra articulaires associés (cutanées, digestifs, généraux comme la fièvre).
Quand une seule articulation est touchée, on parle de monoarthrite (mono = 1) ; deux ou trois articulations : oligoarthrite ; plus de trois articulations : polyarthrite.
Attention, en anglais arthrite se traduit par « arthritis » et arthrose par « osteoarthritis » mais en dépit de la proximité des termes, les deux affections sont très différentes.
Les symptômes
Une arthrite aigue se manifeste par les symptômes suivants :
- un gonflement d’une ou plusieurs articulations,
- une douleur qui dans les arthrites a un horaire inflammatoire : présente dès le matin, elle peut réveiller la nuit, et donne au matin une sensation de raideur qui s’estompe dans la journée (dérouillage matinal),
- parfois : une rougeur et une augmentation de la chaleur locale.
La démarche diagnostique est orientée par le nombre d’articulations atteintes ainsi que par l’ancienneté du début des symptômes : l’arthrite est dite aiguë si elle évolue depuis moins de 6 semaines et chronique au-delà.
La ponction articulaire
D’une manière générale, la ponction articulaire, quand elle est possible, est un élément très précieux pour le diagnostic. Elle est indispensable si on envisage une arthrite infectieuse car elle permet d’identifier le germe et de tester sa sensibilité aux antibiotiques.
C’est un geste qui est généralement peu douloureux et qui peut lui-même soulager quand l’épanchement est abondant.
Le genou est certainement l’articulation la plus facile à ponctionner (c’est une grosse articulation et elle est superficielle).
Les causes
De nombreuses maladies peuvent être à l’origine d’une arthrite. Pour en chercher la cause, on se base sur les éléments suivants :
- le nombre d’articulations atteintes (monoarthrite, oligoarthrite, polyarthrite),
- le caractère aigu ou chronique de l’arthrite,
- les symptômes d’accompagnement extra articulaires associés.
Les causes de l’arthrite aiguë
Le premier diagnostic à éliminer, surtout si une seule articulation est atteinte, est une arthrite infectieuse (staphylocoque, streptocoque, tuberculose…). C’est dire l’importance de la ponction articulaire.
Lors d’une infection articulaire, l’articulation est généralement très douloureuse et des signes généraux (fièvre) sont souvent présents.
Les rhumatismes microcristallins (goutte, chondrocalcinose) se manifestent par une atteinte aigue et brutale :
- souvent au pied pour la goutte,
- plutôt au poignet ou au genou pour la chondrocalcinose.
Une arthrite aiguë peut également être un mode d’entrée vers un rhumatisme inflammatoire : polyarthrite rhumatoïde, lupus, rhumatisme psoriasique… même si ces diagnostics sont plutôt évoqués dans les atteintes chroniques.
Les causes de l’arthrite chronique
Le diagnostic sera alors orienté par :
L’interrogatoire :
- antécédents personnels et familiaux,
- signes extra-articulaires,
- signes infectieux récents,
- voyage récent dans un pays étranger…
L’analyse de la topographie des arthrites :
- bilatérale et symétrique : connectivite, atteinte des épaules et des hanches pseudopolyarthrite rhizome�?lique ;
- atteinte des extrémités : psoriasis, goutte… ;
- atteinte du rachis ou oligoarthrite des membres inférieurs : spondylarthropathie ;
- monoarthrite du gros orteil : goutte.
Signes associés :
- cutanés et muqueux : psoriasis, éruption lupique, aphtes…,
- pulmonaires : toux,
- digestifs : diarrhée pouvant orienter vers une maladie de Crohn, une MICI, une maladie de Whipple…,
- oculaire : syndrome sec oculaire ou buccal évoquant un syndrome de Gougerot Sjögren, uvéite…
Les examens complémentaires,
- Au premier rang des examens : l’analyse du liquide articulaire. La biologie standard cherche un syndrome inflammatoire (VS et Prote�?ine C re�?active),
- un dosage de l’urice�?mie pour chercher une goutte,
- des examens immunologiques selon l’orientation clinique (facteurs rhumatoïdes, anticorps antiprote�?ines citrulline�?s, anticorps anti-nucle�?aires).
- Les radiographies des articulations douloureuses mais aussi du bassin (examen des sacro-iliaques) et une radiographie pulmonaire, éventuellement couplées à une échographie, peuvent être nécessaires.
- D’autres examens seront demandés selon la suspicion clinique (hémocultures si fièvre, prélèvements d’une porte d’entrée, sérologies VIH, hépatites, parvovirus B19, Lyme, syphilis, HLA-B27…).
Les traitements
En cas d’arthrite, le traitement est bien entendu fonction de la cause. Les antalgiques, les anti-inflammatoires soulagent les symptômes.
Si l’atteinte est mono articulaire, une infiltration de cortisone peut permettre un soulagement définitif, après avoir exclu une cause infectieuse.
Dans les arthrites chroniques, on peut se trouver dans une situation où aucun diagnostic précis ne peut être porté en dépit des investigations. Ces arthrites dites « inclassées » sont souvent traitées par du méthotrexate, comme une polyarthrite rhumatoïde débutante.
En effet, on sait aujourd’hui que dans la polyarthrite rhumatoïde, il existe une « fenêtre d’opportunité » qui peut durer de 3 mois à 2 ans après le début des symptômes. Un traitement de fond débuté alors permettrait de réduire significativement les lésions articulaires. Le suivi régulier peut amener à porter un diagnostic étiologie précis, parfois après des années d’évolution.
En conclusion
Une arthrite aigue nécessite une consultation rapide pour éliminer une atteinte infectieuse rare mais potentiellement grave. La ponction est toujours souhaitable pour analyser le liquide articulaire.
Une atteinte chronique, qu’elle soit d’une ou plusieurs articulations, demande un bilan soigneux pour chercher son origine, en particulier une polyarthrite rhumatoïde pour débuter un traitement adapté qui permet d’en transformer le pronostic.
Sources et notes
Auteur : Dr Agnès CHABOT, Rhumatologue. Fédération de rhumatologie, Hôpital Lariboisière, 2 rue Ambroise Paré 75010 Paris. Cabinet médical Vaudoyer, 4 rue Léon Vaudoyer, 75007 Paris
Sources :
Arthrite – Orientation diagnostique. P Sève, https://lyon-sud.univ-lyon1.fr/servlet/com.univ.collaboratif.utils.LectureFichiergw?ID_FICHIER=1320397715694
Stratégie de prise en charge de la polyarthrite rhumatoïde : traitement précoce et traitement ciblé. Gastaldi R, Baillet A, Gaudin P. Revue du Rhumatisme monographies 2017 377-381