Angoisse : j’apprends à la gérer !

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Le coeur qui se met à battre la chamade, les muscles qui tremblent, le corps qui se couvre de sueur, mal au coeur, mal au ventre… Ceux qui ont déjà éprouvé ce malaise reconnaissent bien les signes de la crise d’angoisse. Ceux qui l’éprouvent pour la première fois, en revanche, ont, tout simplement, l’impression de mourir… ou presque.

Une crise d’angoisse, ce n’est pas une simple anxiété. L’anxiété est une réaction naturelle et normale face à un danger ou une situation de stress.

La crise d’angoisse, elle, survient (apparemment) sans raison particulière. Elle se caractérise par un malaise généralisé, accompagné souvent de manifstations physiques, comme une tachycardie (le coeur qui s’accélère), des douleurs thoraciques, des nausées, des vomissements, des douleurs abdominales, des sensations de vertige et d’étouffement.

Mais, au-delà de tous ces signes qu’envoie le corps, il y a un grave mal-être psychologique qui s’accompagne souvent d’un sentiment de dépersonnalisation. On a l’impression de devenir fou, le sentiment d’une mort imminente. C’est l’attaque de panique.

Comme un animal affolé, on a envie de fuir ce corps effrayant, envie de fuir l’endroit où se déroule la crise, et envie de fuir le regard des autres. Le corps fait mal. Le corps souffre. L’âme aussi. Ces crises d’angoisse, ou attaques de panique, surviennent généralement chez des personnes vulnérables psychiquement. Cette vulnérabilité peut-être passagère, lorsqu’elle est réactionnelle à l’environnement, ou chronique. 

Ce qu’il y a de spécifique dans une crise d’angoisse est l’importance et parfois même la violence des manifestations éprouvées. La personne qui en est victime ne souhaite qu’une seule chose : être soulagée rapidement, trouver très vite une solution pour vaincre et dépasser ce sentiment insupportable d’inconfort.

On estime que 5% de la population souffre d’angoisse (et de crises d’angoisse). Alors, comment la reconnaître ? Comment la combattre ? Petit tour d’horizon.

Auteur : Sylvie Charbonnier.
Consultant expert : Docteur Youssef Mourtada, psychiatre

Angoisse : les causes

Les causes d’une angoisse ou des crises d’angoisse doivent être recherchées pour mettre en place des solutions.

Une crise d’angoisse peut survenir de manière isolée ou se répéter dans le temps. Dans tous les cas, il existe une cause de mal-être pas toujours évidente à identifier. Ces causes peuvent être à la fois environnementales (source de stress présente au quotidien ou évènement traumatisant) et psychiques. Un trouble psychique doit être recherché, tel qu’une dépression, une phobie ou une anxiété généralisée.

Dans bien des cas, la crise d’angoisse est une sorte de paravent, de barrière. De barrière protectrice qui sert à cacher un souvenir traumatique ou des affects refoulés.

On doit en effet rechercher l’existence d’un traumatisme ancien ou plus récent (accident, deuil, séparation, etc.) qui provoque ce que l’on appelle, une névrose post-traumatique. La représentation mentale de l’événement traumatisant, est tellement douloureuse, tellement impossible (comment se représenter sa propre mort, lors d’un accident ?) que la seule réponse supportable est la crise d’angoisse.

Lorsque l’événement traumatique s’est déroulé dans la petite enfance et a été refoulé, c’est souvent au moment de l’adolescence qu’apparaissent les premiers symptômes. Mais ces troubles peuvent survenir plus tard dans la vie, au détour d’un événement particulier ou d’une situation de stress qui réactive le souvenir traumatique ancien.

Il arrive bien sûr que plusieurs causes soient impliquées dans la survenue d’angoisses. Pas toujours faciles de toutes les identifier, elles sont souvent liées les unes aux autres. C’est en discutant avec le médecin ou le psychothérapeute, que ces raisons pourront être connues.

Angoisse : les symptômes

La crise d’angoisse peut durer quelques minutes seulement. Mais elle peut aussi se prolonger plusieurs heures, laissant la personne complètement épuisée, tant les symptômes peuvent être importants. Cette crise survient généralement brutalement, soit dans une situation redoutée, soit à l’improviste.

On retrouve souvent les signes suivants :

  • Palpitations, tachycardie
  • Transpiration
  • Tremblements ou parfois même des secousses musculaires
  • Sensation de souffle coupé, d’étouffement, d’étranglement
  • Douleurs thoraciques
  • Nausées, douleurs abdominales, vomissements
  • Sensation de vertige, de tête vide, impression d’évanouissement, de malaise
  • Sentiment de dépersonnalisation (comme détaché de soi-même)
  • Sentiment de peur intense et inexplicable

Les symptômes d’une crise d’angoisse peuvent être très impressionnants. Ils peuvent parfois prendre l’aspect d’une vraie crise cardiaque. Il est donc très important, dans les premiers temps, d’éliminer les causes organiques graves. Pour ne pas risquer de passer à côté d’un problème cardiaque réel. L’arrêt cardiaque, on en meurt. La crise d’angoisse, non !

Les crises d’angoisse peuvent aussi se manifester par des symptômes physiques comme des troubles digestifs à répétition. Des nausées ou des vomissements, des douleurs à l’estomac. Difficile, alors, de déterminer si le malaise associé à la crise est lié au malaise digestif… ou s’il en est la cause.

On voit souvent de grands angoissés, consulter différents médecins gastro-entérologues, pendant des années, avant que le diagnostic de l’angoisse ne soit établi.Quand ces symptômes surviennent pour la première fois, ceux-ci peuvent être très impressionnants avec des troubles physiques, il arrive que la personne ne se rende pas compte qu’elle souffre d’une crise d’angoisse.

Angoisse : le diagnostic

Lorsque la crise survient, surtout lorsqu’il s’agit d’une des premières crises, il est nécessaire d’aller consulter son médecin, pour en déterminer l’origine, organique ou psychique, établir un diagnostic précis des troubles.

Mais, comme la crise d’angoisse peut revêtir plusieurs formes, le diagnostic peut être long à affirmer. Et c’est le problème. Car bien sûr, pour le médecin, avant d’envisager un problème d’angoisse, il doit rechercher un éventuel problème oragnique grave (comme un trouble cardiaque).

Le temps de voir qu’il ne s’agit pas d’un problème cardiaque ou digestif (et cela peut prendre plusieurs années), le patient a le temps de se « chroniciser » : les crises d’angoisse deviennent alors de plus en plus fréquentes et la crainte d’une nouvelle crise de panique génère de nouvelles angoisses. C’est le cercle vicieux. Les symptômes mentaux et les symptômes physiques s’aggravent mutuellement. Apparaissent, alors, dans bien des cas, des phobies.

Si la crise survient, par exemple, dans une certaine situation (cinéma, transports, etc.), la personne apprend à éviter cette situation et à la craindre. Si les crises de panique surviennent n’importe où, n’importe quand, l’angoisse devient permanente et la personne se retrouve cloîtrée dans une sorte de prison mentale. Il faut savoir que de nombreuses personnes atteintes de ce trouble, tentent de mettre fin à leurs jours.

Mais le diagnostic d’angoisse peut aussi s’établir de façon plus rapide et évidente, chez certaines personnes, surtout quand les manifestations physiques sont moins critiques, et que la personne est anxieuse, ou même a des tendances phobiques, ou dépressives…

Angoisse : angoisse nocturne

Les angoisses peuvent survenir la nuit, et certaines personnes connaissent cela.

Aux heures les plus sombres du jour, souvent au fond du lit, vous vous réveillez peut-être avec des symptômes violents d’angoisse, peu supportables. Sans souffrir vraiment de crises d’angoisse pendant la journée, il arrive qu’une personne souffre uniquement d’angoisses nocturnes.

Ce phénomène d’angoisse nocturne peut survenir à tous les âges, en particulier chez l’enfant. Les angoisses nocturnes peuvent être alors difficiles à comprendre et à analyser pour l’enfant lui-même. Pour les parents, le problème et les plaintes de l’enfant peuvent être confondus avec un cauchemar ou des terreurs nocturnes.

Chez l’enfant comme chez l’adulte, les angoisses nocturnes surviennent plus souvent au début de nuit, juste après l’endormissement. Vous sentez votre corps qui commence à se décontracter… ou presque, car il arrive qu’un fond d’anxiété (sans doute déjà présent avant d’aller au lit) commence à gêner, à encombrer votre esprit. Malgré cela, l’organisme s’endort, se relâche, c’est l’endormissement.

Alors au début de votre sommeil, vous vous réveillez de façon soudaine, avec les symptômes classiques de la crise d’angoisse : des sueurs, une peur, une accélaration des battements cardiaques, une respiration difficile, une sensation forte de mal-être, des sueurs, des tremblements, des nausées parfois… Au pire, vous pouvez avoir une angoisse de mort, avec l’impression de ne plus être maître de vos sensations, ni de votre corps. Encore une fois si les signes physiques sont majeurs et si un médecin examine le patient, le praticien doit bien s’assurer que tous ces symptômes sont liés à une crise d’angoisse, et non pas à un problème organique (cardiaque ou autre).

Les causes des angoisses nocturnes sont les mêmes que les crises d’angoisse. Parfois, cette angoisse se focalise sur une peur, un fait, une phobie spécifique. Ainsi, certaines personnes se réveillent la nuit, avec l’angoisse de vomir. Mais ces causes ne sont pas toujours bien identifiables, restent floues. Chez l’enfant, une des causes courantes d’une angoisse nocturne est liée à l’angoisse de séparation au moment où l’enfant se retrouve seul pour dormir.

La solution peut être de consulter bien sûr. Si vos problèmes d’angoisses nocturnes sont majeurs, le médecin vous prescrira peut-être un anxiolytique, ou un antihistaminique à prendre de facon très ponctuelle (lire plus loin). Mais cette solution ne peut être considérée comme la meilleure sur le long terme. A côté de ces médicaments, la thérapie comportementale peut être très utile pour vous débarasser progressivement de ces crises d’angoisses nocturnes. Ce traitement consiste à effectuer des exercices en dehors de la période des crises. Le psychothérapeute vous guidera. En complément, des traitements d’homéopathie, de phytothérapie, d’aromathérapie, d’acupuncture peuvent être essayés.

Angoisse : angoisse de mort

L’angoisse de mort ne doit pas être confondue avec la peur de mourir qui est un sentiment normal de survie que la grande majorité des personnes éprouvent.

L’angoisse de la mort se définit plutôt comme une angoisse psychotique. Elle peut avoir différentes formes : l’angoisse de mort imminente, ou encore l’angoisse de mort existentielle.

L’angoisse de mort imminente

L’angoisse de mort imminente correspond à une “peur maladive” de mourir ou de voir mourir des proches. De nombreux événements de la vie de tous les jours peuvent provoquer et nourrir cette angoisse : transports en voiture, mort subite… Cette peur peut devenir obsessionnelle et perturber totalement le quotidien de la personne qui en est victime.

L’angoisse de mort existentielle

L’angoisse de mort existentielle, quant à elle, correspond à un sentiment profond de vacuité. Mourir étant liée à la perte de son existence, peut signifier perdre tout sens de soi, de sa vie. En focalisant son attention sur ce sujet, la personne va nourrir ses questionnements et ses craintes. La personne ayant peur de perdre le contrôle d’elle-même, peut avoir des épisodes de peur panique. Ce problème survient plus souvent chez un sujet qui manque de confiance. Il essaie de garder le contrôle de son existence, mais n’y parvient pas et angoisse à cette idée… Il est assez normal d’avoir une crainte de la mort, mais accepter la mort et ne pas (trop) angoisser à son sujet, c’est avoir confiance en la vie.

Les signes de l’angoisse de mort sont des pensées obsesionnelles de la mort, et tout ce qui s’y rapporte : peur des infections, des maladies, comportement hypocondriaque… qui concerne sa propre personne ou un proche. Tout ce qui est lié à la mort – des mots liés au décès, la couleur noire… – peut être même redouté par la personne. Elle ne les supporte pas. La phobie de cet univers s’est installée dans sa tête. Et si rien n’est fait pour corriger cette phobie, le mal et la souffrance qu’elle entraîne, s’étendent et gênent de plus en plus le quotidien, la vie sociale de la personne qui est en victime.

Les traitements différent légèrement selon le type d’angoisse de mort (imminente ou existentielle). La thérapie comportementale peut certainement aider la personne qui en souffre, et apaiser ses souffrances, et même les vaincre. La prise de médicaments, comme des anxiolytiques, ne peut être qu’une solution transitoire.

Angoisse : les traitements

D’abord, lorsque la crise d’angoisse survient, il faut favoriser l’apaisement par un environnement calme.

Placer la personne angoissée loin des stimulations, l’allonger ou l’asseoir, et rester auprès d’elle. Lui tenir la main, parler calmement, et l’aider à respirer, en la faisant respirer dans un sac ou en pratiquant une respiration profonde, comme la cohérence cardiaque.

Si l’état d’angoisse ne cède pas, on peut avoir recours à des traitements anxiolytiques. Il s’agit entre autres des benzodiazépines, comme le diazépam, le lorazépam, l’alprazolam ou le clonazépam. Ces anxiolytiques présentent un double avantage : lors de la crise d’angoisse, ils permettent de calmer les symptômes, mais, en dehors des crises, le seul fait de les savoir à portée de main, a, également une valeur anxiolytique ! Des traitements neuroleptiques peuvent également être indiqués lorsque l’état d’angoisse est massif et proche du délire.

Cependant, ces médicaments sont à utiliser avec modération. Ils entraînent, en effet, une forte dépendance. Ces traitements ne peuvent être prescrits que pour des périodes déterminées (8 à 12 semaines).

En prévention des crises d’angoisse, lorsqu’elles deviennent chroniques, le psychiatre peut prescrire des traitements antidépresseurs, de type ISRS. Contrairement aux traitements anxiolytiques, ils n’entraînent pas de dépendance et sont actifs sur l’angoisse. Attention : l’arrêt brutal d’un traitement anxiolytique ou antidépresseur peut provoquer des effets rebonds : les crises sont plus fortes qu’avant. Un syndrome de sevrage est également possible, avec des troubles de type vertiges ou convulsions. Ce phénomène risque de survenir si le traitement a été pris durant plusieurs semaines.

Si les médicaments anxiolytiques sont actifs sur la crise, ils ne sont cependant pas suffisants pour régler le problème de fond. Un traitement psychothérapeutique est très souvent indispensable.

Malheureusement, trop de personnes ne se font pas traiter par ces thérapies. Elles se limitent à prendre de temps en temps des anxiolytiques, sans aller au-delà… C’est une des raisons pour lesquelles il existe des récidives des crises d’angoisse, et pourquoi en France, nous consommons sans doute trop de médicaments psychotropes.

Angoisse : les thérapies

Plusieurs techniques de thérapie sont possibles pour prendre en charge des angoisses :

  • Les thérapies comportementales et cognitives 

Il s’agit de thérapies brèves (quelques mois en général) au cours desquelles le thérapeute va apprendre au patient à « désapprendre » ses mauvais réflexes et à acquérir de nouvelles réponses mieux adaptées. Cela ressemble à un déconditionnement.

On imagine que la crise d’angoisse et ses symptômes, sont une sorte de réflexe conditionné. À telle situation de stress, à tel lieu ou à tel moment, correspond une réponse anxieuse inappropriée. Il peut s’agir d’une phobie provoquant la crise d’angoisse, par exemple.

Lors des séances de thérapie comportementale et cognitive, le patient va apprendre à apprivoiser ses peurs, ses angoisses. S’il souffre d’une phobie, il va, peu à peu, et par des exercices pratiques, imaginer l’objet phobique, réussir à en parler, puis à l’approcher. Il pourra, ainsi, vérifier, avec l’aide du thérapeute que le danger est imaginaire et qu’il n’a pas de risque d’en mourir. Puis, il va apprendre de nouvelles réponses adaptées.

La thérapie cognitive basée sur la pleine conscience (notamment le programme MBCT sur 8 semaines) et la thérapie par acceptation et engagement (ACT) sont également intéressantes pour soulager un état d’anxiété chronique et apprendre à gérer ses émotions.

En cas de phobie sociale, par exemple, le thérapeute lui enseignera des méthodes pour se sentir plus à l’aise en société. C’est l’aspect comportemental de la thérapie. Et dans le domaine cognitif, le patient apprendra à identifier le schéma de pensée qui l’amène à ces crises d’angoisse. Contrairement aux thérapies analytiques, il n’aura pas à fouiller ses souvenirs d’enfance pour tenter d’y découvrir l’événement traumatique.

  • Les thérapies analytiques

Elles sont plus longues que les thérapies comportementales et cognitives, mais leur but est d’aller plus au fond des choses. Pour cela, elles peuvent être un relais aux thérapies comportementales et cognitives. Une fois les symptômes vaincus, on peut chercher à en trouver l’origine. Les thérapies analytiques peuvent se faire en vis-à-vis, en dialogue avec le thérapeute, ou allongé sur le fameux divan. Force est de reconnaître que ces dernières années, on leur préfère de plus en plus d’autres techniques qui semblent montrer de meilleures résultats et de façon plus rapides, comme les thérapies comportementales.

  • L’hypnose 

Des séances d’hypnothérapie peuvent être nécessaires afin de temps de lever le blocage et de vous permettre de mettre les mots, plus facilement, sur les maux. Les techniques d’hypnose sont très efficaces sur l’angoisse. L’état de grande relaxation dans lequel vous serez plongé, vous permettra d’exprimer plus facilement votre malaise. Par la suggestion, le thérapeute pourra vous aider à acquérir de nouveaux “réflexes”.

  • Les médecines douces

Si vous souffrez d’une angoisse passagère, pas trop invalidante, vous pouvez envisager des méthodes de relaxation telles que la cohérence cardiaque, la sophrologie ou le yoga. Ces techniques sont assez prisées aujourd’hui. N’hésitez pas, non plus, à vous documenter. Il existe de nombreux livres qui traitent de votre cas. Lisez-les. C’est une bonne manière de domestiquer et de comprendre vos troubles. Vous n’êtes pas les seuls à les éprouver. Et, lorsque certaines situations vous gênent, si cela n’a pas encore tourné à la phobie, ne cherchez pas à les éviter. C’est la répétition d’évitements qui génère les grandes peurs.

Angoisse : peut-on en guérir ?

Dans certains cas, un fond d’anxiété persiste, même si les crises s’espacent ou disparaissent. Ce qui est sûr, c’est qu’il est possible d’apprendre à gérer ses crises d’angoisse et même de les prévenir ! 

Ce qui est important, c’est de ne pas banaliser ces crises. Elles sont le signe d’un malaise, parfois profond, qu’il faut traiter. Laisser les symptômes se chroniciser, c’est prendre le risque de se retrouver totalement invalidé par des crises d’angoisse à répétition.

Le rôle de l’entourage est, alors, important. Les douleurs, le malaise éprouvé, sont réellement insupportables. La compréhension des proches est importante pour celui qui souffre. Il s’agit d’une maladie à part entière qu’il faut soigner.

Les thérapies cognitives et comportementales, la thérapie cognitive basée sur la pleine conscience, ou encore l’hypnose et l’EMDR peuvent être très efficaces sur la prévention des crises d’angoisse. Elles permettront en principe d’apaiser et de gérer les crises d’angoisse. L’activité physique aussi, est un excellent moyen pour apaiser l’anxiété et diminuer la fréquence des crises. Le traitement anxiolytique, si il est prescrit, ne doit pas être pris pendant plus d’un mois. Le psychiatre est le mieux place pour décider d’un début ou d’un arrêt de traitement.

Si les angoisses ne constituent plus une gêne importante dans votre quotidien, un suivi n’est pas nécessaire. Si les crises d’angoisse récidivent, et qu’elles entraînent une souffrance, une nouvelle consultation sera bien sûr conseillé.

Angoisse : prévenir la crise d’angoisse

Qui a déjà vécu une crise d’angoisse sait à quel point la principale crainte devient…d’en refaire une. On se dit que la crise d’angoisse arrivera sans crier gare et que l’on ne saura, encore une fois, la maîtriser. Alors on flippe, encore plus.

Et pourtant, il existe de nombreux moyens pour la prévenir, et la gérer lorsque ses premiers signes apparaissent. En effet, même si la crise d’angoisse se répète, elle n’est jamais une fatalité. Au contraire, il suffit de désamorcer le cercle vicieux de l’angoisse, en apprenant à se connaître, en valorisant ses ressources et en pratiquant des rituels antipanique sains pour le corps et l’esprit. En suivant les axes ci-décrits, votre esprit se libérera peu à peu et reprendra confiance en soi.

Connaître les premiers signes

Si les signes de crise d’angoisse varient d’une personne à l’autre, ils sont souvent assez similaires pour une personne donnée. Identifier les premiers signes, même très légers, permet de réagir avant que la cocotte minute n’explose. Ce peut être une respiration douloureuse, un léger vertige, une pensée qui vous envahit, etc. Dès que ces signes sont reconnus, il ne faut pas les refouler, mais les écouter. Écrire ce qui nous passa par la tête, aller prendre l’air si on est dans une atmosphère fermée, parler avec quelqu’un, aller marcher ou courir, faire un exercice de cohérence cardiaque, etc. La thérapie cognitive et comportementale peut accompagner vers cette connaissance de soi. 

Apprendre à se recentrer

Pour se recentrer, la r est le meilleur allié. La cohérence cardiaque, en particulier, peut nous aider, de manière préventive ou en cas de premiers signes d’angoisse. L’explication est simple : la crise d’angoisse est favorisée par l’hyperventilation et l’excès de CO2. Retrouver une respiration lente permet donc de renverser la vapeur. Essayez cet exercice de respiration utile pour prévenir ou atténuer une crise d’angoisse : inspirer profondément, bloquer votre respiration pendant 3 à 5 secondes. Puis expirer le plus lentement possible, comme si vous souffliez sur une bougie sans vouloir l’éteindre. Autre exercice utile en cas de crise d’angoisse : respirer par la bouche dans un sac en plastique (refermé sur la bouche) ou respirer dans une paille. Ces exercices permettent de stimuler le système parasympathique et de calmer le rythme cardiaque …Et donc d’atténuer les symptômes de l’angoisse. Pratiquez-les pendant au moins 3 minutes, jusqu’à ce que la tension nerveuse s’abaisse.

Prendre soin de son corps

Le corps est notre principale ressource à l’insu duquel se développe la crise d’angoisse. Moins on écoute son corps, plus on cherche à le contrôler, et plus on risque de faire une crise d’angoisse. Il faut donc apprendre à agir en sens inverse. L’écouter, l’accueillir avec ses aléas et le chouchouter. Prendre soin de notre corps, c’est comme prendre soin de sa maison. Plus on en prend soin, plus on se sent en sécurité. Il est important de bouger régulièrement, de stimuler des endorphines (sport, activité sexuelles, etc.), de compenser les carences (en particulier les vitamines B6 B12 et acide folique qui jouent sur le stress), de soigner ses soucis de santé, d’avoir un rythme de sommeil accordé à son horloge biologique, etc. Les supplémentations en omega-3 et prébiotiques (fibres que l’on retrouve dans l’alimentation comme les asperges) auraient également un bénéfice sur le stress selon certaines études. Et bien sûr, il est important d’éviter d’intoxiquer son corps, de drogues notamment, telles que l’alcool et le cannabis. Ces substances sont en effet associée à une fréquence accrue de crises d’angoisse.

Assainir son environnement

Pour se sentir serein, l’environnement est plus qu’important. Évidemment, on ne peut pas agir sur tous les environnements, mais on peut au moins agir sur son logement, et peut-être un peu sur son travail. Il s’agit ici de réduire les stimulations toxiques ou les sources de stress. Là encore, il importe d’être à l’écoute de soi et des choses qui nous stressent. Et d’agir en conséquence, en toute bienveillance avec soi-même. Par exemple, si on ne supporte pas le métro ou la voiture, on peut se rendre au boulot à pied, ou à des horaires différents afin d’éviter les embouteillages. Trier ses affaires, et se débarasser des choses qui ne nous mettent pas en joie, est important, surtout si on se sent « débordé» chez soi. Prendre des vacances régulièrement pour « respirer » au calme. Par ailleurs, qui dit environnement, dit aussi entourage proche. S’entourer de gens qui nous rassurent, se protéger des personnes « toxiques » est essentiel. Plus on crée des liens authentiques, plus on est en confiance et…moins on fait de crises d’angoisse. Il ne faut d’ailleurs pas hésiter à parler à son entourage, notamment lorsqu’une crise d’angoisse se pointe. L’échange, s’il est sincère, peut très vite désamorcer la crise. 

Faire la paix avec ses émotions

La crise d’angoisse peut-être la résultante de phénomènes physiques (douleur, hyperventilation…) ou d’émotions accumulées quelque part dans notre esprit. Débloquer ces émotions, voire apprendre à les gérer pour éviter qu’elles se « bloquent » peut prendre des mois voire des années, mais est un chemin nécessaire pour prévenir la crise d’angoisse.

Pour apprivoiser ses émotions, et apprendre à en faire une force plutôt qu’un boulet à cacher, il existe plusieurs moyens. La thérapie cognitive basée sur la pleine conscience apprend à aiguiser son attention à l’instant présent, c’est à dire à prendre conscience des stimuli extérieurs, mais aussi intérieurs comme les pensées, les émotions et les sensations. Elle cultive donc un rapport plus paisible et plus fluide avec soi-même, et donc avec le monde.

D’autres thérapies aux médiations variées : hypnothérapie, EMDR, l’ostéopathie même, peuvent être bénéfiques. La thérapie par la voix, administrée le plus souvent par des art-thérapeutes ou professeurs de gens, peut apprendre à gérer le stress et à utiliser la voix pour rentrer en contact avec son corps et ses émotions. L’art-thérapie, aussi, peut aider à retrouver un rapport plus apaisé à soi-même et de désamorcer l’angoisse par la créativité.

Auteur de cet article “Prévenir la crise d’angoisse” : Dr Ada Picard, médecin psychiatre et pédopsychiatre

Angoisse : Sources et notes

– Braconnier, A., Les bleus de l’âme. Angoisses d’enfance, angoisses d’adultes. Calmann-Lévy, 1995.

– Affections psychiatriques de longue durée. Troubles anxieux graves. Guide – Affection de Longue Durée. HAS, Juin 2007.

– Schmidt-Traub S. Selbsthilfe bei Angst im Kindes- und Jugendalter. Göttingen: Hogrefe Verlag 2001.

– Utiles dans l’anxiété, les benzodiazépines restent une solution temporaire, communiqué de la HAS, juin 2015.

– Guérir de son passé avec l’EMDR et des outils d’auto-évaluation, Dr Emmanuel Contamin. Odile Jacob, 2017.

– Frontiers. “Prebiotics may help to cope with stress: Prebiotic fibers can help to protect beneficial gut bacteria and restore healthy sleep patterns after a stressful event.” ScienceDaily. ScienceDaily, 10 February 2017

– Georgetown University Medical Center. “Mindfulness meditation training lowers biomarkers of stress response in anxiety disorder: Hormonal, inflammatory reactions to stress were reduced after meditation training, in rigorous NIH-sponsored trial.” ScienceDaily. ScienceDaily, 24 January 2017

– Elena I. Varlinskaya, Esther U. Kim, Linda P. Spear. Chronic intermittent ethanol exposure during adolescence: Effects on stress-induced social alterations and social drinking in adulthood. Brain Research, 2016

– Galderisi et al. Alexithymia and Cognitive Dysfunctions in Patients with Panic Disorder. Psychotherapy and Psychosomatics, 2008; 77 (3): 182 


Mise à jour : février 2017 par le Dr Ada Picard, médecin psychiatre et pédopsychiatre, également auteur de l’article “Prévenir la crise d’angoisse”

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