Antidépresseurs

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Antidépresseurs : faut-il en prendre ?

Avant de parler des antidépresseurs, il convient tout d’abord de parler de… la dépression !

Qu’est-ce que la dépression ?

Le terme dépression est souvent utilisé dans le langage courant, mais il faut bien différencier la simple déprime (due à de la fatigue, à des soucis ponctuels) avec la véritable dépression, appelée épisode dépressif majeur qui est une maladie qui présente des critères de diagnostic précis, détaillés dans notre article complét dédiée à la dépression.

Pour résumer ce qui caractérise le plus un état dépressif : c’est un ralentissement physique et intellectuel, la présence d’idées noires et une diminution de l’intérêt pour ce qui comptait auparavant pour le patient, et ceci sur une période supérieure à deux semaines.

Lors du diagnostic de ce trouble, il est important que le patient ait un suivi psychologique. Une aide significative peut aussi être apportée par le biais des médicaments : les antidépresseurs.

Qu’est ce qu’un antidépresseur ?

Il est admis que les principales causes neurobiologiques de la dépression sont une carence en certains neurotransmetteurs (molécules permettant la circulation d’informations entre les neurones) dits « monoaminergiques », l’axe DOPAMINERGIQUE (avec la dopamine et la noradrénaline) et/ou l’axe SEROTONINERGIQUE (avec la sérotonine) (appelés parfois « Hormones du Bonheur »).

Dans la dépression, la dopamine aura un rôle de régulateur du système nerveux et sur la capacité à trouver des motivations pour avancer, tandis que la noradrénaline aura une action dans les sensations de plaisir.

La Sérotonine a plutôt une action sur l’humeur, l’apparition d’idées noires, tristesse, mélancolie, les troubles du sommeil, les phénomènes d’agressivité.

Il existe d’autres neurotransmetteurs pouvant causer, par un déséquilibre, une dépression. En effet, ce qu’il est important de savoir, ce que tous les neurotransmetteurs sont en lien les uns avec les autres et toute modification de taux d’un type de neurotransmetteur peut avoir des répercussions sur les secrétions des autres messagers neuronaux.

Les mécanismes d’action des Antidépresseurs

La dépression étant due a une diminution de ces taux de neurotransmetteurs, les médicaments voulant traiter cette pathologie vont donc tendre à augmenter leurs taux pour rétablir la balance.

On peut, par exemple, augmenter les taux en stimulant la sécrétion, ou bien en diminuant l’élimination des molécules.

La méthode la plus courante est ce qu’on appelle l’inhibition de la recapture d’un des neurotransmetteurs. Lors d’une transmission normale de neurotransmetteur, la totalité des molécules messagères ne va pas être transmise au neurone suivant. Une petite partie (environ 10%) est récupéré ou « recapté » par le neurone émetteur, souvent dans un but d’autorégulation.

En inhibant la recapture de cette petite quantité de neurotransmetteur, on va légèrement augmenter la quantité de molécules présentes dans le fente synaptique (espace d’échange entre deux neurones) et on va aussi diminuer les possibilités d’autorégulation par le neurone émetteur.

Les médicament fonctionnant de cette façon sont les Inhibiteurs de la recapture sélectif de la serotonine (ou IRSS) comme le Prozac(R)-fluoxetine , le Deroxat (R)-paroxetine, le Zoloft(R)-sertraline, ou bien les inhibiteurs mixtes de la Serotonine et de la noradrénaline (IRSNA), comme l’Effexor (R)-venlafaxine ou le Cymbalta (R)-duloxetine.

On peut aussi donc diminuer l’élimination des neurotransmetteur, en diminuant l’action des enzymes servant à les détruire, comme la Mono Amine Oxydase. On trouve ceci dans la classe des IMAO (inhibiteur de la monoamine oxydase) principalement la Moclamine(R) moclobemide, mais cette classe n’est pas dans les schémas thérapeutiques les plus utilisés.

Les effets indésirables

Le système nerveux central étant une machine de précision ou la moindre modification sur l’un des rouage peut avoir des conséquences sur le reste du système, il est aisé de concevoir que l’utilisation d’antidépresseurs peut amener à des effets secondaires indésirables et présenter des contre-indications.

L’une des très importantes conséquences à prendre en compte, lors du début de traitement par antidépresseur, est la levée d’inhibition. Cette levée d’inhibition, lors d’une dépression, avec présence d’idées noires ou suicidaires, peut avoir des conséquences dangereuse pour le patient et donc il est important de prévenir ce risque en entourant le patient durant les deux premières semaines de traitement, en lui expliquant ce qu’il risque de se passer, de cette montée possible d’émotion. Une prescription conjointe d’un anxiolytique lors de ce début de traitement peut éviter parfois le pire.

Les effets indésirables les plus souvent observés pourront être :

  • une bouche sèche,
  • des nausées,
  • des somnolences ou insomnies,
  • une constipation,
  • une prise de poids.

Une fois encore, ces effets indésirables, si expliqués, peuvent être facilement prévenus ou soulagés.

De plus, une tolérance au traitement va s’installer, et diminuer les effets indésirables, au cours du traitement. Il est important que le patient se sente libre de retourner vers son médecin pour ajuster la dose ou son pharmacien en cas d’effets indésirables simples.

Le risque de dépendance

Souvent, la dépendance aux antidépresseurs est une dépendance psychique et l’idée d’arrêter les antidépresseurs peut être angoissant pour un patient. Le suivi psychologique, via une thérapie de soutien, doit être maintenu après l’arrêt du traitement médicamenteux, afin que celui ci se passe pour le mieux.

Un traitement par antidépresseurs ne doit surtout pas s’arrêter sans consulter son médecin, et être fait progressivement, avec tout le suivi nécessaire.

En effet les risques d’un arrêt brutal d’antidépresseurs sont réels et le patient peut ressentir un syndrome de sevrage avec des signes comme :

  • des vertiges,
  • des sueurs,
  • de l’anxiété,
  • des nausées,
  • des douleurs abdominales,
  • des diarrhées,
  • des céphalées.

L’arrêt graduel et maîtrisé peut durer plusieurs mois, avec des diminutions de doses tous les 15 jours voire un mois suivant les effets ressentis.

Alors, doit-on prendre des antidépresseurs ?

Le passage par la case antidépresseur n’est pas forcément un passage obligé pour soigner sa dépression, c’est un outil dont dispose les soignants afin d’amener à soulager leurs patients.

Cet outil est un outil important, qui peut être utilisé à un moment du traitement de la pathologie (le plus souvent au début) ou plus sur le long terme et qui aide à apaiser la souffrance ressentie par le patient en attente d’une amélioration de son état.

L’essentiel de la prise en charge restera une thérapie (par un psychologue, un psychiatre ou un psychothérapeute en thérapie individuelle, de groupe) ou le patient pourra exprimer sa souffrance et identifier les causes de cette souffrance.

D’autres moyens pourront accompagner le traitements, comme la reprise de l’exercice, la méditation, la prise de plantes à actions reconnues comme améliorant l’humeur (la passiflore, la valériane, le safran le millepertuis-en prenant garde pour ce derniers aux nombreux risques d’interactions médicamenteuses), l’application en massage d’huiles essentielles (pour diminuer l’anxiété grâce à la marjolaine à coquille ou la lavande officinale).

La prise en charge d’un patient souffrant d’un épisode dépressif majeur doit être une réponse globale de l’individu.

Auteur : Tiphaine de Rostolan, pharmacienne

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